Politiques artistiques, Ancien Régime, monarchie napoléonienne, convergence, divergence, souveraineté, Révolution française, Hyacinthe Rigaud, représentation du pouvoir, Louis XIV, Napoléon Bonaparte, néoclassicisme
De l'Ancien Régime à la monarchie napoléonienne, l'historiographie contemporaine retient la Révolution française comme le passage, le catalyseur, d'une réforme de l'entendement des peuples européens sur leur condition politique : la souveraineté est transférée du corps du roi au corps national - le roi n'est plus le souverain, c'est désormais la nation constituée qui l'est. Le régime napoléonien, entre poursuite de l'oeuvre révolutionnaire et conjugaison de certains fondamentaux du système d'ordre de l'Ancien Régime (comme la théorisation d'une souveraineté pleine et entière du monarque avec Jean Bodin), s'inscrit volontairement dans une continuité de l'État-nation par-delà les régimes circonstanciés de l'époque.
[...] Ainsi, les politiques artistiques sous l'Ancien Régime et sous la monarchie napoléonienne peuvent apparaître à la lumière de cette apparente dualité qui oblitère des réalités complexes : sont-elles convergentes ou divergentes ? Peut-être davantage qu'une conflictualité irréconciliable, faut-il user d'une étude approfondie de l'imaginaire politique que déploient les mouvements artistiques et les œuvres de ces deux périodes qui offrent une disproportion temporelle significative. En effet, l'Ancien Régime a une existence que l'on fait traditionnellement dater du baptême de Clovis (496) à la Révolution française (1789), soit plus de mille ans d'histoire. [...]
[...] Ce n'est cependant pas le cas de la monarchie napoléonienne. Cette légitimation progressive exécutée par Napoléon lui-même, puis l'acquisition d'une popularité grandissante par les faits d'armes, puis par la prise du pouvoir politique, impose une représentation qui soit à la hauteur de tout ce que Napoléon a à offrir. Certes, sa légitimité n'est pas naturelle, elle n'est pas donnée de Dieu ; mais Napoléon est l'enfant de la Révolution, homme de son temps, et l'art doit servir de légitimation à son pouvoir suprême qui tire sa source dans la justification d'une continuité de la France au-delà des régimes. [...]
[...] Cette représentation du pouvoir, qu'elle passe par la figuration directe ou symbolique, conserve toute leur pertinence dans la solidification de concepts importants de l'époque et dans le transfert du roi souverain à la nation souveraine. [...]
[...] C'est le néo-classicisme, et c'est ce dernier qui donne le tempo à la vie des politiques artistiques menées sous la monarchie napoléonienne. Tant fruit d'une réaction au baroque que d'une réappropriation d'une figuration antique, la structure néo-classique est en quelque sorte l'exemplification du triomphe de la raison. La monarchie napoléonienne est elle-même issue de ces bouleversements de la fin du XVIII[e] siècle : Napoléon lui-même n'est-il pas qualifié usurpateur par les partisans résolus de l'Ancien Régime ? Aussi, cette divergence notable, ce pas de côté stylistique, s'illustre dans l'officialisation du style néo-classique en France. [...]
[...] Dans l'historicisation des politiques artistiques, c'est donc la complémentarité de mouvements qui jouent sur des rapports de réciprocité qui est sensible : la porte est laissée ouverte aux interprétations causales de cette complémentarité, mais au moins deux causes peuvent être relevées. La première est sans doute celle d'une impossibilité d'une stricte tabula rasa (on ne détruit jamais tout sans construire, paradoxalement, dans la destruction) et la seconde d'une mise en conflictualité qui marche toujours sur un mode de réciprocité duale : l'un ne peut s'opposer à l'autre si l'autre, tout simplement, n'existe pas. [...]
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