Paris, Rome, capitales baroques, 1550-1650, art baroque, prééminence catholique, Europe
« Le Baroque est multiforme ; il est dans son génie de s'évanouir sous la prise et de réapparaître, tel Protée, sous une forme nouvelle ; sa définition veut qu'il soit rebelle à la définition. » Jean Rousset.
Mot d'origine hispano-portugaise (barroco qui apparaît en 1531), baroque, qui décrit originellement une perle irrégulière d'un éclat particulier, désigne bientôt, un style d'origine romaine. Né à Rome au milieu du XVIe siècle, l'art baroque se caractérise par l'emploi de nombreuses couleurs, par le souci du détail et par ses lignes courbes. Favorisé par la Compagnie de Jésus, il s'est répandu à travers les régions catholiques d'Europe, en France, et notamment à Paris.
[...] Pour répondre à cette question, il conviendra d'abord d'étudier la place du baroque à Paris et à Rome entre 1550 et 1650, puis de se demander pourquoi il est si important, et enfin de voir les acteurs qui ont participé à son développement. En art, le baroque veut étonner, toucher les sens, éblouir, et y parvient par des effets de mouvements et de contrastes lumineux, de formes tendues et contrariées jusqu'à suggérer l'éclatement, de perspectives jouant du trompe-l'œil. Cet art nouveau, à Paris et surtout à Rome, devient un art multiforme (J. Rousset) dès la seconde moitié du XVIe siècle. Dans sa forme architecturale, le baroque apparaît pour la première fois à Rome au début des années 1540. [...]
[...] Dans la cité des papes, les grandes familles cardinalices Farnèse et Borghèse contribuèrent au développement du baroque. Le neveu de Paul Scipione Caffarelli-Borghese, lui-même cardinal, fit construire, face au palais pontifical, par Flaminio Ponzio et Maderno, un nouveau palais avec jardin et casino qui appartint plus tard à Mazarin. Mais le souvenir le plus visible du mécénat de Scipione Borghèse à Rome reste toutefois la villa qui porte son nom. La villa des Borghèse fut dès le XVIIe siècle, considérée comme l'une des merveilles du monde Les artistes eux-mêmes participent au développement du baroque par les voyages, à Rome surtout, dont le modèle s'exporte dans toutes les régions catholiques d'Europe. [...]
[...] L'architecture de la Rome baroque se retrouve à Paris, plus tard, dans la première moitié du XVIIe siècle, avec notamment la chapelle de la Sorbonne (dont Richelieu posa la première pierre en 1635) où Lemercier s'inspire des églises romaines dans le plan ingénieux, la régularité de la façade à niches et à volutes, ainsi que la majestueuse coupole. Le baroque est aussi un art du décor, qui englobe d'autres formes, dont la peinture et la sculpture. À Rome, le grand maître de la sculpture est le Bernin. [...]
[...] Cependant, si Rome devient dans cette période la capitale baroque par excellence, on ne peut pas en dire autant de Paris. On l'a dit, le baroque s'installe plus tardivement qu'en Italie à cause du contexte particulier que connaît la France à cette époque, mais il faut aussi rajouter que Paris se développe un autre style qui lui est propre : le classicisme. Celui-ci triomphe dans la capitale sous le règne de Louis XIV, époque où le baroque commençait à se faire oublier dans l'hexagone, contrairement à Rome où il perdure jusqu'au XVIIIe siècle. [...]
[...] Par l'intermédiaire de tous ceux qui sont en contact avec Paris ou Rome, ce goût pour le baroque se diffuse en Europe, grâce aux migrations des artistes, mais également grâce ordres religieux fortement marqués par l'influence romaine, comme les jésuites. La naissance du baroque à Rome est concomitante avec celle de la Compagnie de Jésus, fondée en 1537, pour renforcer l'influence catholique perdue et évangéliser le Nouveau Monde. C'est un élève de Michel-Ange, Giacomo della Porta (jésuite), qui développe le langage baroque, en particulier à travers l'élévation de la façade l'église du Gesù (1584), église-mère de la Compagnie alors en pleine expansion. [...]
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