Images de la cathédrale gothique au XIXe siècle

Résumé du document

La génération romantique, à la suite de Victor Hugo, désignait la cathédrale comme une « œuvre d'art totale » réunissant en un même lieu les beautés de l'architecture, de la peinture, de la sculpture, mais également de la musique et de la scénographie. Cette désignation plus qu'élogieuse montre la place centrale que tiennent les cathédrales au XIXe siècle.

Les nombreuses représentations de cathédrales gothiques à travers la peinture ou le dessin au XIXe siècle – à l'image des Cathédrales de Rouen peintes par Claude Monet ou encore de la Cathédrale de Chartes par Jean-Baptiste Corot – viennent renforcer cette idée. Le gothique peut se définir comme un style architectural de la seconde partie du Moyen-Âge en Europe. Le XIXe siècle, à travers ses styles architecturaux, nous donne à étudier une autre image du gothique.

En nous focalisant essentiellement sur la France, nous nous demanderons si les cathédrales néogothiques sont des images fidèles des cathédrales gothiques ou si elles appartiennent à un courant stylistique propre à leur temps.

Extraits

[...] Le style gothique et le catholicisme se soutiennent donc mutuellement. Mais bien que ce XIIIe siècle soit le modèle pour les architectes, leurs réalisations divergent cependant souvent des cathédrales construites à cette époque. Lassus par exemple aime à emprunter aux autres siècles (XIIe, XIVe, voire XVe siècle) L'image de la cathédrale gothique au XIXe siècle perçue à travers la cathédrale néogothique Si Bruno Foucart dans un article de 1974 s'est posé la question suivante comment peut-on aimer une église du XIXe siècle, ou de la réhabilitation du pastiche[6], c'est bien que l'architecture religieuse du XIXe siècle ou du moins son esthétique était considérée comme une copie médiocre de l'architecture du haut Moyen âge. [...]

[...] 41-58. Bruno Foucart, Comment peut-on aimer une église du XIXe siècle, ou de la réhabilitation du pastiche Monuments historiques de la France, 1974/1, pp. 64-65. [...]

[...] Les images de la cathédrale gothique au XIXe siècle sont donc multiples. La cathédrale gothique est d'abord associée au mouvement de retour au Moyen-Âge et parallèlement au retour du religieux. Sur le plan architectural, elle a inspiré un très grand nombre de constructions religieuses de style néogothique. Ce dernier fut longtemps critiqué pour son manque d'originalité, mais est aujourd'hui perçu davantage comme s'inscrivant dans l'évolution stylistique de ce siècle éclectique, comme étant la transition entre néo-classicisme et modernité. La cathédrale néogothique n'est donc pas une image fidèle de la cathédrale gothique, mais elle nous permet de mieux comprendre comment cette dernière était perçue au XIXe siècle. [...]

[...] Le style baroque était particulièrement apprécié puisqu'il permettait de dégager de grands espaces pouvant accueillir les croyants et était relativement abordable financièrement. Enfin, le grand clocher, visible au loin, était une manière d'afficher l'importance (voire la puissance ou la richesse) de la commune l'ayant construit. La cathédrale gothique au XIXe siècle est donc associée à une image pieuse. Durant les années 1840, le mouvement de reconstruction des Églises est à son comble. Les architectes comme Viollet-le-Duc ou Lassus s'inspirent de cette atmosphère pour restaurer des cathédrales ou en construire de nouvelles. [...]

[...] Un contexte favorable à l'architecture gothique et plus généralement au Moyen-âge 1. Le XIXe siècle offre une image désacralisée des cathédrales gothiques Le retour au gothique est avant tout la conséquence d'une rupture : rupture politique, religieuse, sociétale, culturelle qui s'incarne dans la Révolution française. Cette Révolution fut un traumatisme pour une partie de la population française et aboutit à un rejet partiel de la religion. Les raisons du développement du néogothique sont multiples : c'est à la fois un mouvement en opposition au classicisme, une manière de replacer la religion au centre de la société, un moyen de support pour le nationalisme naissant. [...]