Le procès d’Henricus van Meegeren, faussaire de Vermeer et ses répercussions sur le monde de l’art

Résumé du document

En dehors de son activité de faussaire, Henricus Van Meegeren (1889-1947) est un peintre, un marchand et restaurateur de tableaux, et surtout un fin connaisseur de l'histoire et du monde de l'art. En tout cas, il ne s'y trompe pas lorsqu'il entreprend d'imiter Vermeer : le succès du grand maître hollandais, les mystères qui entourent son oeuvre et la vivacité des débats dont il fait l'objet favorisent son entreprise. Cependant, contrefaire un peintre du XVIIe siècle dans la première moitié du XXe pose des défis majeurs aux niveaux artistique et technique. Comment, en effet, rendre non seulement le style virtuose de Vermeer, mais encore l'aspect vieilli d'une peinture âgée de trois cents ans ? C'est précisément ce double défi qui intéresse van Meegeren, les retombées financières ne constituant pas le seul mobile du faussaire. Par ailleurs, celui-ci a la finesse de s'appuyer sur deux institutions et sur les idéologies qu'elles véhiculent : l'État et surtout le monde de l'art, dont il connaît les débats, les mythes et les limites.

Extraits

[...] Retour à la vérité : deux authentiques Vermeer, Rotterdam, A. D. Donker S.A GUARNIERI Luigi, La double vie de Vermeer, Arles, Actes Sud (1ère éd. : Milan, Arnoldo Mondadori Editori S. p. A., 2004). GÜNTHER GRIMM Ernst, Jan Vermeer de Delft, Paris, Editions du Chêne (1ère éd. : Cologne, Dumont Schauberg, 1974). KILBRACKEN (LORD), Van Meegeren ou la vie d'un faussaire, Paris, Mercure de France (1ère éd. : 1967). [...]

[...] Les peintures que mentionne Meegeren ont dépassé le stade de l'authentification. Le monde de l'art, entendu comme une institution regroupant toutes les personnes ayant un rapport à l'art, n'est pas une institution aussi bien définie qu'une institution étatique comme la justice, qui repose sur un corpus de textes écrits. Cependant, le monde de l'art possède ses codes qui, pour être implicites et divers, n'en sont pas moins efficaces et bien ancrés. En l'occurrence, dans le processus d'authentification d'une œuvre, il est admis que ce soient les papes de la discipline qui, en dernière analyse, sont habilités à décider si une peinture est un faux ou un vrai. [...]

[...] Cette résine permet notamment de vieillir la peinture en la cuisant. En effet, après plusieurs passages dans le four, la couche de peinture est parfaitement sèche et aussi dure que celle d'une œuvre du XVIIe siècle. Elle résiste ainsi aux agents corrosifs qu'utilisent habituellement les restaurateurs pour vérifier si une peinture est ancienne ou moderne (dans ce cas, elle est attaquée). En outre, en séchant, le médium de Meegeren revêt des craquelures au dessin très crédible, formées sur le réseau des craquelures originales. [...]

[...] : Amsterdam, J.M. Meulenhoff, 1939). WYNNE Frank, I was Vermeer, the legend of the forger who swindled the Nazis, London, Bloomsbury Articles HEINICH Nathalie, Art contemporain et fabrication de l'inauthentique Terrain, sept p à 16. MERIORES SHAWI John, Van Meegeren et les faux Vermeer in SEGALAT Jean (dir.), Les grandes affaires criminelles, Genève, Edito-Service p. 119-157. R., Un falsario d'eccezione : Van Meegeren La Critica d'arte, 1er janvier 1950. THÉRIAULT Mélissa, Faux Tableaux, vrais problèmes : la question de la contrefaçon AE. [...]

[...] Coremans de cet aveu dans les premières lignes du rapport scientifique qu'il établit dans le cadre du procès : On the 12th of July the art world was shaken to its fondations by what appeared to be the outrageous presumption of a Mr. van Meegeren. Le mot outrage n'est pas trop fort : toutes ces toiles ont été jadis authentifiées par différents spécialistes. À vrai dire, l'affaire touche les meilleurs historiens de l'art, les plus célèbres directeurs de musée, des restaurateurs, des experts techniques, certains des plus importants collectionneurs privés et toutes sortes d'intermédiaires. Son ampleur polémique dépasse largement les frontières des Pays-Bas et le cadre élitaire des spécialistes. [...]