Au VIe siècle avant Jésus-Christ, la plupart des cités grecques sont confrontées à de graves crises politiques et économiques, qui entraîneront notamment l'apparition de la démocratie athénienne le siècle suivant. Mais cette période trouble sera également le témoin d'une extraordinaire effervescence artistique à Athènes, ponctuée principalement par l'apogée de la céramique attique à figures noires et par l'apparition de la céramique attique à figures rouges. Ces innovations artistiques s'accompagneront de mutations dans la société, principalement signifiées par un renouveau du statut du technitaï entraînant l'apparition des premières céramiques signées par des artisans (Sophilos en est le premier exemple connu, au début du VIe siècle avant Jésus-Christ). Nous allons nous intéresser ici à la principale révolution artistique de ce siècle à Athènes : l'apparition et le développement de la céramique attique à figures rouges, à travers l'exemple du cratère dit « Cratère d'Antée ». La technique de la peinture sur vase à figures rouges apparut à Athènes vers 530 avant notre ère, alors que les peintres athéniens venaient tout juste de percevoir les limites de la technique à figures noires à son apogée. L'apparition de cette nouvelle technique permit donc de revisiter la peinture vasculaire, et accéléra le tout nouveau déclin de la technique à figures noires. Si les premières années de la technique à figures rouges furent consacrées à l'assimilation des innovations qui en découlaient, le peintre Euphronios et le groupe des pionniers auquel il appartenait se concentrèrent, dès 520 avant notre ère, sur les expérimentations qu'offrait ce nouveau savoir-faire. C'est ainsi que Euphronios peignit, vers 515-510 avant notre ère, ce cratère en calice attique à figures rouges, dit « Cratère d'Antée ».
[...] L'une nous est présentée de face tandis que l'autre nous apparaît soulevée de profil. Euphronios parvient ici à rendre une bonne observation anatomique qui se voit notamment à travers le rendu de l'abdomen, on est bien loin de la Coupe de Sarpédon et de ses représentations conventionnelles. Dans ses dernières représentations, Euphronios remplace le thème de la palestre par la figure isolée de l'athlète comme on peut le voir dans son amphore du Louvre CP 11071 où il représente un discobole dans un espace à 3 dimensions et dépourvu de limites. [...]
[...] Ce statut n'est pas équivalent à ce que l'on appelle aujourd'hui un artiste, mais correspond plutôt à ce que l'on peut nommer ouvrier d'art. Ce terme permet ainsi d'englober tous les corps de métiers qui participent à la création artistique, comme les peintres et les potiers. On ne parle donc pas de véritables artistes dans le sens que nous connaissons. La réalité sociale de ces technitaï montrant que leur production était exclusivement conçue et exécutée afin de satisfaire les envies de la communauté. [...]
[...] Ils travaillaient dans le quartier des potiers d'Athènes. On peut réellement parler de cohérence en tant que groupe, cependant on ne les connait qu'à travers leurs vases, car on ne dispose d'aucunes source écrite. Part rapport à l'invention de la figure rouge, leurs premières oeuvres n'apparaissent qu'une dizaine d'années plus tard, vers -520. Ce groupe se caractérise dans un premier temps par la compréhension de ce que pouvait leur apporter la technique de la figure rouge, c'est-à-dire une précision de trait et un affinement des détails du dessin. [...]
[...] De l'autre côté, Athéna est une Déesse avisée, gracieuse et intelligente qui personnifie la sagesse. Du fait de ces différences apparentes, ces divinités ne semblent pas au premier abord représentatives des artisans, bien que ce soit justement cet aspect mixte qui caractérise le choix de telles divinités. En effet, cette opposition peut être mise en rapport avec l'acte même de création d'un technitaï. Ainsi, malgré le fait que le fruit de son travail résulte d'un effort physique, cette brutalité d'exécution liée à l'acte de création, à rapprocher du domaine du Dieu forgeron, est métamorphosée par la beauté et le travail que l'œuvre obtient par la main de l'homme, qui le magnifie par son intelligence dont Athéna est la gardienne. [...]
[...] On peut assurément attribuer à Euphronios six vases en tant que peintre et dix en tant que potier, car il les a signés. Il préférait les grands cratères et notamment les cratères en calice, mais cela ne l'empêchait pas de décorer des coupes. Certains pensent qu'il fut à l'origine d'un nouvel essor des amphores à col aux anses torsadées comme en témoigne le traitement des deux amphores qui nous sont connues à ce jour et qui préfigurent des styles du début du Ve siècle. [...]
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