Comme vous devez tous le savoir, la vie et la carrière d'Edelfelt ont été amplement étudiées en histoire de l'art en Finlande, mais pratiquement pas en France, à part quelques courts articles, et pas du tout en sociologie de l'art. Ces études en histoire de l'art envisagent principalement la vie et la carrière d'Edelfelt avec une méthode biographique, voire en partie romanesque dans certains cas. Dans ma thèse, j'ai apporté un regard sociologique sur ce peintre largement consacré en Finlande mais largement méconnu en France. L'approche sociologique ne retire en rien ce qui a été précédemment dit sur Edelfelt, elle permet en fait d'apporter en parallèle des éclaircissements, des angles d'approche différents permettant de mieux comprendre ce qui n'apparaît pas comme évident au premier abord dans sa vie et sa carrière. Cette approche ne déstructure pas, elle révèle certains aspects sous une autre lumière. Les interrogations posées par les historiens de l'art sur un tel sujet ne se situent pas sur le même plan qu'en sociologie de l'art, les questions de recherche ne peuvent pas être, par essence, les mêmes. Loin d'être en compétition, ces deux approches s'associent et se complètent. Le travail sociologique ne propose pas une « narration historique » sur les événements biographiques de la vie d'Edelfelt en France mais plutôt la construction d'un modèle montrant la position d'Edelfelt, en interdépendance avec les autres figures sociales du champ artistique français de l'époque (...)
[...] Les réseaux coopératifs d'Albert Edelfelt dans le champ artistique français. 1874-1905 Comme vous devez tous le savoir, la vie et la carrière d'Edelfelt ont été amplement étudiées en histoire de l'art en Finlande, mais pratiquement pas en France, à part quelques courts articles, et pas du tout en sociologie de l'art. Ces études en histoire de l'art envisagent principalement la vie et la carrière d'Edelfelt avec une méthode biographique, voire en partie romanesque dans certains cas. Dans ma thèse, j'ai apporté un regard sociologique sur ce peintre largement consacré en Finlande mais largement méconnu en France. [...]
[...] Toutes ces personnes sont essentielles et constituent ce qu'on appelle le réseau coopératif de l'artiste qui ne travaille jamais seul, sa production dépendant d'un grand nombre d'acteurs sociaux. Derrière les œuvres d'un artiste se profilent les visages de ceux qui ont aidé à leur production, car une œuvre n'est jamais le résultat d'un seul individu isolé dans son atelier. Une œuvre est un tout réunissant ce qui entoure l'artiste, elle ne pourrait pas être sans ceux qui coopèrent à sa production, ni sans ceux qui la regardent et l'acceptent en tant qu'œuvre d'art. [...]
[...] Gérôme a donc une grande importance en tant que professeur, Edelfelt admirait le talent de l'artiste mais aussi les qualités humaines du maître. Il influence artistiquement Edelfelt qui avait alors pour objectif de devenir le grand peintre historique de la Finlande. Il ne pouvait donc pas avoir meilleur professeur que Gérôme qui était un des maîtres incontestés de ce genre. Gérôme a aussi de l'importance en tant que personnalité influente dont le capital social et symbolique a eu un impact significatif sur la carrière d'Edelfelt. [...]
[...] Dans le réseau coopératif d'Edelfelt, il est important de noter aussi le rôle des agents du champ du pouvoir qu'étaient les grandes familles françaises. Edelfelt se devait d'être en bonnes relations avec ces importantes familles qui pouvaient faire office de mécène en aidant financièrement, par des commandes, ou bien d'accélérateur de carrière grâce à leurs relations sociales dans le monde de l'art facilitant l'acquisition ou l'exposition d'œuvres. Les deux grandes familles françaises qui ont compté dans le déroulement de la carrière d'Edelfelt en France sont les familles Koechlin-Schwartz et Pasteur / Vallery-Radot. [...]
[...] C'est pour cette raison que l'étude de tous ces intermédiaires entre Edelfelt et le marché de l'art français est primordial. Ces intermédiaires sont les marchands et éditeurs d'art, les directeurs de galeries et les directeurs de musées. Ils sont des agents d'intégration sur le marché de l'art dont les artistes ne peuvent pas se passer. On trouve évidemment aussi dans cette catégorie les critiques d'art, dont le pouvoir peut se révéler terrible, puis les commissionnaires et clients. Le portrait était souvent une source de revenus importante au XIXe siècle. [...]
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