De la rencontre de différents peuples et de différentes cultures, va naître et se développer l'art chrétien d'Occident. De nouvelles formes d'expression s'épanouissent, depuis Byzance jusqu'à Charlemagne, où l'on parvient à une réorganisation générale avec un programme de construction dont l'Empire romain est le modèle. Puis, l'art carolingien marque le début d'un nouveau développement de l'art occidental qui sert bien la foi chrétienne et son enseignement. L'Occident se présente pour la première fois comme une entité : c'est l'Europe de la foi.
Alors, comment convergent diverses influences dites barbares pour fonder ce qui deviendra l'art classique universel du Moyen Age, l'art roman ? De l'architecture, à la sculpture en passant par l'art extraordinaire des miniatures, comment évolue l'art du Haut Moyen Age, comment se détache-t-il progressivement des influences antiques romaines et byzantines ? Comment pouvons-nous expliquer un renouvellement des arts global qui touche plusieurs régions et conduit à la naissance de l'art roman
[...] Les ministres et les collaborateurs de Charlemagne suivaient l'exemple de l'empereur. Théodulf, l'évêque d'Orléans, construisant à Germiny-des-Prés une église consacrée en 806 et qui existe encore. Sa coupole, petite mais haute, est soutenue par quatre piliers et entourée de nefs. C'est un des rares monuments de l'époque de Charlemagne que l'on ait conservé intact. Théodulf fit de son église une description poétique et détaillée. Ce singulier évêque, homme de lettres, qui se déclare Espagnol de naissance et dont la culture paraît exceptionnelle, même à la cour de Charlemagne, était peut-être, après Alcuin, le plus raffiné des amis de l'empereur. [...]
[...] Des vingt-sept manuscrits qui sont conservés encore de nos jours, trois seulement ne sont pas ornés. Mais toutes les autres miniatures semblent procéder d'un modèle unique et il faut croire qu'un seul artiste a crée cette extraordinaire série de compositions fantastiques, en restant fidèle à la tradition et au wisigothique du Pentateuque Ashburnham. Le manuscrit le plus ancien, signé par Magius, n'a certainement pas été terminé avant 930, et sa décoration est d'une grande originalité. Il était, semble-t-il, destiné au monastère San Miguel de Escalada. [...]
[...] Le coffret des reliques de la cathédrale d'Astorga, de même provenance, lui ressemble. Enfin, la dernière pièce connue de cette collection de bijoux fabuleux est constituée par le Coffret aux agates que Fruela II offrit à la cathédrale d'Oviedo en 910 : la savante utilisation des veines de l'onyx, les émaux, les deux tons de bleu et le rouge rubis, les pierres précieuses et les reliefs sur métal évoquent un luxe de style barbare qui le rapproche de la tradition wisigothique encore plus directement que l'architecture. [...]
[...] L'église de San pedro de la Nave dans la province de Zamora, est un autre monument wisigothique conservé en parfait état. Construite à la fin du VIIème siècle, elle est située actuellement à trois kilomètres de son emplacement primitif, aujourd'hui submergé par les eaux d'un barrage. Ses colonnes sont adossées à des piliers carrés, lesquels constituent l'élément de soutien de l'église, lorsqu'ils se dressent à des endroits très importants, comme les quatre angles de la croisée et l'arc triomphal du chœur. [...]
[...] Il en va de même pour le chef- d'œuvre de Reims : le psautier d'Utrecht, datant de 820 environ. Dans le célèbre manuscrit, les miniatures intercalées dans le texte parsèment les pages de milliers de petites figures tourmentées comme si les personnages divins, à l'instar des êtres humains, étaient tous un peu fou et coléreux. Le climat oriental qui se dégage de ces vignettes a toujours attiré l'attention des spécialistes. La violence et l'épouvante ébranlent l'ordre cosmique et s'étalent à chaque page. [...]
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