Masaccio Masolino
Le sermon de Saint Pierre et le baptême des néophytes sont des fresques peintes respectivement par Masolino et Masaccio entre 1426 et 1427. Les dimensions de ces deux fresques sont de 255 X 162 cm. Ces dimensions pour le moins importantes, témoignent d'un investissement majeur de la part du mécène mais elles sont aussi la preuve d'un travail de longue haleine qui a probablement nécessité un chantier et une occupation à temps plein des peintres. Ces deux fresques ont été commandées en même temps que les autres fresques de la chapelle Brancacci par Felice di Michele Brancacci ; le neveu du fondateur de la chapelle : Piero di Piuvichese Brancacci. Cette chapelle se situe à l'extrémité du transept droit de l'Eglise Santa Maria del Carmine à Florence. A l'origine Piero Brancacci avait fondé celle-ci pour honorer St. Pierre dont il portait le nom, d'où le choix de la vie de St. Pierre comme thème principal des fresques. Cet ensemble de fresques a été exécuté grâce à la collaboration exceptionnelle des peintres Masaccio et Masolino, on discerne par ailleurs très nettement les similitudes et les différences entre les deux artistes comme on le verra par la suite. Le travail ne sera pourtant pas entièrement exécuté par les deux artistes. En effet Masaccio décèdera mystérieusement à Rome lors d'un voyage avec Masolino après qu'ils aient momentanément quitté le chantier de Florence en 1428 ce qui mettra définitivement fin au projet. C'est Filippino Lippi qui s'enquerra 53 ans plus tard d'achever le chantier.
[...] Il est cependant difficile de parler de la couleur chez Masaccio ou Masolino, car, même parmi les ouvrages de référence sur le sujet comme Masaccio et Masolino l'art du partage (2002), la chapelle Brancacci, Église du carmine par Andrew Ladis (1994) ou encore Masaccio de John Spike (1995), les photographies diffèrent et les couleurs aussi. Nous nous attacherons donc, de façon totalement arbitraire, à l'ouvrage le plus récent en supputant que les moyens techniques étant meilleurs les photographies en serait plus fidèles. Chez Masolino on retrouve ces brossés qui suggèrent la chute du vêtement, cependant, alors que chez Masaccio ils étaient tourmentés et anguleux, les brosser de Masolino sont parfaitement droit et linéaire, les poils de la barbe de Saint Pierre sont parfaitement ondulés tout comme ses cheveux. [...]
[...] Lors de l'incendie de 1771, les cadres posés un siècle et demi plus tôt ont brûlé changeant ainsi légèrement les teintes sur les bords des fresques et ternissant les couleurs à cause des fumées générées par le feu. Parmi ces modifications on a aussi pu compter l'ajout de feuillage de pudeur sur les sexes d'Adam et Ève qui ont par la suite été retirés lors de la rénovation effectuée entre 1984 et 1988. Cette rénovation a coûté plusieurs millions à la ville de Florence, elle a constitué un des plus gros chantiers du 20e siècle dans la ville. [...]
[...] On remarque une grande diversité d'expressions chez Masaccio. On voit d'ailleurs dans cette œuvre l'étonnement sur le visage de l'homme brun qui a la tête tournée vers notre gauche et qui se situe entre l'homme en rouge et celui habillé de blanc qui se dévêt, l'attente, voir même presque l'impatience de l'homme qui grelotte derrière le baptisé, la prière, la louange de l'homme qui se situe dans le fond, les yeux au ciel, derrière celui qui se dévêt. Et c'est cette grande expressivité chez la majorité des personnages qui vient mettre en relief l'intériorité des autres. [...]
[...] On remarque notamment les plis en cuvette sur la toge de Saint-Pierre, du vieillard accroupi et de celle qu'on appelle la veuve à cause de son accoutrement. Le travail des tissus est remarquable chez Masolino, la toge de Saint-Pierre semble être faite d'un tissu lourd et épais alors que les robes des carmes semblent être plus légères. La préciosité chez Masolino se ressent plus que tout dans la représentation des corps et des visages. Les visages ont tous l'air dignes, sages, propres somme toute ils ont tous l'air noble même le vieil homme et la jeune femme qu'on peut penser endormis, semblent paisibles. [...]
[...] C'est donc justement cette absence de vide qui chez Masolino vient desservir la perspective. Ce remplissage de l'espace par le groupe de l'assistance ne nous laisse plus aucun repère naturel qui nous permet de les situer et de jauger leur taille, leurs poids, etc. Une chose nous permet de ne pas ressentir le malaise de l'absence de la perspective, un élément qui nous met sur la voie, qui guide notre œil ; le petit morceau de terrain sur lequel Masolino semble avoir posé Saint-Pierre. [...]
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