Turner, sublime, pittoresque, peinture à l'huile, pêcheurs en mer, nature, aquarelliste, Royal Academy, délicieuse horreur, Edmund Burke
Cet exposé a pour but d'étudier les débuts de la peinture à l'huile chez Turner, de voir quelles sont les conséquences de l'utilisation de cette technique sur sa peinture. Pour l'historien de l'art Damien Sausset, Turner est un artiste conscient de son génie, de sa facilité à intégrer toutes les techniques et toutes les tendances de l'art de son époque. Il expérimente sans cesse dans les domaines qui le passionnent. C'est aussi un connaisseur de son époque et de ses goûts. Toute sa vie, il s'applique à répondre aux exigences qui font de lui un grand artiste britannique. Turner est un homme de son temps, il comprend ce qu'il doit à la tradition, mais aussi ce qu'il faut faire pour s'inscrire dans le mouvement de la modernité et peindre à l'huile semble être une condition nécessaire pour être élu à la Royal Academy. L'aquarelle permet de travailler plus vite, mais son impact sur le public reste limité ; la peinture à l'huile sèche moins vite, mais constitue un genre plus « noble » et plus apprécié, et qui peut se déployer sur de plus grandes surfaces. L'aquarelle est moins considérée comme un art que comme un moyen. Ce n'est pas la technique d'une œuvre définitive. Turner commence la pratique de la peinture à l'huile vers 1792. Le premier essai que l'on connaisse est une petite peinture ovale. C'est une huile sur papier peint vers 1792-93 qui a pour titre Un moulin à eau (À Watermill). Mais ses premières huiles imitent le style voire la technique, de ses aquarelles de la même époque, et il lui faut quelques années pour explorer les jeux de transparence que permettent les glacis à l'huile.
[...] C'est une notion qui est développée par Edmund Burke en 1757 dans son Enquête philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau. Le sublime repose sur les sentiments qu'éprouve l'homme devant le spectacle de l'obscurité, de l'infini, des éléments naturels déchaînes. Burke précise « Tout ce qui est propre à susciter d'une manière quelconque les idées de douleur et de danger, c'est-à-dire tout ce qui est d'une certaine manière terrible, tout ce qui traite d'objets terribles ou agit de façon analogue à la terreur, est source de sublime, c'est-à-dire capable de produire la plus forte impression que l'esprit soit capable de ressentir ». [...]
[...] Il obéit ainsi aux consignes de Reynolds qui recommande de synthétiser les paysages en partant des meilleurs éléments de plusieurs points de vue, pour transcender les « accidents de la nature ». La peinture de la lune montre que Turner est encore peu familiarisé avec la peinture à l'huile. Les nuages semblent se rejoindre derrière elle. La manière de représenter la mer rappelle le peintre de marine Joseph Vernet, les effets de nuit sont influencés par les clairs de lune de Wright of Derby et la forme des nuages fait penser à Loutherbourg. Mais l'éclat de la lumière et le mouvement de la mer sont bien de Turner. [...]
[...] Burke fait de l'obscurité une caractéristique du sublime. « L'obscurité paraît en général nécessaire quand il s'agit d'ajouter à la terreur qu'inspire telle ou telle chose ». Mais la qualité suprême du sublime est avant tout dans le pouvoir qu'il détient de déclencher l'imagination du spectateur. « L'esprit est arraché à lui-même par une foule de pensées sublimes et confuses en même temps, qui n'affectent que parce qu'elles se trouvent entassées confusément les unes sur les autres ». Dans ce tableau, il illustre le motif fondamental de son œuvre : le destin de l'homme est de livrer, contre des forces supérieures, une bataille qui se terminera par une défaite finale. [...]
[...] Ici, la scène semble se dissoudre dans la lumière. Bibliographie ← FINBERG A. J., « Turner's First Exhibited Oil Painting », in The Burlington Magazine for Connoisseurs, Vol No (Jun., 1931), pp. 262+266-267. ← GAGE John, Turner, Paris, Citadelles & Mazenod ← GOWING Lawrence, Turner : peindre le rien, Paris, Macula ← OGEE Frédéric, J.M.W Turner : les paysages absolus, Paris, Hazan ← RIOUT Denys, Turner, Paris, Cercle d'Art ← SHANES Eric, Turner, Paris, Hazan ← WILTON Andrew, Turner, Londres, Thames & Hudson ← Tate. [...]
[...] À partir de cette époque, nous pouvons déceler chez Turner une totale compréhension des principes de l'hydrodynamique. Ce tableau révèle avec quelle attention le peintre a observé la formation des vagues ainsi que le mouvement sous-jacent et le pouvoir réfléchissant de la mer. Avec ce tableau, Turner affirme son intelligence d'une nouvelle technique. Le critique Anthony Pasquin recommande « l'œuvre accrochée dans le vestibule à l'examen des personnes judicieuses. Elle est traitée d'une manière quelque peu nouvelle dont le principe pourtant, est juste. [...]
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