Rideau de scène pour le ballet d'Erik Satie Parade, 1917, Pablo Picasso, Musée national d'art moderne de Paris, théâtre du Châtelet, surréalisme, Apollinaire, période bleue, période rose, Matisse, cirque Médrano, Braque, réalisme, néoclassicisme ingresque
Dans le programme du ballet Parade d'Erik Satie, Apollinaire salue dans le travail des artistes "pour la première fois ce mariage entre la peinture et la danse, la plasticité et le mime qui est le signe de l'avènement d'un art plus complet". Parmi les créateurs de ce ballet, Pablo Picasso est chargé de créer le gigantesque rideau de scène de 10,50 x 16,40 m réalisé à la peinture à la colle sur toile de jute entre 1916 et 1917. S'il est aujourd'hui conservé dans les réserves du Musée national d'art moderne de la ville de Paris et exposé très rarement à la vue du public, il fut conçu initialement pour le théâtre du Châtelet et pour les autres théâtres d'Europe qui accueilleraient la troupe.
[...] En 1900 il part à Paris pour l'Exposition universelle où il expose une œuvre et s'installe définitivement à Montmartre au Bateau-Lavoir en 1904. Ses rencontres avec d'autres artistes d'avant-gardes comme Henri Matisse, Erik Statie ou encore Guillaume Apollinaire, des femmes telles que Fernande Olivier, Gertrude Stein ou encore Olga Khokhlova et ses voyages comme celui de Gosól vont influencer l'évolution de son style. Son travail se caractérise en effet par différentes périodes, dont la période bleue de 1901 à 1904, caractérisée par l'emploi de camaïeux de bleus, de couleurs froides dans des représentations pleines de mélancolies suite au suicide de son ami Casagemas en 1901. [...]
[...] Il fait également appel à Léonide Massine pour la chorégraphie. Jean Cocteau, poète avant-gardiste se charge lui-même de choisir et d'écrire le thème du ballet. Ainsi, Cocteau rencontre Picasso à automne 1915 par l'intermédiaire d'Edgar Varèse afin de lui soumettre le projet de ce nouveau ballet moderne. Picasso accepte, car c'est pour lui un moyen d'échapper à la monotonie de sa vie parisienne depuis le départ de ses amis sur le front et parce que Erik Satie est l'un de ses amis. [...]
[...] Le décor de ruine en fond de scène peut quant à lui faire écho à une carte postale d'un paysage napolitain que Picasso aurait acheté lorsqu'il a suivi la tournée des ballets russes en Italie. Ce décor de ruine inspiré par l'antiquité romaine avec l'arc en pierre et la colonne montre un retour à des éléments néoclassiques et donc une influence d'Ingres sur l'artiste. Par ailleurs, c'est durant sa relation avec Olga à partir de 1917 jusque dans les années 1920 que Picasso délaisse en grande partie le cubisme pour une forme de néoclassicisme. [...]
[...] Les personnages à l'allure robotique symbolisent la déshumanisation des manageurs pour qui l'art avait uniquement un but financier. Par ailleurs, les choix modernistes d'Erik Statie pour la musique par l'emploi d'effets sonores tonitruants -tels que des sons de machines à écrire- participent à la destruction du caractère « sacré » et traditionnel du ballet. Ainsi, il cherche à donner de ce ballet une version plus proche de la vie réelle. En effet, ces sons sont ceux d'une ville qui se modernise, s'industrialise. [...]
[...] L'accueil du ballet nommé Parade est controversé et déchaîne à la fois les critiques et les éloges du public. À l'instar du Sacre du Printemps de Stravinsky présenté à Paris en 1913, Parade est jugé provocateur et choque le public habitué aux ballets d'avant 1914 par ses costumes cubistes, sa musique et notamment ses bruits de machine à écrire. Avant Parade, il n'existait pas de ballets avec une telle alliance des arts et à cette époque l'art moderne reste encore incompris du grand public. [...]
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