Véritable télescopage entre un sentiment de mélancolie issue des profondeurs nocturnes et la brutalité luminescente émanant d'un café, cette toile signée Van Gogh acquiert un caractère bien spécifique. En effet, peint en 1888, ce tableau est la retranscription picturale des tribulations sentimentales et émotionnelles qui hantèrent ce peintre « maudit ». Entre délires schizophréniques et verres d'absinthe, l'univers pictural de Van Gogh apparaît comme la matérialisation des ses états d'âme.
Ainsi, l'œuvre de Van Gogh devient le symbole d'une nouvelle conception artistique puisque désormais l'épanchement personnel dans la création plastique en deviendra inévitable. C'est au travers de cette œuvre, le Café de nuit, que nous allons pouvoir comprendre toute l'importance du travail de ce peintre en matière d'histoire de l'art. En effet, bien que décrié en son temps, Van Gogh est l'un des principaux acteurs de la rupture qui caractérisa la période post-académique.
[...] En effet, l'œuvre de l'artiste n'est qu'un prétexte pour extérioriser les sentiments contradictoires qui l'habitent. Ainsi, cette scène dans un café retranscrit la mélancolie et la solitude qui animent Van Gogh. Il est chose aisée de discerner ce dernier sentiment, et cette grâce notamment à la présence de ces chaises éparpillées, comme si peu de temps auparavant le café était bondé et que les gens disparurent précipitamment. Ces chaises abandonnées et dispersées ça et là évoquent une présence antérieure, inhérente au sentiment de solitude. [...]
[...] Mais le jaune est aussi la couleur de la lumière. Une lumière qui joue un rôle prépondérant dans cette toile, puisqu'elle contribue à activer la confrontation des couleurs, en plus des cernes noires, mais donne également l'impression d'un jeu de miroir. En effet, la luminosité du tableau semble provenir à la fois de l'intensité issue du contraste des couleurs complémentaires, mais également des trois lampes suspendues au plafond, afin que la lumière qui en provient puisse se réfléchir sur le plancher. [...]
[...] Mais l'héritage de l'artiste se fera sentir d'une manière bien plus intense quelques années plus tard. En effet, le fauvisme prit ses racines dans l'arbitraire des couleurs que développa Van Gogh dans son œuvre. Raison pour laquelle son nom sonne comme une rupture dans la sphère artistique. Ainsi, si l'on fait abstraction de l'anachronisme, on peut dire que l'œuvre de Van Gogh illustre parfaitement les dires de Derain, peintre fauviste : La ressemblance ne passe plus par la vraisemblance Rouge et vert : couleurs complémentaires -intensité mise en valeur par l'utilisation de cernes noires. [...]
[...] découpage par les diagonales. découpage par le nombre d'or. une perspective aléatoire. Simplification des formes. Aplats de couleurs pour le plancher et empâtements de peinture. Utilisation de traits pour les halos lumineux. [...]
[...] Une humeur qui somme toute finira par avoir raison du peintre, puisqu'il mettra fin à ses jours. Enfin, l'allure des quelques clients, hagards et affalés sur les tables de ce café, ne fait que corroborer l'intuition d'un sentiment de déréliction déjà grandissant. Notons également l'importance de la perspective accélérée, qui de par son action d'écrasement sur la composition et la profondeur accentue l'impression de bidimentionnalité, qui d'ailleurs deviendra peu de temps après très présente dans les œuvres de Matisse par exemple. Mais la ligne constitue incontestablement l'élément fondamental du style de Van Gogh. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture