Turner sublime pittoresque peinture huile château pêcheurs en mer nature
Cet exposé a pour but d'étudier les débuts de la peinture à l'huile chez Turner, de voir quelles sont les conséquences de l'utilisation de cette technique sur sa peinture. Pour l'historien de l'art Damien Sausset, Turner est un artiste conscient de son génie, de sa facilité à intégrer toutes les techniques et toutes les tendances de l'art de son époque. Il expérimente sans cesse dans les domaines qui le passionnent. C'est aussi un connaisseur de son époque et de ses goûts. Toute sa vie, il s'applique à répondre aux exigences qui font de lui un grand artiste britannique. Turner est un homme de son temps, il comprend ce qu'il doit à la tradition mais aussi ce qu'il faut faire pour s'inscrire dans le mouvement de la modernité et peindre à l'huile semble être une condition nécessaire pour être élu à la Royal Academy. L'aquarelle permet de travailler plus vite, mais son impact sur le public reste limité ; la peinture à l'huile sèche moins vite mais constitue un genre plus « noble » et plus apprécié, et qui peut se déployer sur de plus grandes surfaces. L'aquarelle est moins considérée comme un art que comme un moyen. Ce n'est pas la technique d'une oeuvre définitive. Turner commence la pratique de la peinture à l'huile vers 1792. Le premier essai que l'on connaisse est une petite peinture ovale. C'est une huile sur papier peinte vers 1792-93 qui a pour titre Un moulin à eau (A Watermill). Mais ses premières huiles imitent le style voire la technique, de ses aquarelles de la même époque, et il lui faut quelques années pour explorer les jeux de transparence que permettent les glacis à l'huile. Sa première grande huile est sans doute Le château de Rochester avec des pêcheurs tirant leurs embarcations sur le rivage dans la tempête et est peut-être liée à une aquarelle. Il a été décrit comme « peint avec soin mais en couches très fines, comme on peut s'y attendre venant d'un aquarelliste. Turner semble avoir utilisé des couleurs semi-opaques pour ses glacis, qui sont tellement dilués que l'on distingue clairement les endroits où ils ont coulé du pinceau... ». Turner finit cependant par dominer les deux techniques avec la même sûreté. Il est capable de donner à ses aquarelles une puissance expressive et un rendu que l'on ne trouve d'ordinaire que dans la peinture à l'huile. De même qu'il parvient à doter ses huiles de l'éclat et de la luminosité qui ne se trouvent habituellement que dans les aquarelles. En croisant les ressources de l'aquarelle et de la peinture à l'huile, Turner fait avancer les deux techniques et offre à la peinture anglaise un répertoire de possibilités infinies. En 1796, Turner expose sa première peinture à l'huile à l'Académie, il s'agit de Pêcheurs en mer. Il s'y est longuement préparé. Il s'est constitué une culture visuelle grâce à ses voyages et à ses visites des collections appartenant aux grandes familles britanniques. C'est ici qu'il découvre les paysages européens. Je m'appuierai principalement sur ce tableau pour montrer les enjeux de la peinture à l'huile puisque je trouve qu'il met en valeur les thèmes essentiels chers à Turner, il représente un paysage, et plus précisément une marine, dans laquelle il rend le caractère dramatique de la situation et joue sur la lumière.
On peut alors se demander en quoi la peinture à l'huile permet à Turner d'affirmer dans les premières décennies de sa carrière sa manière particulière de représenter des paysages qui mêlent à la fois le Sublime et le Pittoresque ?
[...] Les titres de ses œuvres mentionnent la plupart du temps, les conditions météorologiques et les paysages-catastrophes constituent aussi le sujet de ses toiles. Mais il est moins intéressé par l'étude scientifique des lois de la nature que par la transposition de sa vision, montrant les limites de la perception de ces phénomènes par l'homme. La cinquième plaie d'Egypte, est le premier tableau de Turner qui manifeste son ambition de peintre d'histoire et peintre du sublime. Le sujet de ce tableau est en fait la septième plaie d'Egypte : la grêle puis le feu. [...]
[...] J., Turner's First Exhibited Oil Painting in The Burlington Magazine for Connoisseurs, Vol No (Jun., 1931), pp. 262+266-267. GAGE John, Turner, Paris, Citadelles & Mazenod GOWING Lawrence, Turner : peindre le rien, Paris, Macula OGEE Frédéric, J.M.W Turner : les paysages absolus, Paris, Hazan RIOUT Denys, Turner, Paris, Cercle d'Art SHANES Eric, Turner, Paris, Hazan WILTON Andrew, Turner, Londres, Thames & Hudson Tate. British and international modern and contemporary art. [En ligne]. http://www.tate.org.uk/ (Page consultée le 6 mars 2011). [...]
[...] Durant chaque voyage, il remplit un grand nombre de carnets d'études topographiques dont il tire des aquarelles et des huiles plus élaborées une fois de retour à Londres. La technique de la peinture à l'huile Joseph Farington décrit la technique de la peinture à l'huile de Turner dans son Journal: Turner peint sur des fonds très absorbants préparés par Grandi (Sebastian Grandi, son assistant) qu'il ponçait lui- même. Ce fond absorbait encore la peinture à l'huile après quatre passages. Quand le tableau était fini, il fallait l'enduire trois ou quatre fois de vernis mastic pour que les couleurs tiennent. [...]
[...] Il n'utilise pas de l'huile ordinaire mais de l'huile de lin. Par ce procédé, il obtient de l'air, ce qui évite toute apparence rugueuse Il parle également avec surprise du petit nombre de pigment dont Turner se sert, du blanc, ocre, jaune, terre de Sienne et terre de Sienne brûlée, rouge vénitien, vermillon, terre d'ombre, bleu de Prusse, bleu noir, bleu d'outremer. L'huile permet une plus grande précision du détail et un rendu authentique de la nature et donc un plus grand achèvement que l'aquarelle. [...]
[...] Mais l'éclat de la lumière et le mouvement de la mer sont bien de Turner. A partir de cette époque, nous pouvons déceler chez Turner une totale compréhension des principes de l'hydrodynamique. Ce tableau révèle avec quelle attention le peintre a observé la formation des vagues ainsi que le mouvement sous-jacent et le pouvoir réfléchissant de la mer. Avec ce tableau, Turner affirme son intelligence d'une nouvelle technique. Le critique Anthony Pasquin recommande l'œuvre accrochée dans le vestibule à l'examen des personnes judicieuses. [...]
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