Ayant mené pendant un peu plus d'un an une recherche approfondie sur le thème de la femme dans les arts, je me suis vite rendu comte que le XVIIIe siècle allait s'avérer être une période cruciale dans la représentation de la femme, car à l'Apologie de la sensualité féminine dans les œuvres libertines, succéda bien vite une véritable iconographie de la misogynie. Mais si cette misogynie ne datait pas du XVIIIe siècle, et remontait à des temps ancestraux, on vit à ce moment-là, se dessiner une nouvelle stratégie visant à infantiliser la femme et la réduire à ses capacités maternelles. Véhiculée par les artistes, cette nouvelle image de la femme allait figer pendant plus d'un siècle, son rôle dans la société. Les arts visuels ne faisant que refléter les idéologies à une époque donnée, j'en ai donc fait les sources d'un propos historique.
Cette démarche m'avait été inspirée par les cours-conférences réalisés sur la femme par M. Astor et Melle Lambert à l'université de Nice. Leur approche m'avait fait découvrir une branche historique non familière, toujours peu étudiée et bien des égards encore marginalisée et dépréciée. Il est vrai que l'on prête souvent aux femmes écrivant sur les femmes des revendications féministes. Considérant que ce thème de recherche est à l'égal de bien d'autres, je voulais plus particulièrement étudier la relation étroite qui a de tout temps uni la femme à son corps, la vie des femmes afghanes en étant un exemple récent. Car les femmes plus que les hommes ont toujours été confondues avec leur corps. Leur statut dans la société dépend de l'attitude de celle-ci envers le corps en général, et leur sexe en particulier. En ce sens, la prégnance dans les mentalités de la culture chrétienne déjà fortement influencée par son héritage antique a profondément conditionné le regard qu'ont porté les individus sur le corps féminin.
[...] Ce fut sous l'influence du mouvement libertin, dont les plus illustres représentants furent le duc d'Orléans et le roi lui-même, que les artistes de la première moitié du XVIIIe siècle firent régner la femme dans un univers de luxe, de richesse et d'érotisme. Les toiles d'un Watteau ou d'un Fragonard célèbrent la gloire la femme sensuelle, aguichante et coquine. Véritable hymne à l'amour charnel, ces représentations étaient le reflet de cette nouvelle réalité où les femmes du Tout-Paris brillaient dans les salons, influençaient les ministres ou introduisaient dans leurs petites maisons des personnes aux mœurs légères. [...]
[...] La théorie de l'évolution était ainsi reprise pour mettre en lumière la nécessaire répartition des tâches au sein d'une même espèce, autrement dit la femme était réduite à ses capacités maternelles, tandis que l'homme incarnait l'espoir de la transcendance intellectuelle. Mais ces sciences, prétendument savantes, ne se contentèrent pas de prouver supériorité de l‘homme sur la femme, ils créèrent également une hiérarchisation de races, plus ou moins réussies, viles ou méprisables. Les femmes, au même titre que les gens de couleurs et les juifs devenaient les boucs émissaires d'une société névrosée éprise de justifications hégémoniques. [...]
[...] Les arts me sont donc apparus être la meilleure source d'inspiration possible, car les oeuvres visuelles, plus que n'importe quelle autre forme d'expression nous donne à voir des corps féminins. Il faut dire que j'ai toujours été particulièrement intéressée par tout ce qui touche de prés ou de loin au domaine artistique. Mais si les œuvres d'art sont avant tous jugées sur des critères esthétiques, elles peuvent également s'avérer être une source précieuse pour comprendre les mentalités et les idéologies d'une société à un moment donné de l'histoire. [...]
[...] L'artiste, un révélateur du lien ambigu entre les mœurs de son temps et le progrès des sciences Ayant mené pendant un peu plus d'un an une recherche approfondie sur le thème de la femme dans les arts, je me suis vite rendu compte que le XVIIIe siècle allait s'avérer être une période cruciale dans la représentation de la femme, car à l'Apologie de la sensualité féminine dans les œuvres libertines, succéda bien vite une véritable iconographie de la misogynie. Mais si cette misogynie ne datait pas du XVIIIe siècle, et remontait à des temps ancestraux, on vit à ce moment-là, se dessiner une nouvelle stratégie visant à infantiliser la femme et la réduire à ses capacités maternelles. [...]
[...] Les artistes reproduisant en effet le même schéma que les autorités médicales, exaltèrent alors la pureté féminine, en la plaçant sur le même piédestal que la Vierge. Abbott Handerson Thayer, La Vierge sur le trône, huile sur toile x 52 cm, Simthosonian American Art Museum, Jone Gellaty. Se retrouvant investie d'une véritable vocation de madone, elle devenait cet être sublime et virginal qui mènerait l'homme à la transcendance. Douce, soumise, vertueuse et désincarnée, elle représentait à merveille les vertus du sacrifice qu'un mari bourgeois était en droit d'attendre de son épouse. [...]
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