Coupe laconienne, dite « coupe d’Arcésilas »

Résumé du document

La coupe dite « d'Arcésilas » est une céramique peinte à figure noire datée d'environ 560 avant J.-C.. Elle mesure 0.20 m de hauteur et 0.29 m de diamètre (0.38m avec les anses). Mise à jour à Vulci en Etrurie, elle est aujourd'hui conservée au Cabinet des médailles à Paris à la bibliothèque nationale de France. C'est une coupe à boire ou kylix donc un objet d'usage quotidien. Cette coupe profonde à haut pied est décorée à l'intérieur. Le plus souvent il s'agit de scène de combat ou de scène mythologique ou de vie quotidienne. En revanche dans le cas de cette coupe, c'est une scène historique qui est représentée.

L'auteur de cette œuvre artisanale est anonyme, les spécialistes le désignent le plus souvent sous le nom de « peintre d'Arcésilas ». Cependant, le fait que l'artisan ait représenté cette scène livre des indications précieuses. C'est un artisan de Laconie qui a une connaissance relativement pointue de la société cyrénéenne. Cette connaissance peut venir de sa propre expérience auquel cas il a représenté ce qu'il a vu par lui-même (à l'occasion d'un voyage), ou alors l'artisan a mis en peinture le récit que lui a fait un tiers, un tiers qui pourrait bien être le commanditaire de cette pièce.

Extraits

[...] La position fichée, hiératique du roi, lui confère une potestas et une auctoritas sur ses sujets. A en voir la représentation de la coupe d'Arcésilas et l‘ordre qui y règne, il semblerait que la colonie de Cyrène ne soit pas encline à des contestations qui remettraient en cause l'autorité d'Arcésilas. Bibliographie F. Queyrel, Lexique d'histoire et de civilisation grecque, Ellipses -J. Charbonneaux, R.Martin & F.Villard, Grèce archaïque, Gallimard -C.Baurain, Les Grecs et la Méditerranéen orientale des siècles obscurs à la fin de l'époque Archaïque, P.U.F -J.-N. [...]

[...] De ce point de vue la coupe laconienne a une valeur historique important car elle représente le pouvoir politique de la colonie. Le roi est, par rapport aux autres personnages supérieur par sa taille ce qui témoigne de sa dignité et de sa qualité de souverain. De même, le doigt pointé est signe d'une volonté, d'un ordre donné au premier serviteur. Le roi est ici paré de tous ces attributs : le trône (appelé diphros), un sceptre à trois branches qui symbolise la puissance et le pouvoir de commander. [...]

[...] La seconde hypothèse situe la scène sur la terre ferme sur l'agora, place politique et marchande, dans tous les cas à proximité du lieu où s'exerce le pouvoir politique. Le roi est abrité du soleil par une tente. La balance n'est pas montrée dans son intégralité, seul l'axe de suspension est visible. Le roi surveille toujours l'emmagasinement de la richesse. Le registre inférieur devient un silo, un magasin de stockage en sous-sol du palais ou du marché. Dans tous les cas, quel que soit l'espace où a lieu l'opération, ce lieu en question se situe bien en Cyrénaïque. [...]

[...] La thèse retenue aujourd'hui est la seconde version car la coupe présente davantage de caractéristiques associables à Sparte. En quoi la coupe d'Arcésilas renseigne-t-elle sur l'organisation et les activités de la colonie de Cyrène ? Les éléments figurés sur cette coupe ont d'abord tous des caractères d'une scène historique : il s'agit de l'administration des richesses agricoles d'une colonie. Ainsi, le message véhiculé traduit des réalités qui ont cours au sein de la société. D'une manière générale, la scène est définie par un environnement significatif. [...]

[...] D'où une concentration de l'activité dans les mains du pouvoir royal. Plus qu'une richesse économique, on peut penser que le silphium devient le symbole de cette colonie comme l'atteste toute l'attention que porte le roi à la manipulation de cette richesse. La prospérité de la cité est liée à cette activité, d'où une présence de la représentation de la plante du silphium sur les monnaies émises par Cyrène au et VII° siècle. De plus, c'est également un moyen pour le pouvoir politique par l'accaparation de cette richesse d'affirmer son autonomie face à la métropole. [...]