Le verrou, de Jean Honoré Fragonard, présente une scène d'un érotisme ambigu, que nous analyserons en étudiant l'architecture du tableau et sa composition dont les éléments constituent la spécificité, ainsi que les objets présents dans le tableau dont l'interprétation sera esquissée. La première partie montrera en quoi le verrou figure une scène d'intimité, et dans un deuxième temps comment il figure une fermeture du sens.
La toile peut dès le premier abord être divisée en deux parties : à gauche, l'œil est d'emblée attiré par le rideau imposant par sa couleur rouge, sa taille et la majesté de son drapé. A droite, le couple semi-enlacé dans une posture à la fois violente et lascive.
[...] Le verrou, Jean Honoré Fragonard (Musée du Louvre) Le verrou, de Jean Honoré Fragonard, présente une scène d'un érotisme ambigu, que nous analyserons en étudiant l'architecture du tableau et sa composition dont les éléments constituent la spécificité, ainsi que les objets présents dans le tableau dont l'interprétation sera esquissée. La première partie montrera en quoi le verrou figure une scène d'intimité, et dans un deuxième temps comment il figure une fermeture du sens. La toile peut dès le premier abord être divisée en deux parties : à gauche, l'œil est d'emblée attiré par le rideau imposant par sa couleur rouge, sa taille et la majesté de son drapé. [...]
[...] L'on pensait trouver des explications à l'énigme par la composition du tableau, voilà qu'elle obscurcit le mystère. En effet, les autres plans du bas sont tout aussi mystérieux, la cavité à gauche équivoque par sa couleur, les objets par leur position: le vase et la rose sont à terre renversés, tandis que la pomme en bas à gauche au deuxième plan est sur la table. Le fait qu'elle soit le seul objet non renversé, qu'elle attire le regard de l'homme et se trouve également dans la ligne de force verticale dessinée par le rouge du rideau en fait un élément particulièrement significatif, dans lequel on peut lire la suggestion de l'érotisme à son point culminant, témoin des intentions de l'homme déjà présent en filigrane des autres objets renversés: l'on peut imaginer que les amants se sont déjà roulés ensemble dans les draps et, tout impétueux, ont renversé au passage quelques objets, et qu'il reste l'aboutissement de ces étreintes à accomplir, ce que suggère la pomme et le verrou que l'on pousse. [...]
[...] Mais c'est surtout la composition du tableau qui constitue l'expressivité de la scène, et tout d'abord la ligne de force principale qui part de la main de l'homme en haut à droite, passe par le morceau jaune de la robe de la femme et finit sur la cavité noire en bas à gauche. Une deuxième ligne diagonale partant du regard de l'homme et allant jusqu'à la pomme est repérable: ces deux lignes, par leur caractère oblique, ainsi que par le mystère de leurs points d'arrivée, imprègnent la toile de mouvement et d'expression. Le sujet central est a priori bien le couple. [...]
[...] Reste la posture mystérieuse de la femme . Ainsi, le sujet central de l'œuvre est peut-être bien, comme le titre le suggère, le verrou lui-même, et non ce qui se passe dans la scène: le verrou comme objet permettant l'intimité, et comme métaphore de la peinture de Fragonard, permettant de rendre hermétique à toute interprétation un sens définitif à l'œuvre. [...]
[...] Leurs visages et bustes occupent le dernier plan et le plus important du tableau, constitué de quatre plans au total. De surcroit, la lumière provenant de la droite les éclaire principalement et par contraste avec l'obscurité régnant à côté d'eux à gauche. La scène est bien refermée, à l'image du verrou que l'homme pousse, les extrémités du tableau étant occupées par des formes rectangulaires et le milieu par des formes courbes. Ce qui suggère la fermeture du tableau par son peintre, peignant là une scène d'intimité. [...]
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