Une grande invention est partagée par tous les hommes depuis son apparition voici 35 à 40 000 ans : c'est l'art. Des scènes peintes dans des grottes montrant des danses prouvent l'existence de musiques pré-historiques. Le temps n'a conservé que les représentations graphiques et plastiques, c'est-à-dire les gravures, les peintures et les sculptures réalisées dans la pierre, sur des parois rocheuses d'abris ou de grottes, dans l'os, l'ivoire, les bois de cervidés, mais parfois, des dessins faits avec du charbon de bois sont parvenus jusqu'à nous. Et il est désormais devenu possible de les dater au carbone 14 avec précision… Des techniques ont été également mises au point pour entendre les sons via les poteries. En effet, le sillon du potier a, comme pour un disque, enregistré les sons produits alentour et il est désormais possible de décrypter ces sonorités.
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[...] Comme ceux qui l'ont précédé, il crée son univers et lui donne les formes qui conviennent à sa signification, pour lui et pour son clan. Ses peintures reflètent à la fois le passé, effectivement préhistorique, et le présent qui intègre les contacts avec les Occidentaux depuis deux siècles. En d'autres termes, l'art rupestre est continu de la préhistoire, celle des peuplements de l'Australie jusqu'à nos jours. Les limites de la préhistoire sont diluées dans ce passé qui n'est pas marqué, comme en Inde, par l'apparition de nouveaux modes de vie économique et de systèmes de représentations complètement différents. [...]
[...] Ils sont les marques identitaires des groupes. D'autres thèmes sont, à l'inverse, révélateurs de contacts, voire de déplacements d'une région à une autre ; par exemple, les signes claviformes, spécifiques de l'art pariétal ariégeois, sont également présents dans deux cavités espagnoles subcontemporaines. Du tréfonds sensible des créateurs aux relations d'échanges ou d'intégration culturelle, les représentations préhistoriques ont bouleversé la marche des hommes et ont imposé le symbole à leurs regards et compréhensions ; elles leur ont donné le pouvoir de se distancer du monde et du temps. [...]
[...] Ce qui pourrait paraître paradoxal est en vérité le fruit de l'union de l'Homme et de la nature. De fait, les techniques d'exploitation des matières et des ressources naturelles, les types d'habitats en plein air, les modes de vie économique donnant un rôle prépondérant à l'animal, ont été les facteurs déterminants de l'unité des formes préhistoriques dans le monde. L'art préhistorique est avant tout un art de nature, des grands espaces ouverts, parcourus par les hommes et les animaux, ses principaux acteurs projetés sur les parois rocheuses. [...]
[...] Ainsi, l'art figuratif, outre une photographie de ces temps reculés, serait une sorte d'ex-voto permettant de garder en mémoire les trépidations du groupe. En témoigne une peinture de Lascaux montrant un homme à terre face à un taureau crachant ses viscères. Or, cette acquisition du pouvoir de l'imaginaire semble se traduire par l'élaboration de systèmes de signes : parures corporelles, rites de mort, représentations mobilières et pariétales. Mais bientôt, les progrès technologiques des hommes de la préhistoire provoquent l'invention d'une infinité de formes, d'un véritable système de signes décoratifs et sémantiques, comme l'atteste le site paléolithique de Malta, en Sibérie. [...]
[...] Sur ce point, nul doute que l'artiste de la préhistoire hérite de l'artisan. La main est déjà éduquée à l'habileté extrême avant d'être celle de l'artiste. La création de l'image requiert la capacité à structurer les formes observées dans un espace graphique ou un volume plastique. L'artiste de la préhistoire, qui accorde une place prépondérante à l'animal, hérite de la connaissance ancestrale des chasseurs. La représentation animalière est déjà dans l'oeil de l'artiste chasseur habitué à apprécier sa force, sa vitesse, sa valeur. [...]
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