Le temple roman fut adopté au XIXe siècle par analogie avec les langues romanes pour désigner l'art qui s'est développé de la fin du VIIIe siècle au XIIe siècle en Occident. On distingue une période pré-romane, englobant les VIIIes, IXe et Xème siècle et une période romane proprement dite s'étendant à tout le Xième siècle jusqu'à la moitié du XIIe siècle, environ.
De l'époque carolingienne subsistent deux témoins importants dans lesquels il faut voir l'une des sources de l'architecture ultérieure. Érigée de 796 à 805, la chapelle Palatine d'Aix-la-Chapelle apparaît, avec son octogone central et ses piliers massifs réunis par des arcs en plein cintre, comme un modèle qui devait être imité plusieurs fois. Il es est de même de l'église de Germigny-des-Près construite par Théodulphe, évêque d'Orléans (798-818) dont le carré central à coupole et à arcades trouve son origine dans l'architecture arménienne (cathédrale d'Etchmiadzine). Le premier art roman naît vers la fin du Xème siècle et correspond à la période de calme qui succéda à l'élection d'Hughes Capet (987).
[...] Les édifices civils de l'art roman sont relativement rares. En France, quelques hôtels de ville ont été préservés; celui de La Réole et celui de Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne), qui a conservé son décor sculpté (Adam et Eve), comptent parmi les plus intéressants. Les demeures urbaines sont plus nombreuses; quelques-unes remontent à la première moitié du XIIème siècle, comme le palais épiscopal d'Auxerre (1116-1136). A cet art civil, il faut ajouter l'architecture conventuelle des grandes abbayes qui comprenaient toujours, outre des locaux pour les moines, des bâtiments hospitaliers (dortoir, réfectoire, etc.), des celliers (Clairvaux, Vincelotte), des salles capitulaires et autres dépendances (Fontenay, Pontigny, Noirlac, le Thoronet, Silvacane). [...]
[...] Limoges fut, grâce au scriptorium de Saint-Martial, l'un des centres de l'enluminure romane (Bible de Saint-Martial, v.1100, Bibl. Nationale de Paris); c'était aussi le grand foyer des émaux, d'abord cloisonnés, ensuite chamlevés; les plaques à décor émaillé, à fond vermiculé (Châsse de Gimel), guilloché, ou à personnages réservés sur fond émaillé (Ciboire d'Alpais, Louvre) témoignent de la richesse des émaux limousins. Le goût roman pour les objets somptueux se retrouve dans les orfèvreries de Conques (Statue reliquaire de Sainte-Foy, Xème siècle), les bustes reliquaires auvergnats (Buste de Saint-Césaire, maurs, Cantal), les chasubles enrichies de pierres précieuses, etc. [...]
[...] Dans le Nord de L'Europe, le roman s'est largement diversifié. Evangélisés au XIème siècle, les pays scandinaves se sont couverts de sanctuaires uniformément en bois (église de Borgund, v.1150) avant d'adopter une architecture de pierre ou de granit où l'on retrouve l'influence directe du style anglo-normand (église norvégienne de Hamar, v.1265) et des formes françaises (cathédrales danoises de Ribe, de Viborg et de Lund, Xèmesiècle), parfois très librement interprétées comme à ,la curieuse église en croix grecque et à tours massives de Kalundborg (v.1170-1190), dans la partie ouest de l'île de Sjaeland. [...]
[...] En Italie, la diversité romane ne fut pas moins féconde qu'en France. Les nombreuses églises et cathédrales (Parme, Modène, Pise, Plaisance et Lucques) ont permis de reconnaître certaines constantes (bandes et arcatures à l'extérieur, porche supporté par des lions, campanile isolé) caractéristiques d'une école lombarde. L'emploi de voûtes massives sur nervures apparut dès le début du XIIème siècle à la nouvelle basilique Sant'Ambrogio de Milan. Le plan basilical fut observé aux cathédrales de Modène, Ferrare et Parme, tandis que la reconstruction de Saint-Marc de Venise (consacrée en 1094) favorise la pénétration des influences byzantines, particulièrement à Vérone (église San Zeno). [...]
[...] Au centre et à l'est, les peintures à fond sombre prédominent (prieuré de Berzé-la-Ville, Saône-et-Loire). Deux ordres de production originale sont à mettre à l'actif de l'art roman français : l'orfèvrerie et la miniature. La première se développa avec la vénération des reliques des saints qui suscita la fabrication de nombreuses châsses. L'illustration des manuscrits offre un bon exemple de la virtuosité des artistes romans qui s'exprimèrent dans le livre avec plus de liberté encore que dans la pierre. Citons l'Apocalypse de Saint-Sever (milieu XIème siècle, Bibl. [...]
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