L'art et les symboles néolithiques

Résumé du document

D'après l'idée de l'anthropologue Lévi Strauss dans le cadre des peuples sans écriture, c'est l'imagerie qu'ils développent qui peut le mieux nous mettre sur la trace des systèmes symboliques. Ces sociétés nous ont livré de nombreuses œuvres d'art qui restent assez méconnues du grand public. C'est dans le cadre des dernières sociétés de chasseurs cueilleurs et des premières sociétés agro-pasteurs que se développe un art symbolique.
Mais tout d'abord qu'est ce qu'un symbole : c'est la représentation concrète d'une notion abstraite. Pour la période qui nous concerne, débutant aux alentours de 10.000 avant J.C. (PPNA) et se terminant avec la fin du PPNB (7000 av J.C.), l'art est notre principale source de symboles pour les populations concernant le Proche-Orient et l'Anatolie.

Extraits

[...] Lieux de culte et vie après la mort Avec cette évolution artistique néolithique apparaissent des pratiques cultuelles et funéraires nouvelles. L'homme commence à manipuler la nature, il est donc prêt à s'intéresser maintenant à sa propre image. C'est au PPNB que naissent les premières véritables statues en ronde bosse dans des dimensions bien plus imposantes que celle des figurines. Ce sont des statues qui ne sont pas sculptées, mais modelées en chaux sur une âme de roseaux. Certaines sont de taille presque grandeur nature (près d'1 mètre), d'autres sont plus petites (environ 35cm), mais parfois plus complètes. [...]

[...] De plus, la rudesse des volumes est compensée par un intense effort décoratif. Ces statues étaient peintes ou incrustées, les visages sont polychromes : le globe oculaire se détache par un blanc plus cru du reste du visage. L'utilisation du bitume pour rendre la pupille et le contour de l'œil devait à l'époque de leur réalisation donner un effet totalement saisissant. Notons que le bitume devait également servir d'adhésif pour leur fixer sur la tête une possible chevelure végétale. Une question se pose alors : Que représentaient ces statues et dans quel but ont-elles été élaborées ? [...]

[...] Les figurines d'argiles du Levant sud sont attestés au PPNB moyen (Jéricho, Beidha, Munhata), elles restent frustres d'aspect, mais de style fort différent selon les endroits, la forme féminine n'est pas schématisée de la même manière, chaque site présentant ses conventions esthétiques propres : Ce site d'Aïn Ghazal est encore davantage remarquable pour son art animalier: on y trouve de très nombreuses figurines zoomorphes en argile et assez élaborées. Un quart de celles qui sont identifiables représentent des bovidés. L'aurochs qui est encore rarement chassé inspire à lui tout seul presque tout l'art animalier identifiable à Aïn Ghazal et à Jéricho. Quelques figurines de bovidés présentent des lamelles de silex fichées dans le poitrail ou la tête. Le symbolisme de la chasse au taureau parait déjà présent au début du 8eme millénaire. [...]

[...] Ce qui est sûr est que l'architecture et surtout l'organisation des villages changent. Le témoignage de travaux et de bâtiments communautaire, de réunion ou de culte, évoque un changement dans le monde symbolique de ces sociétés. C'est sur le site de Göbekli au sud-est de la Turquie que l'on trouve sans doute les premiers lieux de culte de l'humanité. Il y a 11 OOO ans, des hommes qui ne savaient pas encore cultiver les céréales ont réussi à déployer l'organisation et la force nécessaire à cette construction mégalithique. [...]

[...] La pénétration des symboles Levantins en Anatolie (8500-6900) En Anatolie orientale à partir de 8500 avant J.C que l'on retrouve les figurines féminines du proche orient. Entre 8500 et 7500 ces figurines féminines en terre cuite sont présentes sur tous les sites accompagnées de rares exemplaires masculins (Cafer,Nevali çori). Dans le domaine animal, des taureaux sont très souvent représentés parmi les figurines en en terre retrouvées sur le site de çayonu. C'est aussi en Anatolie que l'on voit apparaitre les sanctuaires : le site de Gobekli Tepe dans la plaine d'Urfa a la particularité d'avoir été occupé dès le PPNA par des chasseurs cueilleurs. [...]