En quoi l'historien de l'art doit-il sans arrêt revenir au contact des œuvres qu'il étudie, des sculptures, des peintures ou des architectures ? Comment peut-on faire le rapport entre une œuvre d'art et l'époque qui en a vu la création ?
Ce document utilise, pour répondre à ces questions, une étude portant sur les Abattoirs à Toulouse.
Les révolutions artistiques de la période contemporaine ont profondément modifié le champ de la création. La matérialité de l'œuvre évolue et avec elle la vision du rôle de l'historien de l'art. Sa discipline doit sans cesse s'adapter aux nouvelles formes de création pour analyser les œuvres qu'il étudie, de même que le rapport de l'historien à l'œuvre s'y adapte. On pourrait alors se demander si le contact direct avec les œuvres demeure indispensable, ou si l'historien de l'art peut s'en affranchir par sa maîtrise théorique. En effet, dans l'étude de l'œuvre d'art, la matérialité de l'œuvre n'est pas le seul élément à prendre en compte : la discipline considère également le contexte historique, artistique, politique dans lequel s'inscrit l'artiste. On peut dès lors s'interroger sur le lien à établir entre l'époque qui voit la création de l'œuvre d'art et celle-ci.
[...] L'histoire de l'art est une « école du regard », qui a besoin d'un contact direct avec l'œuvre pour en fixer les particularités et en préciser les significations ou les connotations. Nous pouvons prendre l'exemple de l'œuvre « Agoraphobia » de Frank West. L'œuvre s'inscrit dans un espace particulier : un jardin. L'étudier hors de ce contexte, c'est par exemple oublier sa couleur qui tranche avec le vert de l'herbe. Sa signification s'établit dans ce contexte de l'espace public : l'œuvre se fait mise en forme de l'angoisse, révélation de l'intime par le fait même qu'elle le fixe dans l'espace. [...]
[...] Nous pouvons considérer des artistes comme Claes Oldenburg plasticien du XXe siècle, né en 1929. Il appartient au mouvement Pop Art, courant artistique qui se développe dans les années 50. Ce courant s'oppose aux « Beaux-Arts » et conteste ainsi les traditions artistiques. Il utilise des éléments visuels de la culture populaire, voire des images publicitaires. Les artistes de ce mouvement mettent en évidence la société de consommation qui commence à se développer, l'influence grandissante de la publicité ou des magazines. Les procédés artistiques diffèrent des techniques classiques : la sérigraphie, par exemple, se distingue. [...]
[...] Certains artistes revendiquent l'impératif pour l'œuvre d'être « significative de son époque ». C'est le cas de Fernand Léger. Dans les années 1940, le peintre réalise « Les plongeurs polychromes », représentant des plongeurs aux membres dispersés, allégés du poids de la gravité, dans un démembrement des corps qui n'est pas sans évoquer l'expérience des combats de la Première Guerre mondiale. La figure humaine n'a pas plus d'importance que les objets, elle perd sa valeur sentimentale pour devenir un élément plastique. La guerre rend l'humanité inerte. [...]
[...] Claes utilise souvent des objets du quotidien pour en faire des œuvres immenses, souvent des structures molles, comme le « Floor Burger ». La nourriture apparaît dans son travail, de manière récurrente. Cela révèle un désir lié à la consommation. Cette œuvre peut provoquer une forme de malaise chez le spectateur, un hamburger devient disproportionné et en perd sa fonction initiale. Il devient une structure molle, vide, donc peu appétissant. C'est un symbole de la consommation de masse, un aliment trivial qui est détourné et devient démesurément grand. [...]
[...] En quoi l'historien de l'art doit-il sans arrêt revenir au contact des œuvres qu'il étudie, des sculptures, des peintures ou des architectures ? Comment peut-on faire le rapport entre une œuvre d'art et l'époque qui en a vu la création ? Les révolutions artistiques de la période contemporaine ont profondément modifié le champ de la création. La matérialité de l'œuvre évolue et avec elle la vision du rôle de l'historien de l'art. Sa discipline doit sans cesse s'adapter aux nouvelles formes de création pour analyser les œuvres qu'il étudie, de même que le rapport de l'historien à l'œuvre s'y adapte. [...]
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