Un préjugé tenace veut que l'art byzantin, figé dans une tradition rigide, n'ait pas connu d'évolution au cours de plus de onze siècles d'existence. Comme la plupart des opinions de ce genre, celle-ci repose sur une part de vérité ; en effet cet art, qui a pour caractéristique essentielle d'être totalement subordonné à la religion et à l'empereur, ne pouvait guère subir de mutation profonde dans la mesure où cette religion et ce pouvoir étaient stables. Il a pourtant suivi une évolution liée en grande partie à l'histoire de l'Empire byzantin, qui l'a fait passer du stade symbolique initial à un stade qu'on pourrait qualifier d'historique; puis, de dogmatique, il est devenu narratif.
Soumis à la religion, l'art byzantin fut conçu comme un moyen d'instruire les fidèles; l'artiste toujours anonyme ne cherche pas à flatter l'œil ; il se limite à l'iconographie imposée par l'Eglise et s'adresse à travers elle à l'esprit. Rien de moins sensuel donc que cet art : le modelé de la chair, le détail « humain » ne l'intéresse pas ; il se sert au contraire de signes qu'il veut éternels, et le modelé disparaît au profit du trait et de la couleur en aplat.
[...] Durant la crise, la peinture sacrée s'était réfugiée dans les monastères rupestres de Capadoce et la miniature avait connu dans les couvents un développement sensible (psautiers Khludov, Physiologus, etc.). La renaissance des empereurs macédoniens (867-1081) et des Comnène (1082-1185) voit l'affrontement de l'art impérial réaliste et officiel et de l'art monastique théologique. En architecture, le type d'église en croix grecque avec coupole s'impose à Constantinople (nouvelle église de Basile Ier, églises de Boudroum-djami, deKilisse-djami, du Pantocrator) et à Salonique (la Théotokos, Saint-Pantéléméion, les Saints-Apôtres). Quatre types se répandent en Grèce : 1. Basilique voûtée à trois nefs égales; 2. À trois nefs inégales; 3. À nef unique; 4. [...]
[...] En Occident, l'expansion de l'art byzantin n'avait pas été moins importante. C'est à Ravenne, résidence d'un exarque grec jusqu'au VIIIème siècle, que les monuments furent les plus remarquables : Saint-Apollinaire-le-Neuf, Saint-Apollinaire-in-Classe Saint-Vital (526-547). L'influence byzantine se retrouve également dans de nombreuses églises romaines (fresques de Santa Maria Antica) et en Italie du sud. Enfin, les plus lointaines infiltrations de l'art byzantin sont celles qui s'observent en France (église de Germigny-des-Près, VIIIème siècle), en Espagne chrétienne et musulmane, en Allemagne (Aix-la-Chapelle, Reichenau) et même en Scandinavie. [...]
[...] De cette époque datent les mosaïques de Daphni (Xième siècle), puis d'Athènes, de Saint-Luc, et, en Italie, de Saint-Marc de Venise, des églises siciliennes de Palerme, Monreale, Cefaluet, en territoire slave, de Sainte-Sophie d'Ohrid. En sculpture, les chapiteaux sont de plus en plus travaillés et finement ornés; une renaissance se manifeste également dans le relief qui devient moins schématique et plus harmonieux. Le renouveau ne se fait pas moins sentir dans la miniature, comme en témoignent le Psautier Barberini (Vatican, XIIème siècle) et les psautiers dits aristocratiques richement illustrés, avec des références à l'Antiquité et une importance accrue des paysages (Ménologe du Vatican, Psautier de Paris, Bibl. Nationale, Paris). [...]
[...] L'atonie de l'art byzantin à partir du VIIème siècle s'explique par la décadence de l'empire. C'est pourtant l'époque où l'Arménie construit ses plus belles églises sur plan basilical à nef unique ou sur plan centré avec coupole. Rome, très largement influencée par Byzance, n'est pas moins active dans ce domaine; l'art de la mosaïque y est par ailleurs florissant. La crise iconoclaste eut des répercussions considérables, elle dura de 726 à 846 et se termina par la victoire des défenseurs des images. [...]
[...] La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 mit fin à l'art byzantin dont le destin était lié à l'empire. Son prestige fut immense en Orient comme le prouvent à la fois les églises arméniennes des VIIème et VIIIème siècle et plusieurs mosquées arabes à Jérusalem et à Damas. Mais c'est le mode slave qui fut surtout marqué par son inspiration importée par le canal des évangélisateurs. Elle se manifesta tout autant dans l'architecture que dans la décoration. En Russie, dans des centres comme Kiev, Novgorod, Vladimir, Souzdal et Moscou, des foyers d'art naquirent où s'imposa un type d'églises à silhouette pyramidale, à clocher polygonal ou à bulbe. [...]
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