Dans une première partie, nous envisagerons les origines multiples du mouvement expressionniste, des précurseurs à la première organisation d'artistes : la Brücke. Ensuite, chronologiquement, nous étudierons le deuxième mouvement prolongateur de la Brücke, le Blaue Reiter, orienté autour de la figure de Kandinsky. Dans une troisième partie, nous analyserons les conséquences de la guerre sur les orientations théoriques des artistes, en développant le mouvement appelé la Nouvelle Objectivité. Enfin, dans une annexe, nous procèderons à de multiples descriptions d'œuvres qui nous permettront de comprendre pratiquement l'évolution ou plutôt les évolutions du mouvement expressionniste qui a marqué l'histoire de la peinture figurative du XXème siècle
[...] - ne dépassent pas, dans l'intérêt des expressionnistes, la gestualité de sa touche et de sa facture, le japonisme de ses contours et son emploi des couleurs. C'est lui, d'ailleurs qui écrivait à sa sœur, en juin 1890 : Je voudrais faire des portraits qui, un siècle plus tard, aux gens d'alors, apparussent comme des apparitions. Donc je ne cherche pas à faire cela par la ressemblance photographique mais par nos expressions passionnées, employant comme moyen d'expression et d'exaltation du caractère notre science et goût moderne de la couleur Le cas d'Edvard Munch (1863-1944) et celui de James Ensor (1860-1949), considérés tous deux à la fois comme ancêtres et participants de l'expressionnisme, ayant tous deux réalisé l'essentiel de leur production avant la quarantaine, survivant tous deux très longtemps à leurs années révolutionnaires, sont suffisamment remarquables, et leur insertion dans le mouvement expressionniste, assez exemplaire, pour qu'il soit nécessaire de s'y arrêter en particulier. [...]
[...] L'expressionnisme, entre beauté et douleur de la condition humaine Introduction Il est impossible de donner une définition simple et claire de l'expressionnisme. Après avoir plusieurs fois changé de signification, après s'être référé à des œuvres très différentes (aussi bien de Munch que Grosz), ce terme recouvre un nombre considérable de travaux qui semblent avoir peu en commun d'un point de vue formel. Ce qui unirait ces œuvres très diverses, selon cette taxinomie classique, serait leur état d'esprit, leur sens, mais il n'est jamais précisé s'il s'agit de ce que l'artiste a voulu exprimer ou de l'effet produit chez le spectateur (ou le critique) ; l'élaboration consciente (matérielle et formelle) de cet effet étant le plus souvent ignorée, alors que c'est précisément un classement formaliste qui permettrait de dissiper le vague qui entoure encore la définition de l'expressionnisme. [...]
[...] Malgré quelques différences, les toiles de ces peintres, à l'époque de la Brücke, sont presque identiques, aussi n'est-il pas besoin d'examiner la production personnelle de chaque artiste. N'aimaient-ils pas, d'ailleurs, dans leur partage de tout, laisser le doute sur l'origine de telle ou de telle toile en ne signant pas leurs œuvres dans leurs expositions collectives ? C'est assez marquer que tout subjectivisme est absent de leur propos, et qu'il d'agit bien pour eux, comme l'écrit Fechter, d'exprimer l'époque Comme le remarque Lebensztein, il est tout à fait erroné d'opposer l'art de la Brücke à celui des fauves en mettant en avant des questions de primauté : leurs toiles appartiennent au même système coloré, à la même esthétique spatiale. [...]
[...] Les trois panneaux qui forment le Triptyque de sainte Marie l'Egyptienne, peint en 1912 par Emil Nolde. La flamboyance de la couleur transforme le thème sacré en une fête faubourienne populaire et triviale. Les visages ne sont que des masques, inspirés, semble-t-il, de ceux de James Ensor, et symbolisent les personnages successifs de la pécheresse Marie l'Egyptienne qui, après avoir mené une vie dissolue à Alexandrie, se repentit et s'en alla vivre puis mourir dans le désert. On a comparé l'œuvre de Nolde à celle de Rouault ; tous deux furent, d'ailleurs, de grands solitaires. [...]
[...] L'impétuosité sensuelle, la couleur lourde font de ce précurseur un des tempéraments les plus intéressants du Berlin des années 1900. Bien que Corinth ait été qualifié d'impressionniste allemand, on voit poindre, dans ce nu, la nervosité, le goût de la couleur, la violence d'un expressionniste. Salomé, une toile du même artiste exécutée en 1899. La comparaison entre les deux œuvres fait apparaître la nouvelle orientation prise par Corinth après la grave maladie qui l'éprouva en 1914. Le coloris à tendance expressionniste qui caractérise le nu voluptueux précédent fait place ici, sur un thème pourtant brutal, à un lyrisme pathétique s'exprimant à travers une gamme chromatique et un jeu de touches très délicatement nuancés. [...]
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