Dans le domaine artistique, le mythe du génie accompagne toujours les figures des grands maîtres, un génie qui s'approprie et domine leur époque. Le sujet soulève la question de l'originalité du peintre par rapport aux règles observées jusque-là en peinture. Rembrandt y est décrit comme le « premier hérétique en peinture » qui « ne bâtit pas sur des fondements communs » et ne « reconnaît pas les règles » de l'art. Gérard de Lairesse est un des représentants de la peinture académique aux Pays-Bas après Rembrandt, on peut supposer que les règles auxquelles il fait allusion sont les règles classiques de la peinture depuis la Renaissance. Il défend donc l'idée d'une peinture d'académie et de règles a priori de la démarche artistique. La question se pose donc de savoir dans quelle mesure Rembrandt a transgressé ces règles sacrées tout en discutant des aspects traditionnels de sa peinture. Gérard de Lairesse exprime également l'idée de « dons innés » et du fait que l'artiste a voulu « tout découvrir par lui-même ». Tout en admettant l'indéniable génie de Rembrandt et ses expérimentations picturales, une question s'impose : dans quelle mesure la peinture de Rembrandt est-elle le fruit d'une innovation et d'une réflexion nouvelle sur les sujets traités ainsi que sur la peinture elle-même ? Ne doit-on pas remettre en question l'affirmation de Lairesse du fait que Rembrandt a fait son apprentissage chez des peintres romanistes ? Qu'a-t-il retenu de ses maîtres ? N'a-t-il pas puisé des idées chez les grands maîtres contemporains ou qui l'ont précédé ? Il convient enfin de relever l'ambiguïté de la citation, car si l'auteur n'est pas en accord avec les principes picturaux de Rembrandt, il parle néanmoins du « grand Rembrandt », d'une « main si bonne » et d'un esprit « noble ». Cela témoigne de la fascination qu'a occasionnée l'œuvre de Rembrandt et de la reconnaissance de son génie malgré tout, et dès son époque.
[...] C'est en cela qu'il est véritablement novateur, et si l'on ose dire moderne. Son attitude face à l'art de peindre fait déjà penser à la réflexion moderne, telle que l'envisage Maurice Denis : Se rappeler qu'un tableau, avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées Ce parallèle anachronique est peut-être dangereux ou abusif, mais il permet de mieux comprendre la démarche du maître. [...]
[...] N'a-t-il pas puisé des idées chez les grands maîtres contemporains ou qui l'ont précédé ? Il convient enfin de relever l'ambiguïté de la citation, car si l'auteur n'est pas en accord avec les principes picturaux de Rembrandt, il parle néanmoins du grand Rembrandt d'une main si bonne et d'un esprit noble Cela témoigne de la fascination qu'a occasionnée l'œuvre de Rembrandt et de la reconnaissance de son génie malgré tout, et dès son époque. Dans un premier temps, il faut considérer les innovations majeures de Rembrandt, en rupture avec la peinture académique, sur le plan de la composition spatiale, de la touche et de la ruwe mannier, mais surtout du mélange des manières. [...]
[...] Rembrandt choisit de ne pas le représenter avec un type grec et lui peint un nez tout à fait original. De la même manière, La Minerve qu'il peint en 1635 est habillée à la mode de l'époque, elle est présentée à son bureau devant un livre, le seul clin d'œil à la mythologie antique dont elle est extraite étant le casque doré en arrière-plan. Rembrandt prend aussi ses distances d'un héritage un peu moins ancien, celui du portrait de groupe. [...]
[...] Selon Vasari, la manière non finie, rugueuse de Donatello ou de Titien témoigne d'une imagination qui dépasse les simples dons manuels et séduit les amateurs d'art qui s'enorgueillissent de pouvoir comprendre ce que le pinceau vif et brillant de l'artiste suggère à leurs regards et à leurs esprits raffinés. Il s'agit d'un art de virtuose pour courtisan connaisseur, qui s'adresse à l'imagination qui doit percevoir dans les traits esquissés la représentation de l'objet. Depuis Léonard de Vinci, l'esquisse a même acquis un statut spécial, puisqu'elle correspond au moment fugace de l'inspiration du peintre. Le traitement de la couleur de Rembrandt est un procédé suggestif, destiné à l'amateur éclairé. [...]
[...] Si Andries de Piels, tout comme de Lairesse le traite comme le premier hérétique en peinture, c'est parce qu'il l'accuse de ne pas savoir imiter les modèles antiques. Par là on peut entendre comme on vient de le voir, le refus de sujets mythologiques mais aussi le refus de représentation des corps à la manière antique, c'est-à-dire l'idéalisation. Il est clair que Rembrandt a plutôt tendance à éviter de faire ressembler les hommes et femmes qu'il peint à des dieux ou des déesses. [...]
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