1855, première exposition universelle de Paris. On chante la Modernisation, ce processus de transformation à tous les niveaux d'un monde archaïque en un monde nouveau. On célèbre les industries, les commerces et les arts français. Tous les arts ? Au pavillon de l'industrie, les cinq mille tableaux qui se juxtaposent sont scrupuleusement sélectionnés par le jury des Beaux-Arts, intransigeante censure qui incarne les traditions sacrées. 1855, c'est aussi des toiles rejetées.
Le combat contre la modernité, tout ancré dans ladite modernité qu'il est, c'est le combat de l'Académie contre le naturalisme de Breton, le réalisme de Courbet ou l'impressionnisme de Monet, c'est les portes closes des Salons et le refus obtus de l'Institut d'exposer des œuvres qui "déclarent la guerre à la beauté." (Jules Claretie).
De manière extensive, c'est un choc générationnel, une divergence radicale d'opinions, avec d'un côté la jeunesse, structures –sociales, politiques, économiques ou culturelles - nouvellement créées, et de l'autre leurs ancêtres, vouant un culte presque shintoïste à celles de l'ordre Ancien. Ingres contre Manet, aristocrates contre ouvriers, Église contre État, droite contre gauche, c'est l'histoire de ce mai 68 avant l'heure que le sujet invite à exploiter.
L'énormité du phénomène rend toute résistance sinon vaine, du moins très difficile et on peut se demander quel fut l'impact de ces différents conflits d'intérêts sur le processus de modernisation.
[...] Il en est ainsi de la France où le sentiment nationaliste, exacerbé notamment par la défaite de Sedan en 1871, s'exprime sous ses formes les plus poussées, l'antisémitisme et la xénophobie, lors des conflits tels que la menace boulangiste ou l'affaire Dreyfus. Mais la modernisation est un processus bien plus global que ces différents mouvements, si tant est que l'on puisse parler de ‘mouvements', qui, on l'a vu, ne sont restés que ponctuels parce que principalement dus à des conflits d'intérêts, et disséminés, manquant d'organisation et de bases solides. C'est pourquoi, pour survivre, ces courants contestataires n'ont d'autre choix que de s'adapter aux mutations qui bouleversent les sociétés européennes. La première caractéristique est la dilution de l'identité aristocratique. [...]
[...] Finalement, seuls le sentiment nationaliste des pays de l'Europe occidentale, et le conservatisme déplacé de Nicolas II resteront résolument opposés à la modernisation dont l'avatar le plus radical sera la montée du mouvement communiste. L'assassinat du premier ministre Stolypine, qui avait tenté de concilier libéraux et conservateurs par une série de réformes infructueuses montre le rejet total et absolu des révolutionnaires bolcheviques du régime mis en place. La guerre de 1914 d'une part, et la révolution d'octobre 1917, seront les sanglantes conséquences respectivement du nationalisme exacerbé et du conservatisme impérial. [...]
[...] Le luxe se mue en un ‘luxe de marketing' et nous n'avons plus d'œuvres, conclue Balzac nous avons des produits (1833). Ce phénomène d' aristocratisation de la bourgeoisie est renforcé par l'aristocratie elle-même qui, numériquement faible, soucieuse de son empreinte sur la société, cherche à élargir son cercle en organisant des mariages inter-classes, liant notamment l'ancienne noblesse d'empire aux héritier(e)s des parvenus. Ainsi, le comte Boni de Castellane épouse la richissime Anna Gould, et Lord Roseberry se lie à une Rotschild. [...]
[...] La Russie plonge alors dans une effervescence animée par le peuple en grève et, pour arrêter la vague révolutionnaire, le tsar décide de satisfaire les revendications des libéraux en créant une Douma d'Etat. Toutefois, loin d'engager la Russie sur la voie du parlementarisme, le but premier du tsar était de diviser le peuple : les libéraux, satisfaits, laissent le pouvoir écraser les mouvements socialistes qui ont continué à sévir dans les grandes villes. Les dissolutions successives de la Douma par le tsar montrent bien l'absence de libéralisation du régime. [...]
[...] Lorsqu'il émerge, au tournant du XVIIIe siècle, ce dernier se réclame de gauche, puisqu'il va de concert avec les revendications libérales et unitaires des révolutions de 1830 et de 1848. C'est le mouvement national démocratique qui mène, en 1931, à l'indépendance de la Belgique, c'est également du mouvement national démocratique que se réclame la Jeune Italie de Mazzini. C'est Bismarck qui, le premier, distingue sentiment national de la démocratie, en le détournant de l'inspiration libérale lors de l'unification de l'Allemagne par la Prusse. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture