peinture, tableau, impressionnisme, Paul Cézanne, XIXe siècle, perspective, paysage, Claude Monet, Édouard Manet, Camille Pissarro
''L'œil voit les masses éloignées sous un aspect presque linéaire sans relief et sans profondeur mais les objets rapprochés montent vers lui, et les fuites sont tantôt rectilignes pour les lointains tantôt courbes pour les plans rapprochés. La vision des lointains est une vision plate. Ce sont les plans rapprochés qui donnent une idée de l'univers tel que le voit l'œil humain, un univers ondulé ou convexe ou concave.''
Cette citation de Pierre Bonnard – peintre postimpressionniste - nous présente quelques règles élémentaires de la perception visuelle humaine, notamment ce qui est permis par le processus d'accommodation de l'œil (en vision proche ou lointaine) et par le fait de posséder deux yeux (ce qui permet la vision en ''3D''). Elle nous rappelle ainsi que l'œil humain permet de distinguer concave, plat et convexe, proche et lointain, c'est-à-dire les volumes dans un espace tridimensionnel, que l'œil nous fait davantage les volumes des objets proches que des objets lointains, et crée dans notre vision des lignes de fuite (curvilignes et rectilignes).
[...] Mais cela est insuffisant aux yeux de certains artistes tels que Cézanne. Celui-ci s'assigne comme but de réaliser la sensation plutôt que de reproduire la perspective, il se donne pour défi de ne pas recourir au dessin-ligne ni à celui du clair-obscur pour exprimer totalement la peinture. Il rejoint ainsi le vieux peintre Frenhofer du Chef d'œuvre Inconnu de Balzac, qui s'écriait : le dessin n'existe pas voulant dire que tout dans une peinture, y compris les valeurs et les sentiments, doit être exprimé simplement par les variations de couleurs. [...]
[...] Mais pour reproduire le monde tel que l'œil le voit, les conditions évoquées par la citation de Bonnard sont insuffisantes. D'une part, il est nécessaire de prendre en compte les conditions d'observation du peintre et du spectateur ; d'autre part, la citation n'évoque que les techniques ayant rapport aux traits (lignes de fuite, dimensions des objets, choix des courbes ou lignes droites) ; or il y a d'autres techniques qui permettent de créer la profondeur. Concernant le premier point, le peintre le voit avec sa propre vue, en fonction de l'état de son œil, de sa position et de l'environnement dans lequel il peint ; les règles de perspective présentées dans la citation s'adaptent donc à la vision personnelle de l'artiste. [...]
[...] Et l'engouement actuel du public pour les films en 3 D semble confirmer l'intérêt porté à la perspective : non seulement ce type de technologie donne l'illusion de la profondeur (généralement par des plans successifs), mais il permet également l'impression que les objets sortent de l'écran, presque au point de pouvoir les toucher, une profondeur et un relief qui poursuit l'œuvre de Cézanne. Quel horizon pouvons-nous désormais imaginer pour la perspective ? Peut-être pour réaliser la sensation en faisant à d'autres sens que la vue, telle que le toucher et l'odorat, à la manière de la scène du cinéma odorant dont l'histoire est insensée du Meilleur des Mondes (chapitre 11) d'Aldous Huxley . [...]
[...] Nous pourrions employer dans une peinture une perspective différente, néanmoins elle pourrait souvent être incorrecte pour l'œil humain. C'est par exemple le cas de la perspective cavalière, caractérisée par l'absence de point de fuite, utilisée dans le dessin industriel. Mais l'art n'étant pas industrie, cette forme de perspective ne semble pas avoir sa place dans le tableau d'un peintre qui veut reproduire la vue de l'homme. Dans le cas d'une perspective aérienne, qui possède trois points de fuite, l'œil n'y est pas habitué non plus : il s'agit pourtant de la perspective la plus correcte par rapport à l'image rétinienne. [...]
[...] ) que la pure reproduction de ce mécanisme oculaire mis en place dans l'espace réel. La question de du volume pose le problème de la perspective (du grec Optiké, science de la vision) en peinture, ce terme désignant à la fois une technique de représentation des objets en trois dimensions sur une surface plane ; un aspect de ce qui est vu de loin ; un point de vue ou approche particulière sur une idée ; voire une éventualité, un horizon temporel. [...]
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