Théâtralité, oeuvre, George, Segal
George Segal (1924-2000) artiste américain, connu pour ces sculptures, il va toucher à tout. Il commence par des études d'architecture, mais il est obligé de partir s'occuper de la ferme familiale d'élevage de poulets où il continue à peindre (nu, intérieur, natures mortes), des peinture emprunt d'influence de Matisse, Bonnard. Il fréquente une association d'artistes où il va rencontrer Allan Kaprow (1927-2006) et par son intermédiaire va rencontrer les étudiants de l'artiste Hans Hofmann (1880-1966) à la Hansa Gallery. Cette rencontre est déterminante dans la vie de Segal car c'est à ce moment, autour des années 50, qu'il va commencer à faire des sculptures. C'est en 1958 qu'à la Hansa Gallery, il expose ces premières sculptures, réalisées avec des toiles de jutes imprégnés de colle ou de filasse fixé sur une structure en fer, il place ces sculptures devant ses tableaux.
Comment expliquer ce passage ?
En fait, George Segal est déçu des difficultés de la peinture à rendre la tridimensionnalité. En plus, il est guidé par les discussions qu'il a avec Allan Kaprow, alors professeur d'Histoire de l'Art à la Rutgers University, dans le New Jersey, université tout près de la ferme de Segal. Il découvre ensemble la notion d'environnement, grâce au travail de Jackson Pollock, et ses toiles immenses, il écrit :
« Le choix de Pollock de toiles énormes a été fait dans des buts différents ; capital pour notre discussion est le fait que ses peintures à l'échelle murale ont cessé d'être des peintures, mais sont devenues des environnements. »
(A.Kaprow, L'Art et la vie confondus, Ed.Centre Pompidou, Paris, p.36)
Et cette idée d'environnement séduit Segal, il veut s'orienté vers un art où le spectateur pourrait naviguer, pénétrer, tout comme Kaprow, qui va réaliser en 1958, son premier happening. Segal apprécie des happenings, participe d'ailleurs à certain, mais il déplore l'aspect éphémère du Happening. C'est aussi à partir des années 60 que Segal fait la connaissance du travail de Robert Franck, travaille photographique et aussi son travail de cinéaste (il tourne son film The Sin of Jesus dans la ferme de Segal) et sur cela je reviendrais. Les années 60, c'est aussi à le moment où la firme pharmaceutique Johnson & Johnson se met à fabriquer des bandes de plâtre qui lui permet de réaliser ces sculptures blanches puis en bronze, en figeant l'attitude d'une personne.
Il va s'intéresser à la vie quotidienne des américains dans ces sculptures, ce qui fait qu'on le rapproche du Pop Art, et pourtant son art est bien particulier. C'est un art qui n'est pas figé qui va évoluer en allant vers plus de théâtralité, et nous verrons les aspects principaux de cette théâtralité dans l'œuvre de Segal.
[...] Cette dramaturgie présente dans l'œuvre de Segal est aussi le fruit d'influence d'autres artistes. Parmi eux, il faut citer Edward Hopper qui effectue lui aussi un art plein de dramaturgie. Citons seulement Les Noctambules de 1942, et les rapprochements évident avec Une fenêtre de restaurant de 1967, ou encore la toile Morning in the city (fiche technique citée plus haut) de Hopper où le modèle, une femme, est plongée dans ces pensées, au milieu de sa chambre à coucher alors qu'elle est entrain de s'habiller. [...]
[...] Mais ici, même si la sculpture ne nous présente pas à voir une émotion quelconque, elle est ailleurs dans ses pensées comme on peut l'être dans un tel moment (comme lorsque l'on se rase ou se coupe les ongles). Et pourtant il y a une tension sur cette scène, quelque chose qui nous oblige à regarder plus loin. C DES OBJETS Ce sont les objets. En effet, les objets que Segal introduit, et qui vont entretenir avec la sculpture un rapport, viennent donner une ambiance à l'œuvre, une tension. La femme se lave les pieds dans un lavabo bien sale, usé, symbole d'une certaine pauvreté. [...]
[...] Il va s'intéresser à la vie quotidienne des américains dans ces sculptures, ce qui fait qu'on le rapproche du Pop Art, et pourtant son art est bien particulier. C'est un art qui n'est pas figé qui va évoluer en allant vers plus de théâtralité, et nous verrons les aspects principaux de cette théâtralité dans l'œuvre de Segal. PLAN I La création d'un espace A UNE ANONYME La première sculpture que je vais vous présenter c'est une sculpture des début de l'artiste : Femme se lavant les pieds dans un lavabo (1964-1965) plâtre, lavabo, chaise, 152cm, Museum Ludwig, Cologne. [...]
[...] Déjà dans l'œuvre Movie House Segal met l'accent sur l'œuvre d'art comme un passage. L'entrée de cinéma/l'œuvre d'art est la matérialisation du passage entre la vie réelle (la rue/le spectateur) et la fiction (cinéma/art). Comme au théâtre où la scène est le lieu de la fiction séparé par le célèbre 4ème mur de la réalité du spectateur. C'est autour des années 80 que Segal va véritablement mélanger l'art et la vie en faisant sortir ses sculptures à l'extérieur. Par exemple en 1980, il dispose dans le Sheridan Square de New-York, une sculpture : Gay Liberation. [...]
[...] Au centre, dans son guichet rouge, une femme fantomatique, plongée dans ces pensées. Ici encore la tension se crée par les objets : ces lampes jaunes qui se déploient sur le plafond mènent inexorablement notre regard vers cette chapelle où la figure féminine se présente alors comme une icône Dans cette œuvre encore une fois, on trouve beaucoup de théâtralité. Segal nous présente une œuvre aux dimensions importantes (2,60m de hauteur, pour une profondeur et une largeur d'environ 3,70m) et dès lors le spectateur semble se tenir devant une scène. [...]
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