Cette verseuse a été trouvée dans le nord de l'Iran dans la région de Zendjan, dans le district de Garrus. Elle appartient aux céramiques regroupées sous le nom de Garrus qui apparurent vers 1920 sur le marché européen et qui furent nommées improprement guebri car on croyait qu'elles avaient été produites par les Perses du VIIe et du VIIIe siècle. Elle daterait du XIe-XIIe siècle selon Jean Soustiel voire du XIIIe siècle selon le site Internet du Louvre. Elle mesure 36 cm de haut. L'objet a été acquis par le Musée du Louvre en 1919 et est conservé dans le département des Arts de l'Islam dans la section Iran seldjoukide XIe-XIIIe siècles sous la référence OA7247.
J'ai choisi d'étudier cet objet d'art figuratif car les céramiques de Garrus sont assez rares (une centaine de pièces), curieuses et peu connues. De plus ce vase a été fréquemment publié (selon J. Soustiel) mais n'a jamais fait l'objet d'une étude détaillée car sa technique de décor, son iconographie et sa fonction demeurent assez problématiques voire énigmatiques. Enfin cet objet est particulièrement intéressant parce qu'il est doublement figuratif.
[...] Art islamique : un exemple de la céramique de Garrus : aiguière ovoïde à tête zoomorphe, céramique argileuse, Iran, région de Garrus, XIe-XIIe siècle, H cm, Musée du Louvre, Paris (7247) Cette verseuse a été trouvée dans le nord de l'Iran dans la région de Zendjan, dans le district de Garrus. Elle appartient aux céramiques regroupées sous le nom de Garrus qui apparurent vers 1920 sur le marché européen et qui furent nommées improprement guebri car on croyait qu'elles avaient été produites par les Perses du VII° et du VIII° siècle. [...]
[...] Celle-ci se termine au bas par des volutes. Le modelé est totalement absent et les proportions ne sont pas respectées. Il n'y a aucune volonté de naturalisme de la part du potier. On peut s'interroger sur l'identité de ce personnage. Est-ce un personnage particulier (historique et /ou littéraire) ou un personnage qui incarne l'idée d'une fonction ? Il tient dans sa main droite un bouclier orné d'une rosette assez emblématique de la céramique de Garrus et dans sa main gauche un objet difficile à caractériser. [...]
[...] Peut-être, car Zendjan est un des hauts lieux du mazdéisme, religion de la Perse ancienne. On pourrait émettre une hypothèse fondée sur l'étude d'Ernst J. Grube qui consisterait à voir dans ce personnage un roi justicier des temps héroïques évoqués dans le Chah Nameh (Le Livre des Rois) de Firdousi étant donné que d'autres céramiques de Garrus en comporte la représentation (Thamourath, Ahriman et Zahhâk). Ce vase semble être une cruche, une aiguière, pour ainsi dire un vase à eau avec une anse et un bec. [...]
[...] Le personnage n'est pas inscrit dans un cadre ni représenté sur un fond au décor tapissant comme c'est généralement le cas pour les coupes en céramique (par exemple, la coupe avec la représentation du tyran légendaire Zahhâk de la collection G. Fujishiro de Tokyo). Il est figuré dans l'axe du déversoir sous une frise d'enroulements végétaux sur un fond noir. On ne retrouve pas ici les fleurons champlevés à cinq ou sept lobes assez caractéristiques des productions de Garrus. Il est représenté strictement de face si l'on excepte les pieds et est schématisé à l'extrême. [...]
[...] Mais on peut se demander si cette céramique était vraiment utilitaire c'est-à-dire d'usage courant, de consommation ou si cela n'était qu'un objet d'ostentation. Pour conclure sur l'analyse de cet objet d'art, nous pouvons souligner le fait qu'il imite l'aspect lustré de la céramique égyptienne à décors d'oxydes métalliques d'époque fatimide, mais qu'il s'en éloigne par le choix de la représentation isolée d'un personnage et d'un fond monochrome (et non d'un fond constitué de rinceaux ou de pointillés). Cette pièce est intéressante, car les vases et les pièces à personnages sont très rares dans le groupe des céramiques de Garrus ce qui en fait un objet unique. [...]
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