Groupe de Bloomsbury, Lytton Strachey, Virginia Woolf, Duncan Grant, culture française, Nouvelle Revue Française, de Degas, de Chardin, Vanessa Bell, langue de Voltaire
La France a toujours attiré le groupe de Bloomsbury. Sa culture. Son art. Une certaine attitude du pays à l'égard de ses artistes et de l'art en général. Bien sûr, à l'époque où le groupe émerge, au tout début du XXe siècle, avant même l'éclatement de la civilisation dans la Première Guerre mondiale, tout Anglais de bonne famille maîtrise un tant soit peu la langue de Voltaire et la littérature qui l'accompagne.
Au centre du groupe de Bloomsbury, encore que cette expression mériterait plus ample réflexion, le groupe de Bloomsbury ne disposant à proprement parler ni de centre ni de circonférence, ce qui rend délicate l'appellation de « cercle » qu'on lui confère parfois, au centre du groupe en tout cas pour l'observateur français de notre époque, on trouve Virginia Woolf dont on sait quel amour elle portait à notre pays.
[...] Virginia se référait toujours aux Jalons de la littérature française de Lytton. Jusqu'à la fin de ses jours, ce livre resta pour elle le meilleur des guides dans sa découverte progressive et incomplète de la littérature française classique. Ma tante Virginia m'a souvent parlé de Jalons, souligne Angelica. Elle m'a même offert un exemplaire pour une occasion. Je ne sais plus laquelle, pour être tout à fait franche. Mais c'était pour elle un livre indispensable pour ouvrir les portes des grands auteurs français. [...]
[...] La langue française est un véritable must dans les familles bourgeoises de la Verte Albion. Dans une lettre à sa mère, il souligne, alors qu'il commence à peine son apprentissage, que le mot lion est le même dans les deux langues, mais se prononce différemment. Comme il se doit, il est plus ou moins élevé par une gouvernante elle-même française, ce qui facilite l'apprentissage précoce de la langue. Dès qu'il atteint dix-huit ans, il effectue son premier voyage en France. [...]
[...] Les anglophiles vivaient de l'autre côté de la Manche. Ils avaient nom André Gide, Jacques Copeau, Jean Cocteau, Henri Matisse, Pablo Picasso, André Derain, Charles Vildrac, Charles Mauron et quelques autres encore. Mais si les membres de Bloomsbury aimaient la France, ils n'en étaient pas moins sélectifs. Mes parents lisaient beaucoup, mon père Duncan Grant notamment, dit Angelica Garnett. Il comprenait assez bien le français et il était très intéressé par la littérature française. Mais il n'avait pas une culture structurée ni complète. [...]
[...] André Gide débarque en Angleterre en 1918, muni d'une lettre d'introduction auprès de la famille Strachey. Il rencontre Lady Ottoline Morrel, châtelaine du manoir de Garsington que l'on considère souvent comme une sorte de siège social de Bloomsbury. Lady Ottoline, dont les mannes servirent à alimenter certains projets du groupe, était perçue de manière ambiguë par les membres de Bloomsbury. Ses excès et son excentricité pouvaient en effet lasser. Mais sa générosité ne fit jamais défaut aux artistes de Bloomsbury. [...]
[...] En vérité, Lytton déteste la littérature française moderne. Il leur trouve tous les vices des Lettres allemandes et très peu des vertus traditionnelles françaises. Peu intéressé par la littérature moderne, Lytton Strachey refusa la proposition qui lui fut faite de préfacer la traduction anglaise d'A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. La France était pour lui le symbole des Lumières et de la raison. Elle s'opposait en cela à l'obscurantisme et à l'esprit superstitieux de l'ère victorienne dont l'Angleterre venait de sortir. [...]
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