La grande abbaye telle que nous la connaissons aujourd'hui a été fondée au VIIe siècle. Selon une pieuse légende, que les moines moissagais ne manquent pas d'entretenir, c'est au lendemain d'une victoire remportée sur les Wisigoths, en 506, que Clovis décide en personne de fonder cette abbaye. Le roi franc s'était promis d'élever un monastère en cas de triomphe sur l'envahisseur. L'emplacement précis de la construction a été décidé lorsque Clovis, du haut d'une colline, lança sa lance. Celle-ci se planta au milieu d'un marais, ce qui allait engendrer des problèmes pour le bâtiment par la suite, notamment d'humidité. Aujourd'hui de graves altérations affectent les bas-reliefs du portail roman. "L'abbaye aux mille moines", en mémoire à mille de ses guerriers morts au combat, vit le jour.
On parle de l'abbaye de Moissac comme d'un monument exceptionnel, certes il l'est par son mélange des styles roman et gothique, son cloître, et peut-être par-dessus tout son tympan qui est LE chef-d'œuvre de cet édifice, mais il ne faut pas oublier qu'il ne s'agit là que d'un maillon d'une chaîne plus vaste. En effet, au VIIe siècle, de nombreux monastères furent établis dans l'Aquitaine, grâce à l'appui de souverains mérovingiens, tels Dagobert, et du diocèse de Cahors, dont Desiderius (630 - 655) avait la charge. Évêque à l'existence austère, il se passionne pour les arts.
Cependant, malgré ce contexte historique favorable, et la protection royale qui lui est accordée, Moissac demeure une ville vulnérable, et aussi stratégique, à cause de sa situation géographique. L'abbaye est saccagée à plusieurs reprises, une première fois avec les Arabes d'al-Andalus, lorsqu'ils assiégèrent la ville de Toulouse, puis une seconde fois après leur défaite à Poitiers en 732. Et comme un malheur ne vient jamais seul, un siècle plus tard de nouveaux pillages furent le fait de pirates normands qui remontaient la Garonne. Au Xème siècle, ce sont les Hongrois qui dévastèrent la ville.
[...] Or ce n'est pas le cas. Si l'on prête attention quelques instants à ceux-ci, on remarquera que celui qui se trouve à droite, sous le Christ, est plus proche du centre que celui qui est à gauche. Cela n'est pas dû au fait du hasard, le sculpteur a tout simplement voulu éviter que la verticale principale symbolisée par le Christ en majesté, et prolongée par le trumeau, ne soit perturbée par la présence d'un autre élément pouvant dévier l'œil du fidèle du Tout Puissant. [...]
[...] Le lion et le taureau en sont des exemples parmi les animaux symboliques. Tous ces mouvements opposés permettent, non pas de surcharger le tympan d'un décor que l'on pourrait croire inutile, mais au contraire de le rendre plus expressif lorsque le fidèle y pose son regard. Chaque corps a une vie indépendante de celle qui le jouxte, ce qui pourrait nous laisser croire qu'une certaine détente existe entre les différents protagonistes, mais au contraire, c'est l'inverse qui se crée, une tension homogène apparaît à travers toute la sculpture du tympan. [...]
[...] En effet, de passage dans la ville en 1047, l'abbé de Cluny, haut lieu de la Chrétienté, décide de rattacher le monastère moissagais à l'ordre clunisien. Afin d'éviter toute détérioration postérieure de ce renouveau, l'abbé de Cluny place à la tête du monastère moissagais un de ses moines, Durand de Bredon. La mission première de ce nouvel abbé fut de relever les bâtiments qui menaçaient de s'effondrer suite aux diverses attaques. Grâce à cet homme, le monastère de Moissac retrouva une quiétude spirituelle, une grande prospérité, et acquit un prestige considérable. Ce choix de rallier l'abbaye de Moissac au grand ordre clunisien n'est pas innocent. [...]
[...] Chaque figure a un rôle à jouer. En premier, on peut remarquer que chaque personnage a été sculpté en fonction de son importance dans la hiérarchie religieuse. Par exemple, le Christ trône au milieu du tympan, et de surcroît c'est le plus imposant des personnages par sa taille. C'est d'ailleurs le seul à être totalement de face. On trouve ensuite autour de lui les animaux symboliques flanqués des deux séraphins, et enfin, à côté et au-dessous d'eux, les vingt-quatre vieillards. [...]
[...] Elle accueille en son sein l'un des plus beaux édifices religieux de l'époque romane, l'abbaye Saint-Pierre de Moissac. Si Moissac abrite sûrement l'un des plus beaux tympans de l'époque romane avec la représentation de l'Apocalypse inspirée de la Vision de Jean il est nécessaire de prendre le temps de replacer cette réalisation dans le contexte historique dont elle est issue, et notamment de dérouler, tel un parchemin, l'histoire de l'abbaye de Moissac I. Petite histoire d'une abbaye qui deviendra grande La grande abbaye telle que nous la connaissons aujourd'hui a été fondée au VIIe siècle. [...]
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