Quand l'Empire romain se scinda en deux blocs distincts, l'Empire d'Occident et l'Empire d'Orient, les règles de l'art classique ancien, qui avaient triomphé à l'époque alexandrine et que Rome avait maintenues ensuite, étaient déjà, pour une bonne part, tombées en désuétude. L'atmosphère dans laquelle le christianisme s'était développé malgré les persécutions coïncidait, sur tous les territoires de l'Empire, avec l'apparition de plus en plus évidente de préoccupations et d'idées nées d'une mentalité nouvelle. On ne sera donc pas étonné que l'héritage du monde gréco-latin ait été peu à peu oublié dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. C'est un monde qui n'a pu arrêter sa décadence. Avec lui disparaissait tout un système de traditions esthétiques qui avait fourni non seulement un répertoire de formes bien établies, mais aussi une conception précise de l'art et dont il n'est pas nécessaire de rappeler les qualités. Lorsque l'Empire d'Occident succomba, au Vème siècle, sous les vagues d'invasions des peuples barbares, seule Byzance avait su maintenir un Etat structuré et un esprit national ; cependant, même à Byzance, l'importance accordée aux formes concrètes et aux contours fermes diminua progressivement au profit des éléments décoratifs : qualité de la matière, effets de couleurs et de lumière. L'intérêt pour la représentation humaine qui devait persister à Byzance jusqu'au moment de la crise iconoclaste du VIIIème siècle commença à disparaître peu à peu en Occident au long du Vème siècle et fut totalement absent dans l'art barbare des peuples germaniques. Ce fut ce dernier qui, finalement, s'imposa dans la partie occidentale de ce qui avait été l'Empire romain.
Sans aucun doute, cet état de choses avait été facilité par la présence des Barbares aux confins de l'Empire depuis le IVème siècle. Ceux-ci avaient été admis, pour assurer la défense des frontières, dans les légions romaines, et ils s'étaient installés dans les régions limitrophes, qui leur avaient été concédées à titre fédératif. Ainsi, nous allons tenter dans deux parties successives de mieux découvrir cet art barbare, si caractéristique et si singulier qui possède de hautes qualités techniques et artistiques
[...] La cour d'Euric, qui étonna par sa richesse le dernier poète latin de la Gaule, Venancius Fortunatus, était installée sur le Capitole, à Toulouse. Sidoine Apollinaire décrit sa maison de campagne, qui comportait des bains abrités par des voûtes, des salles à manger d'été et d'hiver, des terrasses et des loggias, comme une véritable maison romaine. Plus tard, les monarques francs construisirent des palais dans leurs capitales ; celui de Paris avait deux étages, et celui de Metz une terrasse donnant sur la Meuse. [...]
[...] Les autres monuments construits par les Goths en Italie sont trop sommairement décrits par les écrivains de l'époque pour que les puisse les imaginer : ils devaient être recouverts de marbre et sur les chancels figuraient des thèmes qui reflétaient dans la pierre les formes employées pour les fibules, les bijoux et les armes. En outre, les anciens édifices romains servaient encore de résidence aux chefs barbares. A cette époque, Bélisaire put encore habiter, à Rome, la maison des Césars sur le Palatin, et à Milan les Lombards durent trouver des thermes et des basiliques qui, une fois réparés et décorés, pouvaient servir à loger leur cour. [...]
[...] L'influence byzantine sur les bijoux barbares apparaît aussi dans la technique des filigranes. Les chefs barbares devaient avoir certainement le souci de perfectionner leur art national de l'orfèvrerie, puisqu'ils avaient l'habitude de se couvrir de bijoux ; sur leurs cuirasses étaient fixées de riches broches en or, leurs boucliers en cuir offraient aussi des plaques en métal précieux, et sur leur poitrine se trouvaient des armilles et des décorations semblables à celles que portaient les légionnaires romains. Les nécropoles des Ostrogoths découvertes à Nocera Umbra, en Italie, nous ont familiarisés avec l'abondante décoration de leurs armes et de leurs bijoux ; on trouve même très souvent dans les tombeaux de femmes en d'enfants de petits couteaux dont les manches sont décorés de filigranes d'or et de grenats. [...]
[...] Sur cette couverture on trouve combinés, autour d'une croix centrale avec des ornements ciselés, des pierres et des émaux de style nordique, style identique à celui des pièces anglo-saxonnes. Nous avons parlé en premier lieu de l'orfèvrerie barbare parce que c'est l'art qui suggère le mieux la psychologie de ces nouveaux peuples ; mais il est temps maintenant de nous intéresser aux vestiges qui subsistent de l'architecture et de la sculpture préromanes des Ostrogoths et des Mérovingiens qui occupèrent les territoires d'Italie et de France. [...]
[...] Calice burgonde en or, filigrane, turquoises et pâte de verre, daté des environs de 500 et trouvé près de Gourdon en Fermoir de sac saxon (première moitié du VIIème siècle) trouvé à Sutton- Hoo, dans le Suffolk, est un exemple de la perfection technique atteinte par les artistes anglo-saxons. Il présente divers motifs ornementaux, tant géométriques que zoomorphes, caractérisés par leur symétrie et par l'emploi de l'émail cloisonné. C‘est du VIème siècle que datent la croix d'Agilulf, roi des Lombards, et la couronne de Théodelinde, son épouse, qui convertit son peuple à la religion catholique. La couronne de fer est l'une des reliques historiques les plus universellement connues. Elle servit au sacre de tous les souverains lombards, mais aussi à celui de Charlemagne. [...]
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