A la fin des années 60, le contexte culturel français est très difficile. Après l'épisode de mai 68, il est reproché aux musées de réserver l'Art à une élite, seule détentrice des clés pour comprendre et interpréter les œuvres. De plus, ces mêmes musées sont délaissés et prennent la poussière, malgré les infructueuses tentatives de renouveau amorcées par André Malraux dès la création du ministère de la Culture en 1959, de démocratiser la culture et de l'ouvrir aux masses populaires. On observe un énorme retard culturel. En effet, là où New York, Stockholm ou encore Amsterdam restent dynamiques et réalisent même des infrastructures dédiées, Paris, ancienne capitale des Arts au rayonnement autrefois mondial, n'a mis en place aucun musée dédié à l'art contemporain, se contentant de ressasser éternellement les artistes de la première École de Paris, notamment grâce au Palais de Tokyo qui manque cruellement de place pour exposer la majeure partie de sa collection.
[...] Devenu figure emblématique de l'art contemporain avant même que la France ait mis en route l'idée du centre Beaubourg, son succès retentira forcément jusqu'à Paris. Il se fera remarquer lors de sa rencontre avec Georges alors premier ministre et Claude Pompidou visitant le musée, et c'est probablement cette rencontre qui fut décisive pour le futur choix du directeur du MNAM, quelques années plus tard. Répondant à l'invitation de Robert Bordaz de prendre ce poste, il commence déjà, avant même que le Centre ait été construit, à construire les bases du musée qu'il devra diriger une fois construit, notamment en acquérant des œuvres d'artistes contemporains ou ayant marqué les décennies précédentes il achète par exemple la Boutique Ben appartenant à Ben Vautier en 1975 et décide des futures initiatives nouvelles qu'il mettra en place au musée. [...]
[...] C'est par des actions modernistes et totalement nouvelles qu'il surprend le public et les critiques et permet au musée d'acquérir une renommée internationale. Il fait notamment exposer des artistes américains d'avant-garde, comme Jasper Johns ou britanniques, comme Francis Bacon qui présentent tous les deux un rapport à l'art novateur, à l'image de John Cage pour ne citer que lui. Enfin, dans Sculptures pour aveugles et non- aveugles les œuvres sont exposées dans l'obscurité et le public ne peut que les tâtonner sans même les apercevoir, façon de faire voir l'art d'une nouvelle façon moins visuelle tout en proposant enfin une exposition qui mette sur un pied d'égalité les aveugles et non-aveugles. [...]
[...] Il attire aussi un public jusque-là ignoré en créant l'Atelier des Enfants, animation permettant d'initier les enfants à l'art en les faisant créer et en les laissant s'exprimer. De même, les visites guidées concernent ce public jeune puisqu'ils sont parfois invités à créer, avant de voir des œuvres, en rapport avec celles-ci. Par des actions somme toute très simples, Pontus Hultén va établir le Musée National d'Art Moderne et le Centre Beaubourg en tant que monstre culturel à l'échelle nationale, européenne et internationale. [...]
[...] ) qui soit à la fois un musée et un centre de création, où les arts plastiques voisineraient avec la musique, le cinéma, les livres, la recherche audiovisuelle, etc. Le musée ne peut être que d'art moderne, puisque nous avons le Louvre. La création, évidemment, serait moderne et évoluerait sans cesse. La bibliothèque attirerait des milliers de lecteurs qui du même coup seraient mis en contact avec les arts. Ainsi est lancé la même année le premier concours d'architecture ouvert au public qui permettra de définir la forme du futur centre culturel prenant place à l'ancien emplacement des Halles Balthar en plein quartier Beaubourg, au cœur de Paris. [...]
[...] Il participe aussi à son enrichissement en achetant de nombreuses œuvres et en mettant en place une vaste politique de donations (et de dations) qui viendront renforcer la collection initiale importée du Palais de Tokyo (ce qui provoqua d'ailleurs énormément de protestations de la part des Amis du Palais de Tokyo et des donateurs de ce musée). Les acquisitions viennent d'artistes Pop-Art, de l'école de Nice, des artistes d'avant-garde du siècle passé, de nombreux courants artistiques de réputation moindre, et permettent l'affirmation du musée en tant que pôle d'art contemporain majeur et international. [...]
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