Running fence, crée par le couple Christo et Jeanne-Claude, est une œuvre monumentale qui se développe à l'échelle du territoire. Par son analyse descriptive, par une mise en relation avec les événements artistiques de l'époque, et la détermination des singularités de l'œuvre et plus généralement de l'art de Christo, nous allons essayer de comprendre en quoi le Running fence est révélateur d'une tendance qui se développe aux Etats-Unis et en Europe dans les années 1970, ainsi que d'une nouvelle conception de l'œuvre d'art.
[...] Christo en plaçant de nouveaux objets, artificiels, dans un cadre naturel a donc modifié notre regard du panorama. Cette œuvre monumentale, éphémère et instantanée était une œuvre non reproductible, inscrite dans et pour un lieu précis. Ce qui est primordial dans cette œuvre, ce n'est pas tellement la structure matérielle en elle-même mais la relation entre l'espace et les matériaux, la nouvelle manière de percevoir l'espace. Démontés au bout de deux semaines, les éléments constitutifs de l'œuvre ont été recyclés. [...]
[...] Cette nature leur offrait des possibilités plastiques nouvelles et leur permettait de matérialiser leur refus de l'atelier clos comme lieu de production et leur volonté de sortir du musée. Le terme Land Art recouvre une grande diversité d'activités artistiques : aussi bien les œuvres conventionnellement décrites comme "eathworks", c'est à dire, dont le médium est la terre elle-même, labourée, aplanie et arrondie; que des œuvres qui impliquent un processus de dialogue avec l'environnement. Ces œuvres s'expriment autour de la notion de terrain et de l'activité qui en découle. [...]
[...] Une fois l'œuvre réalisée, c'est donc par la renommée de l'artiste et par les dimensions spectaculaires de l'œuvre, que cette dernière est connue et que des personnes viennent pour la voir. Les institutions muséales ne sont donc pas ici le moyen de diffusion de l'œuvre, mais le relais est passé aux journaux et à la télé. Lorsque l'œuvre est démontée, elle demeure donc dans la mémoire des gens, et Christo reste associé au lieu qu'il s'est approprié, même si aucune trace ne demeure. Les Christo font donc encore intervenir l'autre dans la diffusion et le souvenir de l'œuvre. [...]
[...] Christo et Jeanne-Claude Christo Vladimiroff Javareff est né le 13 juin 1935 à Gabrovo, ville industrielle du nord de la Bulgarie. Jeanne-Claude de Guillebon est née le même jour, à Casablanca, dans une famille de militaires français. L'enfance de Christo se passa au contact de la guerre, et ce n'est qu'en 1953 qu'il débute sa formation artistique. Il entre alors à l'Académie des Beaux-Arts de Sofia, étudie la peinture, la sculpture et l'architecture jusqu'en 1958. Dans un pays où le réalisme socialiste était la norme, on leur imposait un traitement marxiste-léniniste des sujets comme du style, et on leur demandait même un travail de propagande comptant pour les examens. [...]
[...] Mais en insistant sur la dimension sociale de l'œuvre, Christo met en avant l'importance de la démarche et du processus de création face à l'œuvre finale, qui devient un phénomène de société. Ce n'est plus la reconnaissance de l'institution muséale qui fait l'œuvre d'art, mais la reconnaissance et l'acceptation du public. Enfin, la brièveté de l'œuvre peut nous interroger sur la notion de conservation des œuvres, une des finalités des musées, et même sur la notion de patrimoine : que faut-il conserver ? Que faut-il détruire ? [...]
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