Notre patrimoine culturel s'est construit et enrichi au fur et à mesure des époques grâce à l'audace et à la témérité d'artistes novateurs. Bien souvent entre rupture et tradition, l'artiste par ses choix artistiques ou une certaine vision de la société peut délibérément déranger par son caractère trop moderne et ainsi scandaliser ou même diviser le public.
Choisir l'exemple de Mapplethorpe pour illustrer le thème du « scandale dans l'art » nous a ainsi paru une évidence. Il suffit, en effet, de regarder le magazine « Beaux Arts » portant sur la censure et l'art, daté de février 1993, pour confirmer notre choix puisque l'image choisie pour représenter ce thème sur la couverture n'est autre qu'une photographie de Robert Mapplethorpe représentant un nu masculin.
Mapplethorpe ne se considérait pas seulement comme un photographe, mais se voyait plutôt comme un artiste qui se sert du support photographique pour s'interroger et s'exprimer sur le monde qui l'entoure. Ses photographies soulèvent de profonds questionnements sur la place du photographe et le rôle du modèle, la sexualité, la beauté du corps (notamment le lien du langage du corps masculin et de la sexualité au sein de la société) ce qui implique une réflexion fondamentale sur les problèmes de censure auxquels font inévitablement face les artistes novateurs.
Malgré une remarquable maîtrise technique et la beauté de ses compositions, certaines de ses photos étaient et sont toujours considérées comme « hard », « trash » dans la manière dont les hommes y sont représentés et mis en scène. En effet, parmi ses magnifiques portraits de personnalités au style épuré, ses autoportraits, ses photographies de fleurs, il a également choisi de centrer une grande partie de son travail sur l'homosexualité et la mise en scène de la beauté, de la sexualité en général, notamment en travaillant sur des nus masculins et féminins ainsi que sur des autoportraits « crus ».
Il semble que ce soit cette partie de son œuvre qui, dans les années 80, ait le plus retenu l'attention du public, le plus marqué les esprits et déclenché de nombreuses controverses et réactions, occultant ainsi le talent artistique de Mapplethorpe pour le classer dans la catégorie des artistes « obscènes ».
Mapplethorpe se revendiquait-il vraiment comme un artiste obscène et scandaleux ? Comment en arriva-t-il à repousser les limites de la censure, à bouleverser tout un système de valeurs, contraignant même les dirigeants au pouvoir à imposer des règles plus strictes aux institutions finançant les artistes et les musées ? Mapplethorpe était-il scandaleux parce que trop novateur pour son époque ?
[...] L'image offre une représentation trop frontale du sexe. Elle prostitue l'objet représenté en le donnant à voir de façon abrupte, sans laisser au public le temps de se préparer à cette vision Dans un article intitulé la Beauté obscène consacré à Mapplethorpe, l'auteur insiste sur un paradoxe lié à la porno-graphie : celle-ci n'est que fiction, c'est-à-dire que ce ne sont que des images et non un passage à l'acte. Les images scandaleuses ne sont finalement que des fictions ou des fantasmes en images. [...]
[...] : Une grande nation mérite une grande création artistique site internet des bibliothèques de l'UQAM : Ressources par disciplines > Arts visuels et histoire de l'art > Associations, ministères et organismes culturels : (page consultée le 6 décembre 2008) http://www.bibliotheques.uqam.ca/Recherche/Thematiques/Histoire_art/index.ht ml L'art de la discorde article de Samuel Schellenberg, paru le samedi 12 Avril 2008, dans Le courrier, quotidien suisse indépendant adresse Url : http://www.lecourrier.ch (consultation le 3 décembre 2008). Cet article met également en avant l'affaire Brancusi qui eut lieu à la même époque et dont le jugement final affirme que l'art se doit d'inclure les formes les plus récentes de la création. [...]
[...] On pourrait s'interroger pour savoir s'il y a une mise en scène volontaire de la part du photographe dans le but de montrer le sexe de l'enfant ou bien si Mapplethorpe a pris ce cliché spontanément sans arrière-pensée. L'expression innocente du visage de Rosie, se mêlant d'innocence enfantine et de crainte, peut troubler le spectateur qui ne sait pas trop comment regarder cette photo. Rosie est trop jeune pour avoir conscience de sa sexualité. Cette photo n'a rien de choquant dans la sphère privée mais elle le devient par le fait même d'être exposé publiquement. [...]
[...] Mark Stevens (Mr 1/2 ) Dans ces deux dernières photographies représentant des phallus, Mapplethorpe associe la beauté à l'obscène En regardant ces photos pour la première fois notre regard est attiré par ces sexes d'une taille impressionnante ; on est à la fois gêné par l'impudeur de ces photographies et admiratif devant cette beauté d'un nouveau genre. Ces images correspondent à une esthétique nouvelle dans l'histoire de la photographie. L'image d'un phallus ne s'associe généralement pas au concept de beauté, se rapprochant plus de la pornographie ou de l'obscénité. Mapplethorpe avec Man in Polyester Suit livre une œuvre d'une grande beauté, une sorte de symphonie en gris, créant une symbiose visuelle entre le tissu du costume et la peau noire du modèle, jouant avec les lumières, les ombres et les contrastes. [...]
[...] Le scandale est d'autant plus grand que le choc est brutal, inattendu : le spectateur scandalisé est d'abord étonné, mais à cet étonnement s'ajoute un bouleversement émotif sans lequel le scandale ne serait que le paradoxe qui surprend sans fâcher. Le véritable scandale est donc accompagné de déception et de colère, une colère d'ordre éthique, proche de l'indignation qui pousse le scandalisé à agir, à se révolter contre cette insupportable mise en scène de la transgression d'une valeur fondamentale. Il est important de souligner la relativité du scandale. [...]
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