Rédigée dans le cadre d'un cours d'histoire des arts, cette étude réunit les principaux clichés du photographe Marc Riboud consacrés à l'Inde pour en étudier la portée esthétique, symbolique et ethnographique. Elle s'appuie entre autre sur l'exposition ayant eu lieu en 2005 à la Maison Européenne de la Photographie à Paris
[...] Il est tenu, comme pour être plié, par un homme situé sur la droite, de trois-quarts, debout, un autre drap immaculé autour la taille. Le visage penché et tourné vers l'objectif, il semble nous regarder comme nous le regardons, nous invitant à déplacer notre attention sur la partie gauche qu'il dévoile de façon presque théâtrale, sur une femme, de dos, dans une position hésitante entre assise et accroupie, vêtue elle aussi à la mode indienne d'un sari qui lui masque le bas du corps et la poitrine. [...]
[...] Là, nous pourrions dire que Riboud abandonne sa recherche de la force du ressenti, ses symboles, voulus ou non, pour un cliché rapide d'un instant courant, connu de bien des gens. Ce qui nous apparaît contradictoire, car nous sommes étrangers aux effets de cette pluie, et qui fait toute son originalité. Un père est enfoncé jusqu'au menton dans l'eau qui noie les rues de la ville, seule sa tête dépasse face à nous, et son bras droit qui soutient sur ses épaules son enfant. Celui-ci fixe l'eau qui l'entoure avec une expression d'incompréhension qu'accentuent ses traits non encore maîtrisés par son jeune âge. [...]
[...] Nous ne distinguons pas exactement son corps mais devinons sa silhouette par la transparence du linge. La lumière projetant son ombre provoque un décalage entre la personne réelle et ses contours, ainsi nous est-il possible d'apercevoir le haut de sa tête hors de l'axe de son corps. Ces deux personnages se tiennent sur une sorte de plate-forme autour de laquelle nous devinons l'eau du Gange. Un arbre en arrière plan (celui auquel doit être attaché le sari principal) relie les deux scènes, puisqu'il s'étend du premier homme jusqu'au-dessus du deuxième, mais surtout car il est conducteur de la lumière, laissant une lueur floue mais éclatante entourer le deuxième homme et la femme tandis que le premier est rejeté dans l'ombre malgré quelques trouées au-travers des branchages après avoir accusé les plis du drap central. [...]
[...] Je ne le contredirai pas, et la sortie du Gange témoigne bien de cette vérité. Passé les rues, la ville, la beauté et la misère, reste la foi. Elle imprègne le pays comme le drap dont s'enveloppe le pèlerin, et le couvre de lumière ; c'est cette photo il me semble qui demeure en nos esprits au moment d'achever cette étude. Son élévation, son aspiration au divin, la place loin au-dessus des autres, non pas en beauté, mais parce qu'elle ignore la terre même, l'Inde à proprement parlé. [...]
[...] Mais l'Inde est une médaille, et s'il y a régénérescence, c'est qu'il y a eu souillure, salissure, et la médaille se retourne, et la misère apparaît. Une misère noire que beaucoup de par le monde connaissent sous le nom de Calcutta et que nous trouvons sur une photographie prise en cette même ville en 1971. Une femme enveloppée d'un sari qui lui couvre la tête tient un enfant entre ses bras. Elle est assise par terre, et nous regarde. Cela seul suffit. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture