Apulée, écrivain latin, nous conte dans l'Âne d'or la légende poétique de Cupidon et Psyché. Aphrodite, la mère de l'Amour jalouse de la beauté de Psyché, envoya son fils séduire la séduisante princesse dans un but malveillant. Cependant, elle n'avait pas prévu qu'il s'éprendrait d'elle. Et voici le divin enfant ailé, invisible pour la mortelle Psyché, s'approchant d'elle pour lui donner le premier baiser. Après de multiples péripéties, il finira par demander l'aide de Zeus pour rendre immortelle sa jeune épouse, après leurs noces sur l'Olympe. Ainsi l'huile sur toile, Psyché recevant le premier baiser d'Amour (H. :1,86 m. ;L. :1,32m) de François Gérard (1770-1837), exécutée en 1798, ne devrait-elle représenter qu'une histoire d'amour, même divine ?
Il n'en est rien et il faudra se demander à l'aide de quels motifs et de quels procédés picturaux l'artiste est-il arrivé à représenter à la fois la valeur symbolique, universelle du mythe et sa valeur érotique, tout en magnifiant l'esprit antique mais aussi en innovant. Pour ce faire nous nous demanderons ce qu'emprunte cette œuvre à l'art antique, puis nous essaierons de comprendre comment la spiritualité s'installe dans l'œuvre. Enfin nous nous intéresserons à ce qui touche en premier lieu le spectateur : le charme tranquille mais suggestif des amoureux, leur puissance érotique.
[...] François Gérard : "Psyche et l´Amour" ou " Psyché recevant le premier baiser d´Amour" Apulée, écrivain latin, nous conte dans l'Âne d'or la légende poétique de Cupidon et Psyché. Aphrodite, la mère de l'Amour jalouse de la beauté de Psyché, envoya son fils séduire la séduisante princesse dans un but malveillant. Cependant, elle n'avait pas prévu qu'il s'éprendrait d'elle. Et voici le divin enfant ailé, invisible pour la mortelle Psyché, s'approchant d'elle pour lui donner le premier baiser. Après de multiples péripéties, il finira par demander l'aide de Zeus pour rendre immortelle sa jeune épouse, après leurs noces sur l'Olympe. [...]
[...] Quant à la bouche rien n'indique qu'elle touche le front de Psyché (j'en profite pour signaler que si Erôs embrasse son front c'est sans doute car c'est derrière celui-ci que se cache l'âme). L'artiste, pour symboliser l'invisibilité du Dieu, aurait donc choisi de ne pas le mettre en contact avec Psyché. Son talent est d'y être arrivé sans que s'insère une réelle distance entre les deux. J'en veux pour preuve l'espace minimal qu'il laisse entre le bout des doigts droits d'Amour et l'oreille de Psyché. Peut-être frôle-t-il quelques cheveux : on imagine le frisson. [...]
[...] Ainsi le bas terrien de la scène est plongé dans une obscurité végétale et humide, tandis que les cieux, sur lesquels se détachent les portraits en buste de nos deux figures, sont lumineusement bleutés. Quelques nuages permettent plus d'y voir les reflets blancs des rayons solaires et l'air printanier qui les pousse qu'un futur orage hivernal. Cette opposition géologique peut aussi être la représentation du divin immortel opposé à la future désuétude des fleurs, des êtres vivants et donc de Psyché. [...]
[...] On parle pour Delacroix et pour prouver qu'il est inclassable, de ses personnages-témoins engagés physiquement dans la scène mais absents par leur regard (Sardanapale, les trois femmes d'Alger ; la vieille du massacre de Scio La manière dont Psyché croise les bras contre son buste nu est révélatrice de la passion naissante au premier baiser. La main gauche semble appuyée fortement sur le thorax ; son pouce remonte entre ses deux seins. Ce sont sans doute les flux invisibles de l'amour qu'elle tente de sentir. La main droite, comme pour se prouver à elle-même qu'elle existe encore vient délicatement se poser sur la première. Ne pouvant sentir le Dieu qui l'embrasse, perdant contact avec la réalité, elle n'est plus sûre de sa propre matérialité. [...]
[...] Le paradoxe d'un érotisme froid, l'opposition entre la proximité des corps et la distance du regard évanescent de Psyché font donc que le spectateur, tout en étant envoûté, élevé comme Psyché par le charme divin de Cupidon et de l'œuvre en général, est aussi renvoyé à sa propre matérialité et à ses désirs les plus profonds. Psyché deviendra déesse, lui rejoindra l'inquiétante obscurité de la terre. Bibliographie George Hacquard, Guide mythologique de la Grèce et de Rome, Paris, Hachette éducation ? Alberto Martini, Le XIXe siècle, Milan, Fratelli Fabbri editori, (Les chefs-d'œuvre de l'art). François de Vergnette, Psyché et l'Amour in www.louvre.fr. [...]
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