Arménie, art arménien, histoire, islam, musulman, parenté, inspiration, influence, architecture, sculpture, peinture, caravansérail, église, mosquée, entrelacs, stèles, fresque, enluminure, iconographie
L'Arménie et le monde musulman ont entretenu des rapports constants de l'époque médiévale jusqu'à nos jours. Ces relations, politiques et commerciales, de dominations et d'échanges, ont contribué à la création d'une nouvelle esthétique en Arménie. Celle-ci a en effet puisé, volontairement ou non, dans les différents courants artistiques qui circulaient, tout en adaptant les formes empruntées. Nous allons voir d'abord l'architecture, domaine qui témoigne de manière significative de la présence musulmane en Arménie. La sculpture, ensuite, est un thème qui sera privilégié car il illustre à la perfection l'apport de l'art musulman au vocabulaire ornemental arménien. La peinture sera, quant à elle, évoquée selon ses deux aspects : la peinture monumentale d'une part, la peinture de manuscrits d'autre part.
[...] Son décor ornemental est en revanche d'une grande richesse. La première page représente quatre colonnes constellées d'entrelacs et de motifs floraux. Elles portent un rectangle au centre duquel se trouve une croix inscrite dans un médaillon. Cette croix est formée d'un entrelacs complexe. Les demicercles latéraux sont occupés par des sphinges (à gauche) et des lions affrontés (à droite). Dans les écoinçons, sont peints des oiseaux affrontés, des oiseaux antithétiques, un chien chassant une antilope ( et un lion chassant un cervidé22. [...]
[...] Ce motif ornemental est taillé sur d'autres surfaces que les plafonds ou coupoles des narthex. On l'emploie notamment pour décorer des niches comme celle de la chapelle Sainte-Mère de Dieu d'Eghvard qui date du début du XIVe siècle. Ainsi cette niche, située à l'intérieur de la chapelle haute, rappelle-t-elle un mihrab, niche qui est aménagée dans le mur qibla de la mosquée8. Ce type de décor figure également dans d'autres espaces que celui du narthex. Nous en trouvons un dans le réfectoire du monastère de Haghartzin daté de 1248. [...]
[...] Ceci laisse supposer que le peintre arménien a dû être en possession d'un manuscrit arabe qui a été pour lui une source d'inspiration pour son décor ornemental. L'art musulman n'a pas été le seul à inspirer l'iconographie des enluminures au XIIIe siècle. La variété est au contraire un des traits marquants de cet art. Les miniaturistes reprennent les compositions des enluminures byzantines et yougoslaves contemporaines. D'autres s'imprègnent des effets stylistiques que l'on trouve dans les manuscrits ciliciens : modelé nuancé des visages Op. cit., p. 206-207. [...]
[...] Quelques stèles quadrilatères, sculptées en bas-relief, présenteront à l'époque arabe des éléments islamiques. C'est le cas de la stèle de T'alin et de la stèle d'Odzun. Le khatchkar ou pierre-croix (de l'arménien khatch croix, et k'ar pierre) est un type de monument qui serait apparu dans les dernières décennies du IXe siècle. Bien que cet art soit typiquement arménien et témoigne expressément de la vénération de la croix, il a parfois comporté des éléments artistiques provenant d'autres cultures et d'autres arts religieux. [...]
[...] D'une part, la présence d'une croix au sommet de la façade est une inspiration clairement géorgienne. D'autre part, les festons pendants dans la niche dièdre sont une invention purement géorgienne L'iconographie du chasseur Le portrait du donateur chassant est un type iconographique qui existait déjà au VIe siècle à Ptghni6. Il a cependant évolué sous l'influence de l'art musulman qui comptait également cette iconographie. L'ermitage de la Vierge Blanche (Spitakavor), édifié en 1321 au nord-est d'Areni, contenait une sculpture qui est aujourd'hui conservée au Musée d'Histoire d'Erévan. [...]
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