Le cubisme est le mouvement qui a donné à l'art du XXe siècle son langage propre. Il invente de nouveaux moyens d'expression, un rapport symbolique différent entre les signes picturaux et les choses qu'ils représentent. Le dadaïsme, le surréalisme, l'art abstrait n'auraient pas vu le jour sans le cubisme. Ce mouvement pourrait même, par sa recherche de moyens d'expression plus intellectuels, être accrédité d'avoir anticipé l'art conceptuel des années cinquante.
Ce sujet a donné peu d'études et d'expositions récentes dans le domaine français. A partir de l'exposition organisée par William Rubin au MOMA de New-York, les recherches se sont concentrées dans le domaine anglo-saxon.
Il n'y a pas d'acte de naissance du cubisme. C'est plus une suite de bouleversements d'assez longue durée qu'un événement facile à circonscrire. L'histoire admise dit 1907 à cause des Demoiselles d'Avignon, mais cette œuvre était si secrète que c'est seulement à partir de 1925 et surtout de 1937 qu'on a commencé d'y voir un point de départ. A présent, on retient l'expo particulière de Braque chez Kahnweiler en novembre 1908, parce que le critique Louis Vauxcelles, qui avait lancé en 1905 le terme de "Fauves", a noté que Braque réduisait tout à des schémas géométriques, à des cubes. Le terme cubisme vient peut-être de là, mais, en réalité, il est né dans les ateliers des jeunes peintres entre la fin 1908 et 1911, date où il devient usuel.
Le rejet de Braque par le Salon d'Automne de 1908 a également pris une importance rétrospective. Exposé isolément, son travail a constitué la première manifestation d'ensemble d'une rupture. Or, c'est la reprise de l'héritage cézanien, certes mettant en avant son aspect crûment son aspect le plus révolutionnaire, qui fut rejetée, juste un an après la grande rétrospective Cézanne au même salon. A partir de ce moment, le divorce entre les novateurs et les institutions artistiques s'affirme.
[...] Il s'agit d'une entreprise de légitimation du cubisme. Il compte une trentaine d'exposants, dont tous ne relèvent pas du cubisme pur. Le comité d'organisation se tient chez Picabia à la fin de l'été 1912. Le titre de ce salon rappelle à la fois la tradition et les spéculations mathématiques qui avaient cours dans le cercle de Puteaux. Le Bulletin de la Section d'Or, écrit par des poètes et critiques qui soutiennent le mouvement, paraît au même moment. Reynal met en avant la notion de "peinture pure" dont l'idée commence alors à se définir. [...]
[...] Les futuristes ont emprunté au cubisme sa fragmentation, sa discontinuité et sa géométrie qui correspondaient à leur besoin de modernisme et à leur expression de simultanéité. Mais leur attitude sauf celle de Severini demeurait anti-cubiste. Marinetti et les siens vont cependant contribuer à la diffusion du cubisme parce qu'ils constituent la 1re avant-garde aussi bien organisée pour sa publicité et qu'ils vont exposer dans toute l'Europe et aux Etats- Unis. On leur doit la propagation de la modernité et ils ont du même coup puissamment contribué à rendre désuet l'art académique, parce qu'ils se plaçaient sur le même terrain que lui. [...]
[...] L'influence de Cézanne L'influence de Cézanne n'apparaît chez lui qu'après son arrivée dans le milieu des Stein et des Derain. A l'époque, Matisse fait figure d'aîné et de maître en modernisme, parce que c'est lui qui possède l'expérience la plus riche du cézanisme et du néo-impressionnisme. Chez Derain comme chez Matisse, la discipline puisée chez Cézanne est alors recouverte par l'exaltation devant la couleur. Cependant, dès 1906, chez Derain comme chez Vlaminck, le coup de barre vers le constructivisme est net. La couleur est toujours à saturation mais les formes s'aplatissent désormais sur la toile. [...]
[...] Dans Violon et palette puis dans Broc et Violon, la profondeur est produite par un clou peint en trompe-l'œil, qui agit comme signe capable de figurer les coordonnées mentales de l'espace. Voilà Braque & Picasso qui, au terme d'une première campagne de destruction et de recomposition de l'image, découvrent toute l'importance du conditionnement cérébral de la vision. Affiner la perception des volumes par le découpage en facettes, faire circuler l'air et la lumière dans l'espace ainsi peint, créer des tensions par contrastes de formes et de rythmes produit une réalité matérielle indépendante Vers le cubisme hermétique (été 1910 printemps 1912) A partir de l'été 1910 les deux peintres vont développer et fortifier leur cubisme analytique, mais le processus est complexe. [...]
[...] Mais étaient-elles vraiment cubistes? C'est aujourd'hui une question pleine de sens Une première prise de conscience du cubisme: le "Nu à la draperie" Au cours même du travail sur la grande toile, Picasso a commencé à étudier isolément la 2e fille à partir de la gauche. C'est à partir de là qu'il va aboutir, à la fin de l'été 1907, à une œuvre de synthèse de ses découvertes: le Nu à la draperie. Picasso, Nu à la draperie Le Nu bleu de Matisse joue dans l'élaboration du Nu à la draperie un rôle de défi sans doute aussi important que les Baigneuses pour les Demoiselles. [...]
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