En accrochant, par hasard, un néon en diagonale sur un mur de son atelier, Dan Flavin, artiste minimaliste, accomplit le geste qui va transformer son œuvre. Il introduit ainsi le tube fluorescent dans sa production artistique, et en fait son matériau de prédilection.
Untitled (To Donna 5a) est une installation de 6 tubes fluorescents de couleur jaune, bleu et rose reposant sur une structure de métal peint dont l'ensemble mesure 245×245×139 centimètres. Au centre Georges Pompidou est visible le second exemplaire de la série composée de cinq installations. Face à cette réalisation nous pouvons nous interroger sur les différents enjeux soulevés par cette œuvre d'art immatérielle.
Avec cette installation, Dan Flavin introduit un médium nouveau dans l'espace de la galerie et remet en cause le statut de l'œuvre d'art unique.
[...] Ce n'est plus l'objet en soi qui est l'oeuvre d'art, bien qu'il en fasse pleinement partie. C'est alors que tout ce qui est extérieur à l'objet devient lui aussi œuvre d'art. Et c'est justement tout ce qui est extérieur à l'objet qui la fait exister. Ce que recherche l'artiste est clairement l'effet produit par cet éclairage dans l'espace du musée, ou de la galerie. Il s'agit d'une remise en cause de la définition traditionnelle d'œuvre d'art car celle-ci surpasse totalement les limites de dimension. [...]
[...] Dans le coin que forme l'angle, les deux couleurs se fondent. Cette lumière investit totalement l'espace dans lequel l'installation prend position. Les couleurs se mélangent, le bleu, le rose et le jaune se superposent dans la pièce. De plus cet éclat coloré de par son intensité gomme les aspérités du mur, tout comme l'angle qu'il fait presque disparaître. D'ailleurs, elle barre le mur par sa disposition et ainsi le coin perd sa fonction première. Tout l'espace alentour en est totalement modifié. [...]
[...] C'est la source même de lumière que D. Flavin installe dans le musée. L'œuvre n'est plus un objet que l'on vient contempler mais c'est une sensation produite par l'objet. Il ne s'agit plus d'une représentation et cela joue une nouvelle fois en faveur de la remise en cause de l'œuvre d'art traditionnelle. Avec cette installation tout est bouleversé car ce n'est pas à la représentation que s'attache l'artiste, qui bannit la mimesis par son œuvre, mais bel et bien aux effets produits sur le lieu qui l'accueille et sur son spectateur. [...]
[...] La frontière entre l'œuvre et le lieu est alors remise en cause. Cette œuvre simple dans sa forme accomplit la mission d'Art Minimal tel que le définit Donald Judd, c'est-à-dire une œuvre d'art visant la prise de conscience des formes élémentaires, la perception d'une forme pure. Bibliographie DUPLAIX S. (dir.), Collection art contemporain, la collection du Centre Pompidou, Paris, MNAM GOVAN M., BELL T., Dan Flavin, Une rétrospective, juin-oct Paris musées LEMOINE S. (dir.), L'Art moderne et contemporain, Paris, Larousse MENEGUZZO M., L'art au XXème siècle, t. [...]
[...] La personne elle-même éprouve l'œuvre car en utilisant de la couleur, l'artiste crée une atmosphère nouvelle au sein du musée, que l'on ressent par la vue. Ce sont ces couleurs, le bleu, le rose et le jaune qui se mêlent tout autour de l'observateur et qui, de par leur intensité, créent une ambiance qu'il éprouve. La lumière qui se dégage de ses tubes fluorescents est puissante et imposante. Le spectateur l'éprouve car elle le transforme, elle modifie son espace et sa perception du lieu. [...]
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