Zola, Impressionniste, Ecrivain, Naturalisme, Défenseur, Salon
Le tableau, Un atelier des Batignolles , peint par Henri Fantin-Latour en 1870, immortalise les protagonistes du Groupe des Batignolles (groupe de jeunes peintres d'avant-garde de la fin du XIXe siècle rassemblés autour d'Édouard Manet. Le groupe porte son nom en référence au quartier des Batignolles, où ils avaient coutume de se rencontrer entre 1869 et 1875).
La scène se situe dans l'atelier de Manet. Le peintre est représenté peignant entouré d'artistes et ami du groupe. A ses côtés, assis, l'on reconnaît le peintre et critique d'art Zacharie Astruc. Debout, de gauche à droite, on trouve les peintres Otto Scholderer, Auguste Renoir, l'écrivain Émile Zola, l'amateur d'art Edmond Maître puis les peintres Frédéric Bazille et Claude Monet.
Ce tableau montre qu'au 19ème siècle, les arts n'étaient pas cantonnés à leur propre discipline. Le peintre côtoyait l'écrivain, le critique et le marchand, et apprenait corrélativement de chacun. C'est dans ce contexte que l'amitié de Zola avec les peintres du mouvement impressionniste naquit.
Emile Zola (1840-1902) est un écrivain majeur du 19ème siècle. A la fois journaliste, écrivain et critique d'art, il exposera en 1880 sa théorie littéraire sur le naturalisme, mouvement dont il deviendra le chef de file. L'école naturaliste exige, si l'on s'en tient à la théorie de Zola, que l'écrivain applique une méthode strictement scientifique qui se rapproche de celles mises en oeuvre par les sciences naturelles. C'est dans la préface de Thérèse Raquin (1867) et surtout dans le Roman expérimental (1880) que Zola formule sa théorie. Zola considère que «le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur ». La méthode expérimentale repose sur le fait que le romancier « intervient d'une façon directe pour placer son personnage dans des conditions » qui révéleront le mécanisme de sa passion et vérifieront l'hypothèse initialement formulée par l'artiste (ex. Caractère héréditaire de l'alcoolisme chez Zola)
Zola publia un volume immense d'oeuvre, qui inclut des essais critiques, des pièces, des contes, et une série de romans retraçant l'histoire d'une famille sous le second empire, "Les Rougon-Macquart". A travers ses écrits il exprime ses idées politiques et artistiques. Ses pensées sur la créativité, la vérité et la justice forment les thèmes à la base de son oeuvre. Les peintres impressionnistes ont beaucoup influencé les idées de Zola, il utilisera la figure de ces artistes, décrira leurs idées, notamment dans des romans comme L'Oeuvre (1886) ou la Curée (1872). Zola est parvenu à trouver une connexion entre la philosophie du Naturalisme à la base de ses écrits, et celle du mouvement impressionniste, né de l'association d'artistes de la seconde moitié du 19ème siècle comme Monet, Bazille, Renoir. Fortement critiqué à ses débuts, ce mouvement se manifestera particulièrement, de 1874 à 1886, par huit expositions publiques à Paris. Cette avant-garde de l'impressionniste marqua la rupture de l'art moderne avec l'académisme, glorifiant l'art officiel de style « pompier » .
Zola défendra ces artistes dans les articles qu'il écrira comme journaliste, ou dans les nombreuses critiques qu'il a fait lors des Salons artistiques. Néanmoins, dans L'Oeuvre notamment, s'il s'inspire et prend acte de cette avant-garde novatrice, il met en place une critique sous-jacente, dénonçant d'une part leur rupture avec la réalité et leur enlisement progressif dans un mouvement qui n'évolue que peu.
Ainsi, à quoi est dû l'éloignement progressif de l'écrivain par rapport à ses amis impressionnistes ? Peut-on considérer que l'évolution de la conception littéraire de Zola a jouer un rôle dans cette rupture ? De plus, il faut s'interroger sur l'interaction entre peinture et littérature et sur la manière dont ces deux genres artistiques peuvent mutuellement s'influencer.
[...] Zola, au même titre que les impressionnistes réagissaient contre le Romantisme qui les avait précédés. Il s'agissait de rejeter les images idéalisées du peuple, qui caractérisaient l'art romantique et de représenter tant en littérature qu'en peinture, le monde réel, véritable, avec ses défauts et ses difformités. Zola décrit finalement le monde avec l'œil d'un peintre. "Cette appréciation de l'influence des Impressionnistes sur Zola est basée sur sa tendance à adapter au roman la vision et les procédés des peintres et à les transposer dans des passages descriptifs." Dans certaines de ses œuvres, comme La Curée (1872), on trouve de nombreux passages de style impressionnistes, qui vont même jusqu'à rappeler certains tableaux. [...]
[...] Ce portrait de la future épouse de Monet est un succès. Il comporte l'énergie et la vivacité que réclame Zola, qui le compare à une fenêtre ouverte sur le monde Tout naturellement, Zola va donc suivre le parcours des impressionnistes, et leur écrira de nombreux articles flatteurs à l'occasion de leur exposition de groupe, et ce dès la première, en 1874, qu'il approuve et supporte. Zola critique d'art : l'exposition de 1877 Chroniqueur littéraire à L'Evénement, Zola se voit confier en 1866 le compte-rendu du Salon. [...]
[...] Zola y décrit, comme on l'a vu précédemment, un peintre du nom de Claude Lantier, qui est inspiré des figures de Manet et Cézanne. Lantier est un peintre novateur, mais raté, maudit, incapable de finir une peinture, la rectifiant continuellement. Il est d'humeur changeante, allant même jusqu'à une extrême violence. Le livre est très mal perçu par les amis artistes de l'écrivain. Cézanne qui s'est reconnu dans le personnage de Lantier voit l'avenir bien misérable que lui prédit Zola : abandonné de tous, inconnu et incompris, il se suicide. [...]
[...] Les impressionnistes, à la base des écrits de Zola L'œuvre la plus marquante, témoignant des liens étroits que Zola entretenait avec les impressionnistes, est l'Œuvre, roman extrait de la série des Rougon Macquart et publié en 1886. L'ouvrage nous entraîne dans le monde de l'art et des artistes, à travers le portrait d'un peintre maudit, Claude Lantier, dont le personnage évoque d'une celui de Paul Cézanne. Claude renvoi également, de part les peintures qu'ils réalisent, au personnage de Edouard Manet. Zola lui-même s'identifie à l'un des personnages, l'écrivain, Sandoz. [...]
[...] Malgré son attirance pour l'impressionnisme, Zola donne le statut de véritable chef d'œuvre à aucune œuvre produite par les impressionnistes. Le groupe est donc composé de précurseur qui ouvre la voie au grand artiste de l'avenir que le monde attend Mais l'attente de Zola ne sera pas récompensée. En 1896, Zola rédige un texte sur le Salon, dans lequel il avoue s'être désintéressé de la peinture. Il découvre à ce salon, l'influence considérable des impressionnistes, mais est terriblement déçu par la production qui en découle ; il ne trouve pas le génie qu'il attendait Zola est conscient de ses inspirations impressionnistes, il déclarera d'ailleurs à ce sujet: "Je n'ai pas seulement soutenu les impressionnistes, je les ai traduits en littérature, par les touches, notes, colorations, par la palette de beaucoup de mes descriptions." Cependant, progressivement, Zola s'est détaché de ses amis, à la fois par sa conception du sujet et de la représentation de la réalité et par sa notoriété grandissante. [...]
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