La connaissance de la civilisation égyptienne et de l'art qui en est l'expression directe n'est pas antérieure aux découvertes de Champollion dont l'un des mérites fut d'avoir démythifié tout ce qui, de près ou de loin, touchait à l'antique royaume des pharaons. Peu à peu, au fur et à mesure des découvertes archéologiques qui suivirent le déchiffrage de l'écriture hiéroglyphique - en particulier l'énorme contribution des Français Mariette et Maspéro -, l'art égyptien qui inspirait encore, au début du XIXe siècle, crainte et admiration perdit son essence mystérieuse et l'on put discerner ses intentions fondamentales.
L'un des caractères les plus importants de cet art est qu'il ne prétend pas répondre aux règles d'une esthétique particulière ; il vise au contraire à exprimer l'effet de puissance, lequel à son tour entraîne l'impérissable, lui-même symbole d'une éternité qui s'imposait aux riverains du Nil. La majesté et la grandeur d'un pays comme l'Egypte, aux horizons vus non pas comme frontières d'Etat mais plutôt comme indécise transition entre terre et ciel, devaient sans doute favoriser de telles conceptions.
[...] Les trois célèbres pyramides de Khéops, de Képhren et de Mykérinos, constituent en effet l'aboutissement de l'art funéraire égyptien. Ces millions de mètres cubes de pierre, seulement percés de quelques rares galeries menant à la chambre royale, sont certainement ce que la civilisation égyptienne a conçu de plus grandiose et de plus étrange au cours de son histoire. Et c'est sans doute que là se réalise avec le plus de force l'éternelle durée des pharaons-dieux. Tout comme l'architecture, la sculpture égyptienne répond à cette obsession d'éternité. [...]
[...] L'art animalier, cependant, produit toujours des chefs-d'œuvre taillés dans les matières les plus dures (Anubis de Copenhague, Thoutéris du Caire), tandis que la statuaire de bronze atteint une perfection technique inégalée et témoigne d'un merveilleux sens plastique. L'époque ptolémaïque se caractérise par une très forte influence grecque qui aboutit, à travers une indéniable virtuosité dans les attitudes et les costumes, à une enflure des formes de plus en plus affirmée. Dès le second siècle de notre ère, la sculpture égyptienne était morte. De même que la statue, l'image était un gage d'éternité. Les peintures les plus anciennes remontent à l'Ancien Empire avec les célèbres Oies de Meidoum du musée du Caire. [...]
[...] Par ailleurs, il était nécessaire que chaque élément constitutif de l'objet ou de l'être fût immédiatement compréhensible, comme le signe d'une écriture. C'est pourquoi la tête est toujours représentée de profil tandis que les épaules sont vues de face et le bassin de trois quarts. Une technique fréquemment employée chez les Egyptiens fut celle du bas-relief, souvent très léger et dont le tracé est aussi pur que s'il s'agissait des signes de l'écriture. Peintures et bas-reliefs reproduisent une grande quantité d'animaux (il existe un véritable bestiaire égyptien) souvent mêlés à des scènes de la vie quotidienne. [...]
[...] Deux facteurs ont, dès l'origine, conditionné l'art de l'Egypte. En premier lieu, le Nil, dont les périodes de maigre et de crue symbolisaient l'alternance de sommeil et de retour à la vie, et qui apportait son limon argileux pour le façonnage de la petite statuaire et la fabrication de la brique, matériau utilisé dans les constructions les plus anciennes et les plus simples. En second lieu, le Soleil, astre divinisé, source de toute vie, étroitement associé à l'idée du pouvoir (le pharaon est le fils de Rê, c'est-à-dire du soleil). [...]
[...] Une place à part doit être faite à l'art de la céramique et du verre. C'est à la terre cuite émaillée que les artistes firent le plus fréquemment appel pour réaliser toutes sortes de petits objets comme perles, pendentifs, amulettes et surtout des vases et des coupes. Au Moyen Empire, celles-ci sont en terre cuite émaillée bleue avec des ornements tracés à la peinture noire (oiseaux, plantes aquatiques) tandis que les vases du Nouvel Empire se distinguent par des couleurs et des formes plus variées. [...]
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