Tout au long du XIXe siècle, la peinture française – produite par des Français résidant le plus souvent en France – est à la tête des innovations artistiques, avec le romantisme d'un Delacroix puis le réalisme de Courbet et de Manet. Entre la fin du siècle et le milieu du XXe siècle, on peut distinguer deux grands moments dans la peinture produite en France.
Si l'impressionnisme et les mouvements mineurs qui se diffusent jusqu'au début des années 1900 sont très largement le fait de peintres français, la période cubiste de Picasso marque le début d'une tendance cosmopolite dans la peinture française qui doit désormais sa prééminence à des artistes étrangers installés en France – ce qui explique au demeurant que les historiens de l'art excluent souvent cette période de "la peinture française".
Dans les années vingt et trente, Paris conserve sa place d'épicentre de l'activité artistique en Occident, tout en cédant peu à peu le pas devant New York. À l'aube de la Seconde Guerre mondiale, la peinture française n'est plus le foyer d'activité des avant-gardes et elle perd son prestige; dès lors, les artistes installés en France s'inspirent des divers courants de l'expressionnisme abstrait des Américains.
[...] Le peintre ne met plus en scène des événements historiques ou mythologiques sur une sorte d'estrade fixe rigidement cadrée et extérieure à lui, mais il entre dans la boîte noire du réel. Il convient de s'intéresser moins à l'aspect lyrique de l'impressionnisme, c'est-à-dire l'influence des sensations lumineuses sur son mode de représentation de l'espace. Ce sont surtout les fondements plastiques traditionnels de la représentation hérités du Quattrocento qui sont remis en cause. En fait, la plupart des toiles, par exemple les Meules ou les Cathédrales de Monet, ont un schéma de composition analogue à celui d'une toile classique : espace cubique et fenêtre ouverte d'Alberti. [...]
[...] Le Déjeuner des canotiers est une transposition populaire et moderne des grandes fêtes princières de Véronèse. Très parlante est l'opposition de Danse à la ville et Danse à la campagne, tous deux de 1883, qui traduit les divergences de convenances sociales entre la bourgeoisie industrielle et le milieu rural : dans le premier tableau les figures ne sourient pas et les couleurs sont plus froides, alors que dans le second l'atmosphère est teintée de joie de vivre. b. Le monde industriel s'immisce dans le paysage français Chez Paul Signac avec Les Gazomètres, Clichy (1886) ; chez Seurat qui dépeint des scènes de détente et de plein air, mais avec une accentuation significative sur l'environnement industriel et urbain. [...]
[...] Le Salon officiel avec ses prix et ses récompenses (son Prix de Rome est accompagné d'un séjour d'un an à la villa Médicis) perd peu à peu son statut de référence ultime, et l'on cesse de classer les artistes comme "admis" ou "refusés". Au demeurant, Monet fait un retour sans éclat au Salon en 1880, ce qui ne freine en rien sa carrière. B. La multiplication des salons indépendants et les stratégies de succès des peintres anticonformistes pour imposer une nouvelle définition de la peinture française Le grand public apprécie d'habitude les artistes académiques qui reçoivent les commandes officielles et dont les œuvres sont popularisées par les livres de classe ou les calendriers. [...]
[...] Dès 1892 Maurice Denis clame que toute la peinture moderne venait et viendra de lui. Et Cézanne de répondre aux académistes "maintenant, j'emmerde Bouguereau". Son exemple illustre l'idée selon laquelle les évolutions décisives de la peinture française procèdent de l'œuvre travaillée en solitaire. b. Le symbolisme à contre-courant du naturalisme dominant devenu forme universelle Gauguin en est un précurseur : dans La Vision après le sermon il introduit pour la première fois une couleur entièrement subjective, savoir le fond rouge de scène onirique imaginée par les religieuses. [...]
[...] C'est pourtant par cette école de Paris cosmopolite que se définit la peinture française du XXe siècle. Dans son recueil d'essais Le Rappel à l'ordre Jean Cocteau, moderne s'il en est, affirme la nécessité de revenir à un certain réalisme qui rende les innovations plus intelligibles et améliore leur réception. C'est la voie que va suivre Léger qui s'intéresse au réalisme social, ou encore Picasso, qui s'inspire alors d'Ingres, Corot et Cézanne avant de se lancer dans le surréalisme, puis l'expressionnisme dans les années 1930. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture