Le déjeuner sur l'herbe, Edouard Manet

Résumé du document

Le Déjeuner sur l'herbe, 1862-1863 (titre original : Le Bain), est une huile sur toile d'Edouard Manet de 208 x 264,5 cm conservée au Musée d'Orsay à Paris.
Edouard Manet naît à Paris en 1832 dans une famille aisée et se destine très tôt à une carrière dans la marine tout en ayant un véritable goût pour l'art et le dessin. Il échoue au concours d'admission à l'Ecole Navale et embarque sur un bateau à destination de l'Amérique du Sud, au cours de ce voyage il décide de se consacrer à la peinture. De retour à Paris, il entre dans l'atelier de Thomas Couture, peintre de style académique, pour y ressortir six ans plus tard. Manet et Couture étaient souvent en conflits et dès ses premiers jours à l'atelier, Manet disait ; « Je ne sais pas pourquoi je suis ici; quand j'arrive à l'atelier, il me semble que j'entre dans une tombe » (propos rapportés par Paul Jamot).

Extraits

[...] En 2002, les peintres russes Dubosarsky et Vinogradov ont peint un Déjeuner sur l'herbe en hommage aux peintres impressionnistes. Ainsi, qu'il ait choqué ou non lors de son exposition, qu'il ait été critiqué ou au contraire porté aux nues par les avant-gardistes, le Déjeuner sur l'Herbe de Manet n'a pas laissé indifférent. Cette œuvre est désormais considérée comme une des premières toiles de genre impressionniste, mouvement artistique dont Manet est devenu en quelque sorte le porte-étendard L'Œuvre a donc marqué l'art et les esprits et a permis à son auteur de se faire un nom et une réputation dans le milieu de la peinture. [...]

[...] Il peut être considéré comme une version moderne de ce dernier. Le tableau de Giorgione, considéré comme une allégorie de la poésie, met en scène deux muses dénudées, Calliope et Polymnie, accompagnées de deux jeunes hommes bien habillés dont l'un des deux joue de la musique. On remarque que Manet a repris le thème d'un pique-nique en forêt avec des personnages modernes. La composition de la toile rappelle également une scène peinte par Marcantonio Raimondi d'après un dessin de Raphaël, Le Jugement de Pâris Toutefois, en insérant dans la toile une baigneuse disproportionnée, Manet déçoit l'harmonie de son exemple. [...]

[...] Ainsi, assurément, la femme nue du Déjeuner sur l'herbe n'est là que pour fournir à l'artiste l'occasion de peindre un peu de chair. Ce qu'il faut voir dans le tableau, ce n'est pas un déjeuner sur l'herbe, c'est le paysage entier, avec ses vigueurs et ses finesses, avec ses premiers plans si larges, si solides, et ses fonds d'une délicatesse si légère ; c'est cette chair ferme modelée à grands pans de lumière, ces étoffes souples et fortes, et surtout cette délicieuse silhouette de femme en chemise qui fait dans le fond une adorable tache blanche au milieu des feuilles vertes, c'est enfin cet ensemble vaste, plein d'air, ce coin de la nature rendu avec une simplicité si juste, toute cette page admirable dans laquelle un artiste a mis tous les éléments particuliers et rares qui étaient en lui. [...]

[...] La couleur verte est utilisée à outrance, pour le sol ainsi que les arbres. Seuls la nature morte du premier plan et le fin fond de l'arrière-plan apportent un peu de couleurs vives à l'ensemble, respectivement du bleu et de l'ocre-orangé. Ces deux couleurs contrastes d'ailleurs entre elles, peut être que Manet avait travaillé ce contraste en opposant le bleu du premier plan avec cet ocre orangé de l'arrière plan. Le peintre s'exprime donc dans des formes brutales et utilise des couleurs chatoyantes, rompant ainsi avec la technique traditionnelle. [...]

[...] En 1865, Claude Monet commença à peindre son propre Déjeuner sur l'herbe en réponse à celui de Manet. Toutefois, cet immense tableau par plus de 6 est demeuré incomplet. Il représente une scène plus socialement acceptable de récréation bourgeoise, mais puisqu'il s'agit d'une démonstration du nouveau style impressionniste, l'accent est plus sur les effets de lumière que sur le sujet comme tel. Le jeu subtil d'ombre et de lumière démontre les avantages de la peinture pleinairiste et contraste avec la lumière d'atelier peu naturelle de Manet. [...]