Si l'on en croit les légendes, l'origine du jeu reviendrait à un grand nombre de cultures. Certains mythes attribuent l'invention à la reine de Ceylan deux mille ans avant notre ère, d'autres aux Achéens, avec Palamède lors du siège de Troie, ou encore au fondateur de la dynastie Han, Liu Bang au IIe s. av. J.-C. Le cas de Palamède est révélateur, aucun passage de l'Iliade ne parle de l'invention d'un quelconque jeu pour faire patienter les Achéens devant Ilion, et pourtant des légendes lui attribuent l'invention de nombreux autres jeux.
On peut cependant remarquer que ces nombreux récits des origines marquent un intérêt substantiel pour l'attribution de l'invention de ce jeu, signe de son succès et de l'intérêt d'une culture à se l'attribuer.
Nous tenterons ici de définir les réelles origines de ce jeu jusqu'à son assimilation dans le monde occidental. Nous observerons plus loin son évolution, que ce soit sur le plan sociétal ou simplement technique.
[...] Avec eux, les règles changent radicalement. Le déterminisme des dés est abandonné au profit d'une réflexion tactique plus élaborée. Les premiers traités sont écrits au IXe siècle, marquant les débuts d'une littérature spécialisée. Ainsi, Al- Adli, considéré comme le plus grand joueur de son époque écrit, le Kitab ash-shatranj, le livre des échecs, ouvrage qui servira de référence aux tacticiens du jeu. L'iconoclasme islamique oblige à transformer l'apparence des pièces, de représentations "réalistes", elles prennent une forme plus symbolique, plus schématisée. [...]
[...] les échiquiers contemporains). Pour ce qui est du mouvement des pièces, avant la fin du XVe siècle, la vierge (dame) ne se déplace que d'une case en diagonale ce qui la rend bien plus faible que la toute puissante reine actuelle. L'aufin (fou) ne peut pas se déplacer de plus de deux cases en diagonale et peut sauter les autres pièces. Les pions quant à eux, ne peuvent pas se déplacer de deux cases lors de leur premier mouvement. À l'origine du jeu s'affrontaient un camp noir et un camp rouge. [...]
[...] Bourgeois, "L'introduction du jeu d'échecs en occident", Histoire et images médiévales, Octobre-Novembre 2008, pp. 14-20. - R. Finkenzeller, W. M. Ziehr, E. M. Bührer, Echecs : 2000 Ans d'Histoire, la bibliothèque des arts, Paris - R. Keene, Histoire du Jeu d'Echecs, Flammarion, Paris - M. Pastoureau, Une Histoire Symbolique du Moyen Âge Occidental, Editions du Seuil, La librairie du XXIe siècle (coll.) - M. Roos, Histoire des Echecs, PUF, Que sais-je (coll.), Paris Table des matières I. [...]
[...] Par ailleurs, le thème du damier prend un rôle important dans la symbolique médiévale. Il s'introduit en héraldique, dans les pavements des églises ou des palais, ou encore en décor architectural. Le damier et le jeu associé deviennent peu à peu une part prépondérante dans la culture médiévale. Limité à l'usage de la seule aristocratie laïque ou religieuse, son usage prévaut finalement dans les relations sociales entre puissants. Toujours associé au monde des adultes, le jeu est plus envisagé dans le cadre politique de la discussion ou dans sa symbolique propre, que dans son aspect purement ludique. [...]
[...] Les pièces des échiquiers de luxe arabes sont en effet souvent réutilisées dans le travail décoratif. On peut observer ce trait particulier, sur le reliquaire de San Milan de la Cogolla ou aussi sur l'ambon de l'empereur Henri II (1002-1024), à Aix-la-Chapelle. Les pièces taillées dans des matériaux de luxe sont ainsi serties dans des ensembles sculpturaux. À côté de cela, on atteste aussi d'une pratique réelle du jeu en tant que loisir, généralement dans les milieux aristocratiques. Les pièces utilisées sont de facture locale, moins luxueuses que leurs vis-à-vis orientaux, elles n'ont d'autre utilité que celui du divertissement. [...]
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