Le divertissement est-il la seule visée du théâtre ?
Le théâtre existe depuis l'Antiquité, et sert tout d'abord dans les cérémonies religieuses et dans les débats politiques, puis dans les tragédies. Se diffusant dans le monde entier, et prenant avec le temps une autre forme avec de nouveaux personnages, de nouvelles intrigues et de nouveaux décors, il devient rapidement un divertissement.. Une question se pose donc; le théâtre est-il uniquement un lieu de divertissement?
Nous verrons que si le divertissement est l'une des fonctions principales du théâtre, une autre fonction est belle et bien réelle; celle de susciter la réflexion. Deux fonctions distinctes, et pourtant confuses dans le théâtre; car le théâtre devient un art dramatique parfait lorsque la pièce joint l'utile à l'agréable, lorsque la représentation théâtrale enseigne tout en distrayant.
[...] Mais le divertissement du spectateur n'est pas le seul but du dramaturge qui écrit une pièce de théâtre. Susciter la réflexion du spectateur, lui enseigner quelque chose de manière détournée, lui faire partager des idées se trouve être la deuxième fonction du théâtre. Le théâtre est en effet un tremplin pour faire véhiculer des idées, et les dramaturges utilisent ce support pour dénoncer ou analyser les problèmes de la société. Cependant, ce n'est pas tout à fait un support idéal. [...]
[...] Les dramaturges utilisent aussi l'ironie, le ton railleur. Cette ironie à pour but de faire comprendre au spectateur de façon détournée l'inverse de ce qu'il veut dire, ou pour se moquer d'un certain personnage et donc d'une personne de la société, car tout personnage dans une pièce de théâtre représente quelqu'un, un rang, une classe. C'est le cas de Suzanne, dans le Mariage de Figaro acte I scène 10 qui adresse au Compte ; « Pourquoi fuir un éloge que vous méritez si bien ? [...]
[...] Dans ce monologue de Bartholo, il dénonce le caractère et le comportement des hommes de l'époque vis à vis des femmes. Le dialogue lui, permet à l'auteur d'employer un registre polémique pour défendre ses thèses. Pour finir, une pièce de théâtre permet la double énonciation; l'acteur s'adresse aux autres personnages pour faire avancer l'intrigue, mais aussi aux spectateurs, ce qui instaure une certaine complicité ( Le mariage de Figaro, acte II scène 14 lorsque Chérubin saute de la fenêtre pour éviter d'être vu par le Comte qui arrive dans la chambre de la Comtesse et qui, soupçonnant quelque chose, cherche à ouvrir la porte du cabinet où est caché le jeune page. [...]
[...] De plus, l'ironie ne peut toujours être comprise. Lorsque c'est le cas, le spectateur comprends un contre-sens, et se perd dans la pièce ou ne la comprends pas. Ainsi, le dramaturge doit faire attention à ne pas faire trop d'insinuations, à ne pas dénoncer de manière trop détournée. Mais comme dit plus haut, la censure est très présente à l'époque; il doit donc aussi faire attention aux mots employés, à ce qu'il dit, à la précision avec laquelle il critique. [...]
[...] Bien évidemment, le dramaturge ne peut avancer clairement et directement ses critiques ou ses dénonciations. Il utilise donc certains procédés, afin que tout soit plus ou moins insinué, pour garder un ton neutre et lointain de ce qu'il écrit, évitant ainsi la censure. En effet, il ne faut pas oublier que si aujourd'hui nous possédons certains droits dont la liberté de penser et celle d'expression, dans le contexte de la monarchie absolue le mot droit n'avait pas sa place. Nombreuses étaient les pièces de théâtre censurées car dites portant atteinte à la société; c'est ce que connait Voltaire en 1743 pour l'écriture de Mahomet et Sedaine pour le Déserteur .Des représentations théâtrales furent interdites; c'est le cas de la représentation du Mariage de Figaro de Beaumarchais en juin mais qui est plus tard autorisée grâce à la reine Marie-Antoinette qui accepte de jouer elle-même dans la pièce. [...]
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