Grigorescu est né en 1838, dans une période de profondes transformations et de mutations politique, sociale et intellectuelle. Alors sous domination ottomane, les principautés roumaines s'étaient vues attribuer des princes Phanariot au sein des gouvernements, grâce auxquels l'Empire avait espéré préserver son contrôle sur la Valachie et la Moldavie. Durant ce régime sont présentées de nombreuses réformes politiques, sociales et économiques.
Considéré comme le chef de file de la peinture moderne de Roumanie, Nicolae Grigorescu passa pourtant une grande partie de sa vie en France aux côtés des artistes tels que Millet, Corot et Daubigny durant la seconde moitié du XIXe siècle. Cette période de mutation générale, remuée par les changements politiques fut le fruit d'une réaction artistique qui déboucha sur ce que Courbet nomma réalisme puis sur l'impressionnisme.
Comment Nicolae Grigorescu a-t-il composé avec ces différentes influences ?
[...] A cette différence technique s'ajoute une différence théorique. En effet, pour les impressionnistes, le monde extérieur n'existe que sous la forme d'une impression et n'a aucune valeur objective. Pour Grigorescu, le monde à une valeur objective qu'il tente de transposer dans sa peinture par la représentation de paysage, de portraits d'homme et de femme, dans le même esprit que le réalisme de Courbet. Ce n'est pas seulement l'impression qui importe, il veut représenter la vérité, sans fioritures, telle qui la voit. [...]
[...] En 1857, les assemblées de Moldavie et de Valachie votent la création d'une union entre les deux principautés, finalisée en 1859 par l'unité politique en plaçant l'union sous la direction d'Alexandru Ioan Cuza qui se retirera, volontairement ou non, au profit du prince allemand Carol de Hohenzollern-Sigmaringen plaçant ainsi la Roumanie sur la scène politique européenne. En 1866 est rédigée une nouvelle constitution libérale moderne, s'inspirant de celle de la Belgique, alors la plus libérale de son temps. La Roumanie trouva ainsi sa place dans la modernité. [...]
[...] Ainsi, ils vont partir à la recherche de la ligne simple, faire du travailleur une masse fruste, accentuer les raccourcis de leurs gestes. La couleur va s'assombrir, perdre en tonalité. Les sentiments de leurs personnages ne viendront pas du fait de leurs détails mais de leur grossièreté. Courbet sera le père de ce réalisme, fortement lié au courant d'idée républicain et socialiste qui aboutira à la révolution de 1848, qu'il nomma lui même sur le fronton son pavillon lors de l'exposition universelle de 1855, révulsé par l'ostracisme du jury. [...]
[...] C'est donc à la vue du travail réalisé par le peintre dans le monastère d'Agapia en 1858 que Kogalniceanu décida d'envoyer Grigorescu à Paris. En effet, l'artiste avait tenté d'obtenir une bourse d'État par le biais du système académique mais sa formation lui faisait défaut. Cependant, Kogalniceanu, homme de culture, écrivain, diplomate et collectionneur d'art portait sur l'art de Grigorescu un regard ambitieux aux vues de ses aptitudes éclatantes Il savait que l'épanouissement de l'art ne devait pas forcement passé par les écoles académiques. [...]
[...] De retour en France en octobre, il va rester près de trois ans à Barbizon. Il n'en est plus à ses tâtonnements du début, son retour au pays lui a fait prendre conscience de ses futurs choix esthétiques. Il réalisera dans cette période des œuvres comme Automne à Fontainebleau, Lisière des bois à Barbizon, qui semblent s'inspirer des paysages de Daubigny par l'atmosphère et la végétation auquel il ajoute un ton gris enveloppant de lumière toute la composition. Dans le genre du portrait, il exécuta Le gardien de Chailly, qui rappelle sans équivoque la manière de Courbet, avec la lumière qui sculpte et découpe le personnage. [...]
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