Que cela soit dit d'emblée : un travail de critique esthétique en histoire de l'art n'entre pas dans le champ de nos compétences. Bien sûr, il aurait été possible de reprendre les considérations de tel auteur faisant référence, et d'en faire un travail très cohérent et certainement très juste. Mais
nous avons opté pour une stratégie différente : par le biais de la comparaison, mettre au jour les réseaux de signification qui sont ceux de l'iconographie de la Création. Ainsi il s'agira pour nous de montrer comment peut évoluer dans le temps un même thème, en s'attachant surtout à étudier les solutions de représentation déployées ici par les artistes. Pour ce faire, nous avons choisi trois oeuvres :
- les mosaïques du narthex de la basilique Saint-Marc à Venise (début du XIIIe siècle),
- les bas-reliefs d'Andrea Pisano pour le Campanile de la cathédrale de Florence (milieu du XIVe siècle),
- les fresques de Michel-Ange au plafond de la Chapelle Sixtine à Rome (début du XVIe siècle).
Ce choix de corpus est certes discutable, mais il offre les avantages suivants : il permet tout d'abord l'analyse d'un même sujet, à savoir le récit de la création d'Adam et Ève, du péché originel et de la chute. Il autorise donc la comparaison, et ce à trois époques différentes, mais successives, puisque les mosaïques de Saint-Marc sont représentatives du Moyen-âge, les fresques de Michel-Ange le sont de la Renaissance, et les bas-reliefs de Pisano relèvent d'une période qu'on pourrait qualifier de transitoire, précisément entre le Moyen-âge et la Renaissance. Enfin, ce corpus tolère d'autant mieux la comparaison que ces trois oeuvres ont été créées sur un territoire relativement restreint, puisque Venise, Florence et Rome ne sont pas séparés de plus
de quatre-cent kilomètres.
Or donc, nous allons nous attacher avant tout à décrire et à analyser quels sont les éléments caractéristiques de ces représentations de la Création, quelles sont les mutations de ces éléments dans le temps, et quelles sont les significations de ces changements. Mais on ne trouvera pas ici d'appréciation sur la valeur de telle oeuvre ou la technique utilisée, puisque, comme dit plus haut, ces domaines sont hors de nos compétences. De même, les contextualisations socio-politiques ou biographiques des oeuvres ont été réduites à leur plus simple expression, étant donnée l'ampleur déjà excessive de cette étude.
[...] Nous pensons que la présentation de ce cycle ainsi esquissée sera suffisante pour la tâche que nous nous sommes assignée, à savoir rendre compte de l'évolution des représentations artistiques du récit du péché originel du Moyen-âge à la Renaissance, et ce au moyen de trois scènes cruciales. Qu'est devenue cette narration deux cents kilomètres plus loin, cent ans plus tard? 2.2 Andrea Pisano, les bas-reliefs du Campanile de la cathédrale, Florence Lorsque, dans les années 1330 débute la construction du Campanile de la cathédrale de Florence, la vie est facile à Florence. La cité est prospère et ses habitants éprouvent, d'après MM. Andres, Hunisak et Turner, sensation de bien-être sans précédant”5. [...]
[...] Ce qui nous amène à évoquer la série des vingt-et-un reliefs hexagonaux en marbre qui garnissent le premier étage du bâtiment. À la mort de Giotto, les scènes de la Genèse, sur le côté Est, avaient déjà été sculptées. Il semble que, par la suite, ce soit Pisano qui ait orné de cette manière les trois autres façades. Mais là encore, nous ne disposons d'aucune certitude. En fait, il existe deux traditions divergentes au sujet de ces bas-reliefs. Selon la première, c'est Pisano qui est responsable de ces sculptures. [...]
[...] L'artiste ne se permet aucun raccourci, et il utilise le plus souvent des images et des symboles immédiatement compréhensibles pour tous. Il faut y voir la volonté omniprésente du Moyen-âge de communiquer un enseignement, la doctrine chrétienne. L'oeuvre d'art est avant tout narration, et l'histoire biblique est toujours parabole. La description sempiternellement répétée des récits bibliques se veut donc en premier lieu édifiante et pédagogique. C'est là la justification ultime des investissements importants consentis à la décoration des lieux de culte. [...]
[...] Dieu leur joint les mains et les marie La tentation et le péché La scène prototypique du péché voit Adam et Ève se tenir de part et d'autre de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, autour duquel s'est enroulé le serpent. Adam a le plus souvent l'air distrait, alors qu'Ève est toute entière à son dialogue avec le tentateur. L'arbre dessine l'axe de symétrie du tableau, semblant indiquer que le moment est décisif, car il marque le début de l'histoire et, avec lui, la séparation de l'homme d'avec son créateur Ève joue bien sûr un rôle prépondérant dans la scène de la tentation. [...]
[...] Adam quant à lui semble accueillir ce don, mais sa posture et son attitude sont comme il se doit relativement figée, du fait que la vie ne lui a pas encore été donnée. L'âme est ici symbolisée par une petite Psyché qui est, depuis l'antiquité, la personnification de l'âme La création d'Ève La scène de la création d'Ève est ici un diptyque: on y voit dans un premier temps le Créateur prélevant une côte à Adam endormi, puis, dans un second temps, Dieu mettant la dernière main à la création d'une Ève encore inerte. [...]
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