Groupe de Bloomsbury, ateliers Omega, Roger Fry, Guilde de l'Artisanat, Grafton Galleries, Duncan Grant, cour de Burlington House
Le concept d'un atelier d'artistes pour le développement d'arts appliqués et décoratifs avait germé dans l'esprit de Roger Fry (1866-1934) plusieurs années auparavant. Mais il n'était pas intéressé pour participer dans des groupes existants et il ne répondit pas positivement à l'invitation de son ami Charles Robert Ashbee qui lui proposait de rejoindre la Guilde de l'Artisanat (« Guild of Handicraft »), fondée sur les motifs de Ruskin-Morris. Fry attendit et mit en place un groupe d'artistes dont l'esthétique serait fondamentalement à l'antithèse des guildes artisanales, avec leur emphase sur le matériel coûteux, la perfection technique et la subordination du design à la fonction. Comme dans sa vie en général, en créant les ateliers Omega, cet homme brillant et énergique avait de multiples ambitions et motivations.
[...] Il peignit Adam et Ève pour Clive Bell. À Paris en 1913, il rendit visite à Picasso, et Jacques Copeau, l'un des plus importants jeunes metteurs en scène de l'époque (et l'un des fondateurs, avec André Gide, de la Nouvelle Revue française) lui commanda des costumes de scène et des décors pour la pièce Twelfth Night, qui devait être présentée au Théâtre du Vieux-Colombier à Paris. Duncan flirtait désormais avec l'avant-garde française. Duncan, Vanessa et Roger travaillèrent ensemble sur des décorations murales pour la maison de Henry Harris dans Bedford Square et celle d'Ethel Sand dans Chelsea. [...]
[...] L'espace des ateliers serait également un lieu de rencontre et de brassage des idées. La spontanéité y serait largement encouragée. L'espoir et le but étaient d'établir une toute nouvelle expression en matière d'arts décoratifs. Les artistes étaient supposés passer aux ateliers pas plus de trois jours et demi par semaine afin de ne pas être trop distraits de leur travail créatif plus personnel. Ils seraient rémunérés sept shillings et six pence par jour. Ils pouvaient travailler sur ce qu'ils souhaitaient : boîtes à crayons, écrans de cheminée, couvre-chaises en laine, traversées de tables, abat- jours, tapis, tables peintes, tissus, peintures murales. [...]
[...] Roger Fry leva rapidement le reste du capital et loua des locaux au 33 Fitzroy Square pour y installer ses ateliers Omega. En avril 1913, Roger Fry, Vanessa Bell et Duncan Grant produisaient des motifs pour des tissus imprimés. En mai 1913, Roger et Duncan signaient les statuts en association pour les Omega Workshops Limited sous le regard des deux témoins Clive et Vanessa Bell. Le lendemain les statuts de la compagnie à responsabilité limitée étaient formellement déposés avec un capital déclaré de 1000 livres sterling réparties en parts de 1 livre chacune. [...]
[...] En 1913, Duncan rejoignit Vanessa et Clive en camping à Brandon, dans le Norfolk. Là, Vanessa, outre le fait d'apprécier la compagnie du jeune peintre et de l'admirer en tant qu'artiste, commença de ressentir une forte attirance pour lui. Elle découvrit qu'elle n'aimait rien mieux que peindre côte à côte avec Duncan. Elle allait passer presque toute sa vie à tenter de maintenir sa relation compliquée avec cet artiste, malgré les difficultés relationnelles liées à l'homosexualité de Duncan et à sa propre peur de voir son ami partir avec un jeune homme. [...]
[...] Lui-même avait d'autres intérêts plus créatifs à poursuivre. En mars 1919, l'état de délabrement des finances d'Omega fut présenté par M. Paice, le comptable, et il fut convenu de provoquer une liquidation volontaire. L'esthétique d'Omega pouvait néanmoins se poursuivre, ce qu'elle fit à travers les œuvres décoratives de Vanessa Bell et Duncan Grant. Leur maison de Charleston, dans le Sussex, en devint en quelque sorte l'épitomé. Les ateliers Omega représentent une part importante de la vie artistique de Duncan Grant. [...]
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