Atala portée au tombeau, aussi dit Les funérailles d'Atala est présenté par Girodet au Salon de 1808. Le tableau reprend une scène du roman de Chateaubriand Atala de 1801. Ce récit est extrait du Génie du Christianisme, qui fait l'éloge de cette religion. Atala est un sujet littéraire repris au moins 18 fois entre 1802 et 1848 dans l'art français du XIXème siècle.
Il est important d'avoir des notions sur l'histoire qu'écrit Chateaubriand pour concevoir tout le travail de Girodet. Le roman se déroule dans l'Amérique du XVIIème siècle. Chactas est le narrateur et héros de l'histoire. Il raconte que vers ses 20 ans, il quitte la civilisation et retourne à l'état de nature mais se retrouve capturé par une tribu des Amériques.
[...] Girodet peint Atala portée au tombeau juste après avoir terminé la Scène de Déluge. Il a déjà vécu plusieurs changements dans sa vie artistique. Dans sa jeunesse il s'est illustré par ses représentations de l'épopée napoléonienne, ce qui lui valut le prix de Rome. Il tente à la fin des années 1790 de sortir son travail du modèle davidien qu'est la représentation de scènes historiques, mais aussi de dépasser les sujets antiques de l'Académie, de sa jeunesse et dudit David. [...]
[...] C'est en rapport avec le texte où Chateaubriand précise qu'Atala était régulièrement belle c'est-à-dire qu'elle avait une beauté régulière (selon les règles), conforme au canon classique de la sculpture antique Un autre élément ressort des tons ternes du tableau : le drap rouge vif que porte Chactas autour de lui. Le rouge rappelant le sang, la mort, mais aussi l'exotisme du personnage qui est un Sauvage. Et peut-être qu'elle accentue la partie du corps caché, c'est-à-dire la cause de la mort. En effet Atala s'est tuée pour ne pas trahir son vœu de virginité. [...]
[...] Ses lèvres, comme un bouton de rose cueilli depuis deux matins, semblaient languir et sourire. Dans ses joues d'une blancheur éclatante, on distinguait quelques veines bleues. Ses beaux yeux étaient fermés, ses pieds modestes étaient joints, et ses mains d'albâtre pressaient sur son cœur un crucifix d'ébène ; le scapulaire de ses vœux était passé à son cou. Elle paraissait enchantée par l'Ange de la mélancolie, et par le double sommeil de l'innocence et de la tombe. Je n'ai rien vu de plus céleste. [...]
[...] L'arrière-plan du tableau ressemble à un rideau de théâtre formé par les parois rocheuses et ouvrant sur une nature exotique. Il y a des fleurs roses très nettement peintes sur le bord de l'entrée, des petites vallées d'herbes surplombées par des arbres. Cette nature, aussi importante dans le roman, est repris dans des détails à l'intérieur de la grotte : des branches, des feuilles sont disposées sur le devant de la scène. Girodet écrira à Julie Candeille qu'il a passé une journée entière à étudier des plantes américaines difficilement trouvables en Europe En haut à gauche de l'ouverture sur la nature, une croix chrétienne barre le ciel et rappelle la dimension religieuse de la scène, tout comme la croix que porte Atala ou l'habit du père Aubry. [...]
[...] La scène illustre donc la mise au tombeau d'Atala par le père Aubry et son amant Chactas, tordu de douleur. Le roman suit donc un schéma tragique, mais épouse parfaitement les lignes directives du romantisme propre à Chateaubriand. En effet c'est le lyrisme de la nature, l'épanchement des sentiments purs, l'amour impossible, la fatalité de la vie, et l'éloge du Christianisme qui forment donc les principaux traits du romantisme. Les éléments repris par Girodet sont ceux-là même : le sentiment, et notamment la douleur face à la mort, l'image de la religion et la présence de la nature. [...]
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