Quelle est la situation de l'art à la veille des années 60 ?
D'abord il faut établir les relations de l'art d'après 45 avec l'art d'avant 45. Il y a une continuité évidente. Depuis la seconde moitié du XIXe s., les artistes qu'on aime se sont présentés comme des transgresseurs, des anti-académiques, des révolutionnaires (voir Courbet et la Commune de Paris, voir les artistes russes et la Révolution de 17). Ainsi, si on définit l'art moderne comme un art transgresseur au départ, incompris du grand public au début, et qui petit à petit est compris, assimilé, intégré au musée, alors on peut dire que l'art moderne continue jusqu'à nos jours. C'est l'idéologie des avant-gardes.
Par bien des aspects, cette idéologie est revivifiée, réactualisée en 1945 : il y a un parallélisme avec la situation des artistes autour de la 1ère guerre mondiale : même sentiment de crise dû à la guerre avec les mêmes réactions violentes (le dadaïsme en 18, tous les mouvements post-dada après 45) ; même anarchisme, gauchisme ou communisme ultra-majoritaire chez les artistes ; même volonté de fonder des mouvements, de lancer des manifestes, tous plus violents et définitifs les uns que les autres ; même volonté enfin de s'en prendre à l'art académique, de brûler les musées etc. D'autre part, entre l'art avant 45 et l'art après 45, il y a certaines ruptures importantes. En gros : la révolution artistique du début XXe portait avant tout sur les formes, les avant-gardes s'opposaient à l'académisme formel, associé au goût bourgeois. Les artistes pensaient participer à la révolution de la société par une révolution des formes. Après 45, le travail, l'engagement des artistes dépasse largement le monde des formes : ils touchent beaucoup plus aux cadres sociaux, aux fonctions de l'art, à ses rapports avec la vie elle-même (l'art met en crise la figure de l'artiste, le rôle du musée, la fonction de représentation et la fonction symbolique de l'art, la coupure entre l'art et la vie quotidienne) (...)
[...] La peinture devient la trace d'un geste plus qu'un ensemble de formes . C'est déjà une idée qu'on trouve un peu chez Kandinsky ; mais chez ce dernier il y a encore la volonté de faire une composition, c'est‐à‐dire un souci du résultat . Au contraire, chez Pollock, selon Rosenberg, il n'y aurait aucune volonté de composition ; juste l'instinct, l'inconscient, le corps au travail . Rosenberg écrit : Ce qui devait se passer sur la toile n'était pas une image, mais un événement. [...]
[...] Cet attachement au style se rattache à l'individualisme moderniste ; on peut dire aussi qu'il montre en quoi ces artistes sont reliés à l'art de la 1ère moitié du où il s'agissait de se faire reconnaître en affirmant son originalité, sa singularité. Ces artistes veulent faire œuvre. Mais il y a une tendance déjà assez nette au dépassement de l'œuvre, dans cette omni‐présence du corps de l'artiste, dans ce dépassement du tableau de chevalet . [...]
[...] Mais pas de la même façon. Picasso représente l'avant‐garde du début du siècle, héritage revendiqué après 45 puis très vite rejeté . Duchamp représente un type d'action artistique largement minoritaire avant 45, mais ultra‐revendiqué à partir des années Picasso, Guernica Madrid, Musée d'art moderne de la Reine Isabelle . A partir de 45, Picasso va servir de premier modèle : lui, le peintre par excellence, qui a détruit tous les canons de beauté de la peinture, représente la Peinture et l'avant‐garde à la fois. [...]
[...] Le médium de la peinture, c'est la surface et la couleur ; le reste n'appartient pas à la peinture (le relief appartient à la sculpture, la figure appartient au monde réel, la narration appartient à la littérature) . Une œuvre vraiment moderniste est une œuvre qui affirme son médium dans toute sa pureté : le moyen d'expression devient la fin, le but de l'expression . Or il est évident pour Greenberg que l'œuvre de Pollock, dans ce sens, est une affirmation moderniste de son médium . [...]
[...] Par bien des aspects, cette idéologie est revivifiée, réactualisée en 1945 : il y a un parallélisme avec la situation des artistes autour de la 1ère guerre mondiale : même sentiment de crise dû à la guerre avec les mêmes réactions violentes (le dadaïsme en 18, tous les mouvements post‐dada après 45) ; même anarchisme, gauchisme ou communisme ultra‐majoritaire chez les artistes ; même volonté de fonder des mouvements, de lancer des manifestes, tous plus violents et définitifs les uns que les autres ; même volonté enfin de s'en prendre à l'art académique, de brûler les musées etc . D'autre part, entre l'art avant 45 et l'art après 45, il y a certaines ruptures importantes . [...]
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