En quoi le réalisme est-il moderne ? En ce qu'il montre ce que l'art académique refuse de montrer, juge "inconvenant" : des sujets triviaux, contemporains, non édifiants. De ce point de vue, il y a une rupture éthique entre l'académisme et l'art moderne : les artistes modernes se permettent de transgresser les normes du "bon goût".
Certains sont les spécialistes de cette transgression esthético-éthique. Souvent elle prend pour objet la religion ou les moeurs, c'est-à-dire le sexe. C'est le cas de Courbet et de ses héritiers :
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Contemporaine de l'Olympia, elle en est l'antithèse : une déesse antique à la beauté idéale et froide, qui se cache le visage, avec des angelots pour enlever toute charge érotique.
Les artistes modernes affirment leur rejet de la contemplation, de la distance respectueuse. Ils prônent un art plus direct, plus tactile, plus charnel, plus ancré dans l'existence. Bref, ils critiquent l'idéalisme de l'art académique (un art à la poursuite d'une idée abstraite du Beau) pour affirmer que l'art a une autre fonction : une fonction de révélation. L'art doit montrer ce qu'on ne voit pas, soit parce qu'on refuse de le voir (refus éthique, au nom des convenances), soit parce qu'on ne peut pas le voir (impossibilité physique). L'art moderne veut montrer le réel et dit que l'imitation de ce qu'on voit ou la recherche de l'idéal n'y suffisent pas. L'art moderne veut être objectif, presque scientifique, et rompre aussi avec la définition romantique de l'art comme expression de la subjectivité de l'artiste.
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La peinture de Monet se présente de ce point de vue comme un essai d'application de ces théories. il conçoit sa peinture comme réaliste, observation fidèle de ce qui se passe dans la nature (...)
[...] Or, c'est ce principe de la trace qui intéresse les peintres. Par exemple, Monet peint la cathédrale de Rouen à différents moments de la journée, pour voir l'action du soleil sur la pierre : 7 Monet, cathédrale de Rouen, A l'aube et le soir, Musée d'Orsay La peinture lui sert à retranscrire la trace de la lumière sur une surface photosensible, celle de la cathédrale, comme dans une photographie. Cette dimension tactile de l'art moderne, se concrétise très bien au XIXe siècle par une façon de traiter la surface à la fois en peinture et en sculpture en accusant sa matérialité, son épaisseur. [...]
[...] On voit toujours des points et des couleurs qui ne ressemblent pas à la perception naturelle. Autrement dit, on ne fait pas la synthèse. Pourquoi ? Sans doute parce que les points sont trop gros, trop épais, que les mélanges chromatiques ne sont pas assez subtils. Peut-être aussi que les pointillistes ne sont pas assez scientifiques : leur choix de couleurs reste empirique, ils se fient à leur intuition, ils privilégient certaines couleurs ou rapports de couleurs plutôt que d'autres parce qu'ils les préfèrent. [...]
[...] Les artistes modernes affirment leur rejet de la contemplation, de la distance respectueuse. Ils prônent un art plus direct, plus tactile, plus charnel, plus ancré dans l'existence. Bref, ils critiquent l'idéalisme de l'art académique (un art à la poursuite d'une idée abstraite du Beau) pour affirmer que l'art a une autre fonction : une fonction de révélation. L'art doit montrer ce qu'on ne voit pas, soit parce qu'on refuse de le voir (refus éthique, au nom des convenances), soit parce qu'on ne peut pas le voir (impossibilité physique). [...]
[...] Les pointillistes adoptent une façon de peindre mécanique, une touche réduite à un point, donc inexpressive. Signac, Jeunes femmes au puits Musée d'Orsay Le principe est le même que sur les grandes affiches d'aujourd'hui : l'impression par points. Si on regarde de près une grande affiche, on s'aperçoit que les points sont toujours des mélanges de couleurs ; c'est donc bien l'œil qui fait, de loin, la synthèse. Mais, chez les pointillistes, on peut dire que cela ne marche pas. [...]
[...] Dans la nature, les rayons ne cessent de se mélanger et les couleurs n'appartiennent pas en propre aux objets. Monet, Camille Monet dans le jardin La peinture de Monet se présente de ce point de vue comme un essai d'application de ces théories. Il conçoit sa peinture comme réaliste, observation fidèle de ce qui se passe dans la nature. Comment se fait-il que ses tableaux nous apparaissent comme une vision subjective de la réalité, que la peinture avec ses taches de couleur nous semble faire écran au réel ? [...]
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