En Italie, le Quattrocento va subir des bouleversements sociaux, artistiques, religieux et politiques majeurs marqués en partie par un nouveau rôle alloué au Pape qui va devenir un homme politique, homme de guerre et mécène. Une nouvelle représentation du monde plus proche de l'homme va émerger, c'est la naissance de l'humanisme dont les idées vont se fondre dans les thèmes artistiques.
La peinture va voir émerger de nouvelles techniques avec l'apparition notamment dans un premier temps de la perspective, de la peinture à l'huile et du sfumato. Cette période se veut comme un retour à l'Antiquité classique par le triomphe du Beau, du Vrai et du Bien.
Le nouveau rôle du Pape se traduit notamment par le retour de la papauté à Rome dès 1417, des transformations ont lieu dès 1447 sous le pontificat de Nicolas V lançant des campagnes de reconstruction de la ville. Dès lors, la papauté tombe sous le contrôle des riches familles et est dominée par la renaissance artistique et philosophique. Des artistes tels que Michel-Ange ou Raphael quittent Florence pour s'installer à Rome. C'est dans ce contexte que le pape Sixte IV ordonne la construction de la Chapelle Sixtine et que Jules II son successeur désignera Michel-Ange, Raphaël ainsi que d'autres artistes pour en réaliser la décoration. Ce dernier, fils du peintre Giovanni Santi d'Urbin, après avoir été initié à la peinture par son père dès son plus jeune âge, travaillé dans l'atelier de Pérugin à Pérouse jusqu'à ses 21 ans, puis quitté Pérouse pour Florence où il parfait sa technique influencé par Léonard de Vinci et Michel-Ange, il s'installe à Rome, chargé de la décoration des salles du palais de Jules II, les stanzas, et notamment la Chambre de la Signature dont l'Ecole d'Athènes (440 × 770 cm) que nous étudions ici est tirée, et qui faisait office de salle de jugement et selon certains histoire de l'art, de bibliothèque privée. Cette œuvre a été réalisée entre 1509 et 1510 et est toujours conservée dans la Stanza Della Segnatura.
En quoi cette œuvre est une synthèse des innovations plastiques, idéologiques, culturelles et politiques de la Première Renaissance.
[...] Le geste de Platon indique donc, en parfaite cohérence avec la doctrine chrétienne, la direction vers laquelle l'homme doit se tourner pour trouver les réponses aux interrogations nécessairement escamotées par le monde créé. Autour de ces deux maîtres, centre idéal de la composition, la position adoptée par les groupes animés de personnages reflète leur rapport avec leurs doctrines. Raphaël fait le portrait de ses contemporains marquant l'idée que les artistes entrent dans l'assemblée des sages. Les arts plastiques s'élèvent ainsi du rang d'arts mécaniques à celui d'art libéral. Ils ne reproduisent plus des images, mais ils accèdent à l'idée. [...]
[...] Elle représente une vaste synthèse de l'ambition du pontife et des innovations de la Renaissance dans le domaine artistique. À la fin du Quattrocento, outre ses prérogatives religieuses, le pape est alors un homme d'Etat et un mécène. Son pouvoir s'élargit, il va jusqu'à superviser une ou deux opérations militaires avec la perte graduelle du monopole de l'impôt et de l'exercice de la forme des petits Etats à l'intérieur de leur propre royaume, dont la diplomatie est absorbée par des puissances plus importantes. [...]
[...] Devant eux, Parménide debout, tient un livre ouvert et semble contester la démonstration du mathématicien. Dans son dos se dresse un jeune homme en toge blanche, François Marie Della Rovere, futur duc d'Urbin. Pythagore est précédé de quatre disciples : Averroès, le crâne ceint d'un turban blanc, Epicure couronné de pampes lisant un livre tenu par un jeune enfant, appuyé sur un petit chapiteau. Dans le dos d'Épicure, l'enfant aux cheveux bouclés est Frédéric de Mantoue alors en otage à la cour de Jules II. [...]
[...] À côté de lui Pyrrhon d'Elis lit par-dessus son épaule. Enfin à l'extrême droite, un bâton dans sa main droite, vêtu de vert, se tient Empédocle parmi un groupe de trois personnages. À l'arrière-plan, sur les côtés des premiers arcs, dans les niches sont représentées les statues de Minerve, déesse du Savoir, de la Sagesse et des Arts, à droite et d'Apollon dieu des arts, du soleil et de l'harmonie à gauche, tous deux protecteurs des arts et de la philosophie, symbolisant l'harmonie des facultés et la domination de l'intelligence sur les passions représentées à travers les bas-reliefs sous les divinités. [...]
[...] Raphaël a dû s'adapter à l'architecture de la Chambre de la Signature en tenant compte des ouvertures, des courbes et de l'obliquité de la partie haute. Chacun des murs est terminé en lunette et la partie inférieure est mangée, ici, sur le côté gauche par l'encadrement d'une porte. Dans la partie supérieure de l'œuvre, la voûte en plein cintre constitue un écho exaltant l'arc de la lunette. Dans sa partie inférieure, la fresque est soutenue par des décorations : figures antiques et scènes peintes font de la fresque une composition théâtrale. [...]
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